Il est toujours intéressant de constater que la scène extrême française a son lot de groupes engagés et productifs. On vous a déjà parlé de NOIRSUAIRE et ce mystérieux projet mené avec poigne par N. revient en cette fin d’année lugubre avec cette fois-ci un premier album à l’envoûtant nom : « The Dragging Poison ». Si les EPs précédents ont déjà gagné la reconnaissance des fans de true-black metal, ces neuf nouveaux titres devraient encore davantage attiser le feu de la curiosité parmi les amateurs d’une musique incisive, authentique, dénuée de superficialité. Car c’est bien de cela dont il s’agit : NOIRSUAIRE propose un black metal underground, sans concession, autour du thème du vampirisme, comme l’indique son nom.
Après une intro qui campe directement l’atmosphère sombre qui va régner tout au long de l’album, "The Trance Of Endless Bones" nous projette dans un black metal brut, rapide aux vocaux glaçants. Le final incantatoire, ritualiste aux voix parlées donne une dimension solennelle à une musique des plus intransigeantes. Le hargneux "Fogged By The Leaves Of Pestilence" donne place aux lignes vocales de BST (SOTHERION) pour un titre puissant, violent même. "The Dragging Poison" et son riff répétitif se veut hypnotique et on se laisse facilement emporter par les rythmes blastés qui exercent une emprise démoniaque sur notre esprit déjà enclin à se laisser posséder par ce poison fourbe. L’excellent "Possessed By A Malignant Lust", riche et cadencé, vif et saisissant, fait la part belle à un black metal très old-school et efficace.
Quand on parle de saisissant, ce n’est rien à côté de l’interlude à l’orgue "Withering Veins" joué par le talentueux jeune Mildrac qui donne simplement des frissons. Majestueux et inspiré. "Enshrouded In Rabid Repugnance" nous percute donc de plein fouet avec ses guitares tranchantes et son rythme endiablé. Le très obscur et atmosphérique "Sworn By Sinister Wisdom" aux chants à la fois hurlés et parlés en début de morceau, nous enfonce dans une ambiance malsaine, comme si la mort véhiculée par le poison NOIRSUAIRE était inéluctable. Et c’est d’ailleurs la faucheuse "Noirsuaire" en personne qui vient nous cueillir pour un final chirurgical par lequel on se laisse happer, sans résistance, qui serait vaine de toute façon.
NOIRSUAIRE joue un black metal qui parle aux tripes. A la fois authentique et original, il y joint une imagerie et une atmosphère qui nous maintiennent aux aguets tout au long des morceaux de « The Dragging Poison ». Cet album placé au sein de l’écurie Osmose Productions ne dénotera pas, au contraire. Il se pourrait bien qu’il se place parmi les must d’une discographie triée sur le volet.