22 novembre 2025, 23:59

APOCALYPSE METAL FEST 2025

@ Le Havre (Le Tétris)


Le 22 novembre se tenait l'Apocalypse Metal Fest. A l’occasion de cette nouvelle édition, HARD FORCE a été convié. Que vaut ce festival dont le nom nous promet l’apocalypse ? Va-t-il attirer du public ? Certains disent que les événements grands publics onéreux comme le Hellfest détournent les amateurs de metal des festivals plus modestes. Il faut dire que si l'on crame ses économies de l'année pour se payer un séjour à Clisson, on a légitimement peu envie d'aller en festival le week-end. Bref, le public sera-t-il là en ce froid samedi de novembre ?

13h00. Arrivée sur les lieux. Les hostilités musicales n'ont pas commencées mais une première remarque s'impose : le site est très agréable. Localisé sur les hauteurs du Havre, l'Apocalypse Metal Fest se déroule dans le Fort de Tourneville, une ancienne bâtisse militaire qui abrite depuis quelques années maintenant tout un collectif culturel et artistique. Sur les murs intérieurs du vieux bâtiment on peut voir ci et là des tags, faits par des adolescents qui sont sûrement aujourd'hui des adultes responsables. Dans cet enclos se tient la salle, nommée le Tétris. Il s'agit d'une maison de la jeunesse et de la culture comme on en voit encore parfois en banlieue et province. Un bar/restaurant peut accueillir les gourmands, ainsi qu’une camionnette extérieure spécialisée dans la street food. L'équipe est chaleureuse, l'accueil est amical. A quelques dizaines de mètres du Tétris, un petit marché couvert dédié au metal et à son univers. Il s’agit de l’Apocalypse Market, situé dans la Halle du fort. Des artisans, luthiers et disquaires se côtoient et proposent de quoi satisfaire les pulsions consuméristes du métalleux standard. A ma grande surprise on ne trouve pas que du metal chez les disquaires. Deux vinyles de SEXY SUSHI qui manquent à ma collection me font de l’œil. Je craque et fais chauffer la carte. Trêve de plaisanteries, nous ne sommes pas là pour discuter emplettes mais pour prendre une bonne grosse dose de metal extrême. Allons de ce pas à la salle...


14h30, EVOLUTION ZERO entre en scène. Ces derniers sont les gagnants régionaux d'un tremplin organisé quelques semaines auparavant par les organisateurs du festival. La salle est dans le noir et un sample industriel/symphonique est diffusé. Avec ce genre d’introduction, je m'attendais à voir sur scène des allemands de cuir vêtu. Et non, t-shirt noirs et physique de brutes : nous sommes en présence d'un thrash/death metal carré, catchy et totalement taillé pour le live. Porté par une chanteuse charismatique doté un growl corrosif, EVOLUTION ZERO nous offre une véritable agression sonore. On peut avoir le sentiment d'écouter une version sous stéroïdes d'AKIAVEL, une sorte de monstre hybride né de l'union obscène d'ABORTED et ARCH ENEMY. Le public, d'abord clairsemé, se montre réceptif à la performance du groupe. La salle se remplit à mesure que le groupe délivre des compositions tranchantes. Le tempo ralentit avec le titre "Toxic Friend". La lourdeur est contagieuse et entraîne les premiers headbangs de la journée. Pire encore, la formation parvient à lancer un wall-of-death alors qu'il est à peine 15h00 ! (On me souffle « 15h03 » dans l'oreillette). D'une manière générale, c'est sur les passages les plus lourds qu'EVOLUTION ZERO est le plus performant (certaines accélérations thrash/death étant assez convenues). C'est globalement un bon set et EVOLUTION ZERO assure une ouverture crédible. La formation donne le sentiment d'être encore jeune et, même si on peut lui reprocher un manque de personnalité, on doit admettre qu'elle possède une réelle dextérité. A suivre donc.


