Au creux de la nuit qui tombe avant 18h, une lumière persiste. Celle d’un feu qui refuse de s’éteindre car il reste encore des braises au coeur des cendres. « A Fire Within », deuxième album de KILL THE PRINCESS, sort le 21 novembre pour réchauffer les cœurs et mettre la colère féministe en musique.
Composé d’Ornella Roccia (guitare, chant), Céline Vannier (basse), Émilie Poncheele (guitare) et Eva Heinrich (batterie), KILL THE PRINCESS part du constat que les femmes sont encore trop rares dans le paysage musical rock et metal. L’injustice de la situation et la rage guident alors les compositions du groupe, fortement imprégnées de militantisme féministe, de thématiques queer et d’inspirations musicales multiples. Quoi de mieux que l’attitude queer de Lady Gaga, quelques mélodies presque pop, des riffs de guitare et un peu de scream metal pour porter les combats de toute une génération ?
Dès "Bury The Castles", premier titre de l’album, le ton est donné : on avance bien mieux en tant que femme, une fois qu’on s’est détachée du scénario selon lequel on est une princesse vulnérable qui a besoin d’être sauvée. Brûler le château narratif dans lequel on croit vivre depuis qu’on nous (se) raconte des contes de fées est une étape complexe mais salvatrice. Dès ce titre, on saisit l’importance capitale des textes de KILL THE PRINCESS. La voix androgyne d’Ornella Roccia se fait porteuse à la fois des émotions auxquelles sont confrontées les femmes mais aussi de celles d’une partie de la communauté queer dont il est question dans "The Outsider".
"Your Denial" et "Glass Ceiling" abordent des thèmes et des problématiques auxquelles nous avons toutes déjà été confrontées. Mesdames, pensez à toutes ces fois où vous avez tenté d’expliquer à votre père, frère, meilleur ami ou encore à une personne rencontrée dans un bar ou une salle de concert, en quoi votre quotidien est différent de celui des hommes. Pensez à ce moment où, après votre troisième ou quatrième phrase, votre interlocuteur s’est soudainement drapé dans un lourd manteau de déni à base de « not all men ». La rage qui vous a instantanément envahie à l’instant où votre espoir de rallier une nouvelle personne à votre cause s’est évanoui, est le point de départ de "Your Denial". C’est la colère qui se transforme soudain en brasier mais qui ne peut s’exprimer pleinement, sous peine d’être considérée comme l’expression d’une incontrôlable hystérie. "Glass Ceiling" aborde quant à lui le plafond de verre et la désillusion qui s’empare de chaque personne réalisant qu’elle ne pourra le franchir qu’au prix d’un miracle.
Vous pensiez avoir cerné le style de KILL THE PRINCESS ? Qu’à cela ne tienne. Le groupe a encore quelques surprises à dévoiler comme le très beau "Equality In Xtasy" qui flirte avec le metal industriel et l’électro pure pour donner à entendre une façon d’atteindre l’égalité entre les genres dans le plaisir partagé. Principalement tourné vers la force, l’album recèle toutefois le très beau "Dice Roll" touchant de vulnérabilité face au sort ainsi que le titre "Under The Water" qui offre une conclusion d’une douceur saisissante aux quelques trente-huit minutes qui viennent de s’écouler.
« A Fire Within » est fait pour les militantes féministes qui saturent du quotidien, celles qui y consacrent leur vie et celles qui le font occasionnellement, dans la rue, en manifestation, auprès de leurs proches, et qui veulent se sentir comprises dans leur dépit et leur questionnement sur l’utilité de ces combats. La beauté et la justesse des textes n’a d’égale que la force du feu militant et la soif de justice qu’ils ravivent.