23 décembre 2025, 18:00

LABELS ET LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 98

Blogger : Clément
par Clément


A l'approche des premiers frimas hivernaux, vos trois serviteurs du côté obscur de la force ont une nouvelle fois convié à la noce le meilleur du metal qui tâche. Clément est resté dans le death et le black metal qui tâche pour chercher l'inspiration et préparer sa tournée de mandales annuelle à destination des vilains marmots. Aude s'est, elle, une fois de plus aventurée en eaux troubles avec une livraison de black metal et riche en frissons. Quant à Crapulax, ce dernier n'est pas en reste puisqu'il s'est aventuré dans les tourments de l'Enfer pour proposer une sélection de thrash et de death metal burné avec notamment le retour des vétérans MEZZROW. Voilà donc un programme réjouissant pour s'envoyer une bonne rasade de metal qui sent sous les aisselles avant de boucler une année 2025, une nouvelle fois riche en décibels !
 

MEZZROW : « Embrace The Awakening » (ROAR)

Après ce qu'il convient d'appeler un court hiatus de plusieurs décennies (le groupe avait sorti son premier album en 1990 avant de disparaître des radars jusqu'en 2022...) et un album réunion nommé « Summon Thy Demons » scellant le début d'une nouvelle ère, les thrashers suédois sont ressortis de cette passe revigorés, plus encore par les récents concerts donnés. En témoigne leur reprise de GHOST ("Ritual") plutôt bien accueillie, 4 autres singles édités en 2025 et cette troisième réalisation studio débordante d'énergie. Mais c'est qu'ils ont la foforme des pépères !
On se sent d'ailleurs agréablement surpris devant tant de bonnes choses de la part d'un outsider car en dépit d'un côté évidemment old-school voulu par MEZZROW (aucun effet studio sur la voix ou les guitares, c'est assez rare pour être souligné), les riffs sont globalement plutôt bons ("The Moment To Arise"), les parties solo techniques et solides quant à la vitesse des rythmiques, elles se trouvent souvent élevées ("Inside The Burning Twilight").
Cet « Embrace The Awakening » marque un retour en grâce inattendu de MEZZROW avec un petit quelque chose de fort savoureux.
(Crapulax)


CRYOXYD : « This World We Live In » (Dolorem Records)

A l'image des Américains GRUESOME, les Français CRYOXYD semblent vouloir perpétuer à leur tour l'immense héritage laissé par le guitariste chanteur Chuck Schuldiner, décédé bien trop tôt d'un cancer le 13 décembre 2001. On retrouve en effet sur de nombreux titres comme les excellents "Day After Day" ou "Injected Minds" l'empreinte caractéristique de DEATH : la diction particulière de Chuck, les gimmicks des guitares, des passages à la basse fretless comme celles de Steve DiGiorgio sur les albums « Human » (1991) et « Individual Thought Patterns » (1993) et même quelques échos du maître dans les parties solo (l'instrumental "Effigy Of The Unknown").
Largement de quoi se réjouir donc, non seulement d'avoir des compatriotes au niveau attendu (il est vrai que compter le talentueux bassiste Pascal Mulot dans ses rangs sur plusieurs titres, ça aide un peu...) mais aussi d'entendre sur ce premier album ces profondes marques de respect et une passion des musiciens envers le death metal qui font chaud au cœur.
De quoi avoir la larme à l’œil tellement que c'est beau et clôturer cette chronique en se mouchant bien fort dans un bruit discourtois mais qui en dit long sur l'émotion ressentie.
(Crapulax)


MALEPESTE : « Ex-Nihilo » (Les Acteurs de l’Ombre Productions)

Troisième album pour les Français MALEPESTE, « Ex-Nihilo » semble tout droit sortir du chaos, explorant chacun de ses recoins pour y trouver la force de la Vie. Avec leur black metal ritualiste, incantatoire, brutal mais saisissant, les Lyonnais nous plongent froidement dans l’occulte.
Des confins bouillonnants de "Ab Chaos", dissonant et hypnotique aux mélodies atmosphériques de "Relapsus", lourd et habité, les six titres proposés s’enchaînent fluidement au gré d’un metal transcendant, surmonté de vocaux hurlés ou clairs, de passages parlés et surtout d’une richesse dans la composition qui rend chaque écoute plus profonde.
MALEPESTE sort des sentiers battus et ose axer son black metal sur une puissance obscure, pas forcément intuitive mais terriblement efficace. Le groupe est sur album comme sur scène, enrobé d’une réelle aura et plein d’une énergie viscérale qui réussit à emmener son public avec lui.
Les mots ne sont ici pas suffisants pour décrire le vrai contenu musical et textuel de « Ex-Nihilo », le mieux étant d’y jeter une oreille, attentive, pour y puiser toutes les nuances. Ce qui est sûr, c’est que MALEPESTE mérite cette attention. A écouter sans modération.
(Aude Paquot)