A peine le temps de se rafraîchir le gosier au bar et de retourner s'acheter cette fois un vieux CD d’ABORTED au market, qu'il est temps pour le second groupe de l'après-midi de monter sur scène. La formation que nous allons découvrir est cette fois-ci la gagnante nationale du tremplin organisé par l’Apocalypse Metal Fest. Il est 15h40. NECROSCUM, sur fond de clavecin et de chant lyrique, entre en scène. Malgré ce que laissait présager son introduction, le groupe n'a aucune exubérance gothique. La musique est un death chirurgical bête et méchant. Que l'on ne s'y méprenne pas, ce qualificatif n'a rien de péjoratif. NECROSCUM vise avant tout l'efficacité et force est d’admettre que cet objectif est rempli puisque des pogos apparaissent dès le deuxième titre. Le point fort du groupe - outre la mise en place et la capacité générale a bien occuper l’espace - tient au charisme du chanteur. Son énergie et la touche de théâtralité qu'il assume ne sont pas sans rappeler celui du hurleur de CARACH ANGREN (le corpse paint en moins). L'équilibre entre sérieux et humour est bien dosé (je n'ai jamais entendu un chanteur demander au public de faire le circle-pit le plus lent possible). Certains morceaux, dont les structures sont particulièrement complexes, s’avèrent très intéressants. Je pense notamment à "Keter" qui enchaîne les breaks et nous offre six minutes de bordel organisé. NECROSCUM fait partie de ce genre de groupes qu'il faut avoir l'occasion de réécouter une plusieurs fois pour bien tout saisir. Un bémol toutefois : le son est quelque peu brouillon, ce qui empêche de bien toujours comprendre tous les riffs et subtilités. A plusieurs reprises des fréquences basses envahissantes nuisent l'équilibre du mixage. Il aurait été plus agréable de mieux entendre la guitare. Bref, un deuxième concert de qualité mais qui aurait pu être meilleur avec un réglage plus précis.


16h50. FATAL est le troisième groupe de la soirée. Les gars opèrent dans un registre death metal, avec en plus un feeling grindcore pas désagréable. Beaucoup de blasts et de tapis de double pédale sont au rendez-vous. Les riffs sont rapides et méchants. « Soyons vivants ! » hurle le chanteur entre deux chansons. Soyons vivants oui ! Vivants pour pouvoir vociférer à en réveiller les morts ! Le groupe tabasse vraiment. De sympathiques solos mélodiques ou dissonants ponctuent les chansons dans une pure veine thrash. On est clairement  en présence d'un groupe qui aime le metal extrême old-shcool et qui en recopie les codes de manière lucide pour produire une musique redoutable. Curieusement le public bouge un peu moins que lors du précédent set alors que la musique s'y prête davantage. Même si le style est violent, le groove prédomine et ce n'est pas un excellent titre comme "Zong Ma Unit" qui me fera dire le contraire. Certains refrains sont très accrocheurs et on se surprend à comprendre ce que hurle le chanteur, le groupe s'exprimant parfois dans la langue de J-B Poquelin (a.k.a Molière ou "Momo" pour les intimes). "Epuration" est un titre excellent, qui alterne passages mid-tempo et violentes accélérations. C’est précis et témoigne d’un vrai savoir-faire. Vers la fin de son concert, FATAL dédie même un morceau aux amateurs de viande présents dans l’assemblée. Nous sommes sur du metal qui tâche (mince ! Ils ont dégueulassé ma veste). Les titres "Appétence" et "Fascination" sont des hymnes dédiées à la brutalité. A plusieurs reprises, je me fais la remarque que le groupe sonne un peu comme PSYCROPTIC dans sa période « Symbols Of Failure ». Un feeling KRONOS est également identifiable. En résumé, si vous aimez le thrash/death metal technique et groovy, allez écouter FATAL.


18h00. Changement de registre avec PRIMAL AGE, qui fête cette année ses 30 ans de carrière. J'avais déjà eu l'opportunité de les voir au festival Metal du Forgeron en 2019. Mais qu’étaient-ils devenus depuis ? Eh bien mes amis, les coreux, à l'image du bon vin de notre terroir, vieillissent bien. Il faut dire que l'équipe a quelque peu rajeuni. Preuve en est ce nouveau batteur au jeu fougueux (il me confiera plus tard qu'il est dans le groupe que de depuis janvier ; autant dire qu'il s'est très bien intégré en si peu de temps). L'ensemble est on ne peut plus carré. Les musiciens bougent malgré la complexité de certaines rythmiques dont l'exécution demande un sacré coup de poignet. PRIMAL AGE enchaîne sans répit les titres "The Devil Is Hidden In Shadow", "My Dear Freedom", "Passion vs. Fashion", "Voiceless Ones"... Ce qui est plaisant avec PRIMAL AGE c'est l'équilibre entre l'efficacité et la mélodie. Comprenons-nous bien, ce n'est pas un groupe mélodique au sens propre du terme. Ici, pas de riche travail harmonique et d’envolées magistrales. Il n'en demeure pas moins qu'ils parviennent souvent à disséminer entre deux mosh-parts, des petites mélodies de guitare à la fois simples et entêtantes. D'ailleurs, de nombreux riffs ont une coloration SLAYER pas déplaisante. Cette date est la dernière de leur tournée et ça se voit car le concert est irréprochable. L'énergie est communicative et les musiciens arrivent à faire sauter le public en rythme avec eux. Fait amusant, le groupe dédie son dernier morceau aux adeptes du véganisme. S'agit-il d'une réponse à FATAL et de leur intervention qui s'adressait, non sans connivence, aux viandards ? Nul ne le sait (mais j'ai ma petite opinion).


