
Devenu une véritable figure de proue du hardcore américain, le groupe STRAY FROM THE PATH a fait l’annonce de ses adieux début 2025, offrant au passage un dernier disque, « Clockworked », pour ravir une dernière fois ses fans. Choqués et un peu déçus de cette séparation, c’est avec un soulagement non dissimulé que nous avons appris la venue en France du quartette pour un dernier tour de piste, à Lille, Paris, Toulouse et Grenoble. C’est donc accompagné d’une partie de sa relève que le groupe new-yorkais revient nous éclater les dents une dernière fois.

Première formation à assurer cette relève, CALVA LOUISE est le petit joker de cette programmation très portée sur le hardcore. La formation internationale propose en effet un mélange survitaminé de hardcore, de metal, de pop et de musique électronique. Le public est déjà dense, et si les coreux purs et durs font un peu la tête, on aperçoit des sourires se dessiner sur les visages des curieux. Le groupe envoie son metal mélodique avec énergie, la chanteuse Jess Allanic enchaînant la guitare et les claviers avec une fluidité folle, et échangeant au chant avec le bassiste Alizon Taho, pendant que le batteur Ben Parker garde le tout sur les rails avec un rythme millimétré. Le groupe échange bien avec le public, prenant même le temps de faire un hommage aux victimes du Bataclan avant "Hate In Me", la terrible attaque ayant eu lieu 10 ans jour pour jour avant ce concert. L’hommage est apprécié par le public épris de liberté et de musique, et c’est donc sous une véritable ovation que CALVA LOUISE finit son set.

Le groupe de metalcore teinté de nu-metal GRAPHIC NATURE prend assez vite la suite dans une ambiance sombre et des lumières très froides. Forts de deux albums encensés par la critique, les anglais lancent donc déjà les premiers mosh-pits d’une longue série, dans un enchaînement assez équilibré de titres de « A Mind Waiting To Die » et de « Who Are You When No One Is Watching? ». La faveur du public semble cependant aller pour le premier, comme le révèle la lame de fond "Killing Floor", emportant tout sur son passage. Bien qu’on ait que très peu de temps pour en juger, on remarque déjà que le frontman Harvey Freeman a tout ce qu’il faut pour emporter les foules, flanqué d’un groupe impressionnant de puissance et de régularité. C’est donc tout naturellement qu’eux aussi repartent avec les faveurs du public français, qui a peut-être trouvé ce soir la nouvelle pépite "made in England" !

Vient ensuite le tour des Australiens ALPHA WOLF de prendre le contrôle de l’Elysée Montmartre pour mettre tout le monde en jambe avant le séisme STRAY FROM THE PATH que tout le monde attend déjà impatiemment. Beaucoup plus proche du hardcore beatdown, le groupe envoie du bois dès les premières notes, et si au début on entre dans le jeu (le temps de prendre deux ou trois claques), on remarque assez vite que les riffs se suivent et se ressemblent un peu. L’ambiance, cependant, est au rendez-vous ! De l’aveu des Australiens, la date est probablement la meilleure de la tournée en termes d’ambiance (en tout cas jusque-là, car on sait que Toulouse et Grenoble ont dû faire bouger les choses) ! C’est donc sans être forcément très convaincu par la musique, mais charmé par l’ambiance que je me pose pour attendre le grand final.

Après presque 25 ans de carrière, STRAY FROM THE PATH a explosé en popularité ces dernières années, notamment grâce à des tournées avec BEARTOOTH, SPIRITBOX, MOTIONLESS IN WHITE ou encore MAKE THEM SUFFER. C’est donc devant un public arborant les t-shirts de tous ces groupes que Anthony Altamura, Craig Reynolds, Drew Dijorio et Thomas Williams montent sur scène, triomphants. Sans qu’on puisse s’y préparer, on prend "Kubrick Stare" en pleine poire, et quelques personnes au passage. Les moshs s’enchaînent au rythme du flow ininterrompu de Drew, hurlant les backs comme à un concert de rap. Les paroles engagées du groupe trouvent un écho particulier dans le public de ce soir, notamment lorsque Drew s’époumonne sur "Fuck Them All To Hell" après avoir encouragé le public parisien à battre Lille, sur lequel (selon lui) il y avait eu plus de 100 slammeurs ! Et vu le monde qui s’élance vers la scène avant de se jeter dans le public, on n’a pas dû être très loin de leur score ! Les deux derniers albums du groupe sont à l’honneur, plus d’actualité que jamais, à l’image de "Can I Get Your Autograph?", missile métaphorique à peine dissimulé pour David Draiman de DISTURBED.
Les anciens albums ont droit également à quelques extraits, comme "Goodnight Alt-Right" et "First World Problem Child" avant un final d’anthologie sur le classique "Fortune Teller". Dans une scénographie simpliste (seulement un backdrop et des lumières fournies par la salle), sans se prendre la tête, et en étant eux-même du début à la fin, les membres de STRAY FROM THE PATH ont donc offert un concert aussi court que puissant à un public parisien qui n’attendait que ça, et si on sent que pour certains (comme Thomas Williams que nous avions interviewé il y a quelques mois), c’est vraiment la fin, d’autres comme Drew Dijorio et Anthony Altamura semblent vouloir continuer la musique d’une autre manière. Affaire à suivre, donc...
Photos © Benjamin Delacoux - Portfolio