OLDE THRONE : « Megalith » (Avantgarde Music)

OLDE THRONE est un trio néo-zélandais mais aux larges influences écossaises où a séjourné son leader, Harrison McKenzie. Après deux albums plutôt orientés XVIIIe-XIVe siècles, « Megalith », comme son nom l’indique assez justement, se positionne dans la mythologie pré-celtique aux alentours de 10.000 avant notre ère.
Au-delà d’un black metal atmosphérique de qualité, on retrouve au gré des huit titres, des vocaux gutturaux, des flûtes folkloriques et des tambours tribaux. Plus qu’un enchaînement de morceaux dissociés, il s’agit plutôt d’une longue plage à écouter d’un seul tenant pour une expérience immersive, une plongée dans un monde ancestral, brut et authentique.
Toutefois, "Temple Of The Sky" sort du lot, avec une montée en puissance tout au long de la chanson, des lignes de chant black surmontées de chœurs féminins divins, de longs passages instrumentaux, des flûtes évocatrices, des effets sonores, des riffs puissants et des rythmes entraînants. C’est un titre fédérateur, comme le sont tout autant les mélodies heavy sur "Sceach Geal". De façon générale, « Megalith » regorge de passages qui captent notre attention et font en sorte qu’elle n’ait pas le temps de retomber.
OLDE THRONE nous offre tout simplement un voyage spatio-temporel dans lequel on se laisse facilement guider.
(Aude Paquot)


BINAH : « Ônkos » (Osmose Productions)

Mine de rien, le duo Anglais navigue dans les tréfonds du metal extrême depuis presque 15 ans. Après avoir lâché deux albums riches en sensations fortes, BINAH se fend à nouveau d’un long format qui ne laisse aucun doute quant à ses viles intentions. Affichant uniquement deux morceaux dont la durée moyenne tourne autour de vingt minutes, le bestiau a de quoi donner du fil à retordre avec son death metal maousse costo.
Parsemé de riffs dissonants en diable, il s’acoquine d’un maelström de trémolos du meilleur effet soutenu par des parties de batteries possédées. Un déluge de riffs et de breaks d'une délicieuse sauvagerie propre à mettre en PLS ceux qui se sont repus des derniers albums d’ATARAXY, BURIAL INVOCATION ou DESECRESY.
A l’instar de ses deux prédécesseurs, « Ônkos » avertit d'un danger imminent sur lequel les guitares, intenses et sauvages, tournoient, la basse y montrant aussi ses crocs, accompagnant sans jamais baisser la garde ce magma qui annihile toute forme de résistance. Il suffit de tendre l'oreille pour guetter ces changements de rythmes incessants, déroulant des tempos plus massifs avec un zeste de mélodies crépusculaires en bonus.
Doté d'une production énorme, peaufinée dans la moindre de ses tournures ainsi que d'un artwork énigmatique « Ônkos » se révèle comme une expérience ténébreuse du meilleur effet !
(Clément)


MARTRÖР: « Draumsýnir Eldsins » (Debemur Morti Productions)

Composé de deux membres ayant déjà bien traîné leur bosse dans les rangs de l'underground, Alex Poole et H.V. Lungdal, MARTRÖÐ est plutôt du genre expérimenté. Un simple coup d'œil au CV de chacun des protagonistes ne laisse que peu de doute quant à leur aptitude malfaisante. Aucun doute donc sur l’affiche proposée ici : épique, destructrice et insondable.
Avec ce premier essai de black vengeur dans leur besace, le duo américano-islandais propose ici une carte de visite aux allures de masterclass. Riffs dissonants, breaks hallucinés, climats hostiles, la recette est connue mais toujours aussi savoureuse. C'est donc les oreilles rougies par cette plongée en eaux troubles que l'on savoure en ligne de mire les quatre monstrueux missiles désignés pour faire monter la pression d'un cran tout du long de l’album.
Ceux-là même qui symbolisent toute la force du groupe, armé de ses crescendos maléfiques qui explosent en de somptueux assauts chaotiques répétés jusque dans les dernières secondes. Changements de rythmes, tempos plus massifs, suffocants qui se mêlent aux embardées fulgurantes et lacérant les esgourdes avec doigté : le compte est bon !
« Draumsýnir Eldsins » constitue une chorale funeste qui réclamera, même aux tympans les plus aguerris, de nombreuses écoutes attentives et prolongées pour en saisir toutes les subtilités... mais qui reste à coup sûr une obscure merveille qui ravira les amateurs du genre.
(Clément)

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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