19h15. Vient le tour de DALI, anciennement THE DALI THUNDERING CONCEPT, qui proposait à l'époque un djent bien léché. La seule fois où je les avais vus sur scène était également au Metal du Forgeron évoqué plus haut. Je n'avais pas entendu parler d'eux depuis et ne savais pas trop à quoi m'attendre. Malgré un changement de nom, la musique reste fondamentalement la même. Beaucoup de tapping, de mosh-part et de signatures rythmiques improbables. Rajoutons à ce tableau un chanteur qui alterne les screams et les phrasés hip-hop, des plans électroniques et quelques blast bien sentis, et nous avons un produit taillé pour les amateurs de BORN OF OSIRIS, TEN56. ou encore MESHUGGAH. DALI nous offre des nouveaux titres ("Teargas", "Business as Usual", "Enter The Limbo" et "Greenwash Me") et je suis obligé d'admettre que je suis assez convaincu. Les compositions restent bien alambiquées mais quelque chose de fluide s'en dégage. Le chanteur demande à voir des pieds dans les gencives. A peine la requête est-elle faite que le vœu est exaucé : des agités se remuent dans la fosse (Monsieur, je vous prie de bien vouloir retirer votre talon de ma bouche). Le set de DALI s'est même vu ponctué d'une magnifique cascade, le chanteur ayant transpercé un des promontoires sur lequel il était monté. De toute évidence, le groupe est un peu à part par rapport au reste de la programmation mais le concert bien rodé, entraîne l'adhésion des spectateurs. La majorité des titres comporte des propositions musicales très fortes. Nous sommes obligés de saluer l'important travail des samples, ainsi que l’effort porté au développement des ambiances. Conclusion : le DALI de 2025 mérite sérieusement qu'on lui accorde une oreille. Ce bon vieux Salvador n’a pas à rougir que son nom soit emprunté par nos "djenteux".


20H40. La première tête d'affiche de la soirée s'apprête à fouler la scène. Il s'agit des Athéniens SEPTICFLESH. Ne les ayant jamais vus en live, je ne sais pas trop à quoi m'attendre. Ils font - avec DIMMU BORGIR, BEHEMOTH et FLESHGOD APOCALYPSE - partie des groupes dont la musique est suffisamment violente pour être étiquetée d'extrême, tout en assumant par ailleurs une volonté de proposer des éléments orchestraux symphoniques. Que retenir de ce concert ? Eh bien, la réponse est simple : SEPTICFLESH délivre un set écrasant, combine des riffs death metal très lourds (à plusieurs reprises les guitares me font penser à MORBID ANGEL) et des moments plus mélodiques. Des mélodies souvent avec une vibration orientale, si ce n'est mystique...

Avec SEPTICFLESH on entre dans le temple, on franchit le seuil de l'enclos divin, on touche du doigt le sacré ancestral. Factuellement, le groupe est plutôt statique mais il n’en est pas moins imposant. On note seulement quelques headbangs synchronisés qui accompagnent de furieux blasts. Un adjectif me vient à l’esprit : les Grecs dégagent quelque chose de "pharaonique". Il va falloir prendre des cours de géographie les gars, car Périclès et Cléopâtre c’est pas le même monde ! Je suis impressionné par le growl de Spiros qui n’est pas sans évoquer celui de Ross Dolan d'IMMOLATION. La formation enchaîne de manière vigoureuse les morceaux "Neuromancer", "The Vampire From Nazareth", "Hierophant" et "Coming Storm". Le travail sur les ambiances est soigné, les musiciens quittant régulièrement la scène lors des samples de transition histoire de vérifier leur accordage ou un peu se désaltérer. On regrette cependant l'absence de Sotiris Vayenas dont la voix est un élément essentiel de l'identité du groupe. Nombreux fans étaient ravis que la formation joue "Anubis", mais le fait que le chant clair soit samplé peut légitimement décevoir. A l’arrivée, l'ensemble est d'une grande qualité et le public est ravi. Que demande le peuple ?


