La dernière venue de KATATONIA à Paris remonte à février 2023 et, à l’époque, le groupe suédois s’était quelque peu fait voler la vedette par l’autre participant à cette double affiche, SÓLSTAFIR, aidé il est vrai par une musique moins froide et plus empathique.
Un nouvel album sous le bras, « Nightmares As Extensions Of The Waking State », bien dans la tradition mélancolique scandinave et sorti en juin dernier, ils reviennent donc en force avec pas moins de deux premières parties, KLOGR et EVERGREY.
Pas grand-chose à dire de KLOGR. Les Italiens proposent durant une demi-heure leur metal progressif/industriel mais que nous trouvons totalement passe-partout et sans éclat. Ils bénéficient cependant de bonnes conditions sonores et lumineuses, et repartent sous les applaudissements du public, déjà bien fourni.
Le niveau monte d’un ton lors de la prestation d’EVERGREY qui, lui, dispose de 45 minutes. De quoi pouvoir proposer une bonne demi-douzaine de titres, que les Suédois abordent en ordre chronologique, les plus anciens d’abord, et jusqu’aux plus récents.
Tom S. Englund et ses copains abordent donc l’affaire avec le sérieux et puissant "A Silent Arc", avant de poursuivre avec "King Of Errors". Le son s’est soudain fait plus massif, et l’ingénieur en poste à la table de mixage sait adéquatement faire ressortir la guitare de Henrik Danhage lorsqu’il part en solo, à chaque fois un délice auditif.

Englund a l’air content d’être là, puisqu’il nous apostrophe en nous appelant « mes amis », en français, et précise, pour ceux qui se seraient égarés, qu’ils sont en train d’assister à un concert d’EVERGREY. Et de poursuivre avec le plus introspectif "Distance".
Ce n’est qu’après "Where August Mourn" que la formation commence à défendre son dernier album, via deux sélections de bon aloi, "Cold Dreams" et ce qui ressemble presque à un tube, "Falling From The Sun".
Pour finir, les Suédois nous invitent à découvrir un inédit qui figurera sur le prochain album (et qui fait déjà l’objet d’une vidéo hélas très pénible à regarder), "Oxygen!". Un morceau sympa, auquel le public accroche tout de suite, à tel point qu’il ne se fait pas prier pour reprendre les « wo wo wo » et le clap des mains réclamés par les musiciens. Voici ce qu’on appelle une première partie efficace !

KATATONIA, sur disque comme en concert, c’est toujours une ambiance bien particulière, froide, distante, mais non dénuée de charme, sinon nous ne serions pas là pour en parler. Visuellement, cela se traduit ce soir par de très jolis éclairages, comportant des rampes verticales et deux écrans (déjà utilisés auparavant par EVERGREY et KLOGR), parfois les seuls équipements à illuminer la scène. Sinon, les musiciens sont en permanence éclairés par derrière, ce qui ne facilite pas du tout le travail des photographes et de nos pupilles. A vrai dire, étant nous-mêmes placés au fond de la salle (et, au Trabendo, ce n’est pas vraiment loin), nous ne verrons jamais le visage des performeurs...

Mais ce qui compte avant tout, c’est la musique, et elle se montre ce soir de qualité. Même s’il n’est très simple d’entrer immédiatement dans le concert, "Thrice", qui ouvre également « Nighmares... » étant tout sauf une comptine qu’on sifflote sous la douche. C’est d’ailleurs ce mercredi le festival des rythmiques atypiques à gogo, des changements de mesure inattendus, le batteur, Daniel Moilanen, livrant une performance littéralement dingue.
Le chanteur, et seul membre fondateur encore en activité, Jonas Renkse, se montre moins exubérant, lâchant quelques rares commentaires peu inspirés (« vous êtes prêts, vous êtes sûrs ? ») ou énigmatiques (« nous sommes mercredi, en Suède, c’est le petit samedi ») entre les morceaux. Mais, c’est l’essentiel, apportant aux titres sa voix suintant le spleen à plein tonneaux.

Après "Soil’s Song", la nouveauté "The Liquid Eye", "Austerity" et "Rein", le riff de "Leaders" est accueilli par des « yeah » appréciatifs de la foule, qui remplit désormais le Trabendo.
"Dead Letters", qui suit, se révèle plus heavy, mais sans doute pas assez pour Renkse, qui nous prévient que le morceau suivant va vraiment être plus costaud. Et c’est parti pour "Nephilim", effectivement pas de la dentelle. Les claviers et les boucles apportent cependant un peu plus de légèreté bienvenue dans les saturations, comme au début de "The Longest Year" ou sur le très mélancolique "Old Heart Falls".
La dernière chanson du concert est aussi celle qui clôt l’album « Nightmares... », "In The Event Of", alias le parfait résumé de la soirée : des passages calmes, d’autres plus musclés, une voix chargée d’émotion... et des lumières plein la figure des spectateurs !
Un seul rappel au menu, pour conclure 1h25 sur les planches : l’ancien "Forsaker", toujours aussi efficace.
Résultat des courses : KATATONIA a fait du KATATONIA, sans chichis ni fioritures, les fans repartent ravis, les amateurs de glam, s’il y en avait, un peu moins...