22h20. Un important changement de registre s'opère puisque nous quittons les atmosphères mystiques des Athéniens pour accueillir les Anglais NAPALM DEATH. Est-il encore besoin de les présenter ? Fondé au début des années 80, NAPALM DEATH est l'un des pionniers du grindcore. C'est l'expressivité véhémente du prolétariat britannique qui s'incarne dans un chaos sonore et scénique. Dès le début de set un détail interpelle, que dis-je ?, un détail inquiète tous les fans présents. Shane Embury - le bassiste historique du groupe - est absent. Barney Greenway ne donnera pas de précisions, si ce n'est que son remplaçant (plus jeune) s'appelle Adam Clarkson (CERCARIA, CORRUPT MORAL ALTAR...) et se montre impliqué et investi. NAPALM DEATH enchaîne les classiques, notamment "Scum", "Suffer The Children", "Silence Is Deafening"... Certains titres récents eu égard à la longévité de sa carrière détonnent en raison des variations stylistiques proposées. Ainsi "Amoral" nous surprend avec un riff hypnotique qui n'est pas sans rappeler un bon vieux KILLING JOKE. Mine de rien, les bouchers de Birmingham savent aérer leur set. Une personne derrière moi se plaint de la longueur des discours de Barney qui, entre les titres, s'engage dans quelques diatribes dans lesquelles il s'en prend aux religions et, plus largement, aux différents systèmes de domination. Eh oui ! C’est ça NAPALM DEATH ! Ce n’est pas qu’un groupe venu pour faire de la musique mais ce sont aussi des individus qui assument une attitude militante. Malgré ces considérations politiques auxquelles chacun est libre ou non d’adhérer, c'est une atmosphère de joie qui règne. Nombreux sont les slammers et le groupe semble se réjouir du fait que la scène soit prise d'assaut par les fans. Le concert s'achève sur la reprise des DEAD KENNEDYS "Nazi Punk, Fuck Off" dont le refrain est repris en chœur par un public qui ne boude pas son plaisir de cracher sur des néo-nazis.


23H50. Après la déferlante NAPALM DEATH, il fallait clore les festivités sur une note bon enfant et légère. Soyons clairs : nous ne sommes pas sur une fin de soirée musette/guinguette mais plutôt sur un revival thrash, une madeleine de Proust dédiée au metal des années 80 (en vérité je n’étais pas né, mais il paraît que cette période était pas mal ; du moins c’est mon Grand-Père qui le dit).
TRIBUTE TO THRASH ("T.T.T" pour les intimes) joue ce soir à la maison pour nous régaler des classiques du thrash. Groupe de reprise, la bande à Stéphane Buriez revisite les classiques du genre. Ils ouvrent le bal avec "Hit The Light" de METALLICA et "Black Metal" de VENOM, puis enchaînent les singles qui nous replongent dans l'âge d'or du thrash. TRIBUTE TO THRASH est donc un groupe sans prétention et sa musique est diablement efficace. Le groupe joue bien. Il faut dire que le line-up est composé de musiciens confirmés, entre autres, des membres de LOUBLAST, AGRESSOR, ADX et EVIL ONE. Durant le concert Stéphane Buriez évoque NOMED, groupe de thrash du Havre dont la fin d'activité a donné naissance à FATAL. Pour rappel, NOMED s'est formé la même année que LOUDBLAST avec qui il a partagé la scène à plusieurs occasions. Le temps passe, mais la passion reste. C’est bien l’essentiel.


Vient l'heure de conclure et de répondre à notre interrogation initiale : non, les événements comme le Hellfest n'empêchent pas le public de se réunir en province pour apprécier la musique extrême. En effet, plus de 800 personnes se sont présentées au festival, ce qui est un très beau résultat et la récompense d’une logistique et programmation de qualité. Comment expliquer un tel succès ? Une hypothèse fort plausible consisterait à évoquer l'ancrage de l'organisation de l'Apocalypse Metal Fest dans la vie culturelle du Havre. Outre l'organisation de concerts, ces passionnés s'occupent d'une émission de metal nommée "Full Metal Radio" sur Ouest-Track Radio, qui a été fondée en même temps que le Tétris par l'association Papa's Production. Seconde hypothèse d'explication : l'événement fonctionne car les bénévoles et techniciens de l'organisation, avec en figure de proue Cédric Hericher, créateur et organisateur du festival, sont eux-mêmes en grande partie des musiciens de la scène du Havre. De ce fait, ils sont pleinement conscients des exigences et impératifs que réclament l'organisation d'un événement de ce genre. La communication autour de l'événement est donc très bonne et menée de main de maître par tous ses membres actifs... Il ne reste qu’une chose à dire : bravo et à l'année prochaine !
Cris Red.

Photos © Benjamin Delacoux.


© Benjamin Delacoux | HARD FORCE

Blogger : Benjamin Delacoux
Au sujet de l'auteur
Benjamin Delacoux
Guitariste/chanteur depuis 1991, passionné de musique, entré dans les médias à partir de 2013, grand amateur de metal en tous genres, Benjamin Delacoux a rejoint l'équipe de HARD FORCE après avoir été l'invité du programme "meet & greet" avec UGLY KID JOE dans MetalXS. Depuis, il est sur tous les fronts, dans les pits photo avec ses boîtiers, en face à face en interview avec les musiciens, et à l'antenne de Heavy1, dont l'émission MYBAND consacrée aux groupes indépendants et autoproduits.
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