25 février 2013, 23:00

MARILLION

+ Aziz @Toulouse (Le Bikini)

J'avoue avoir suivi en pointillé la carrière de MARILLION depuis le départ de Fish... C'est vous dire si j'avais été un brin infidèle à sa musique pendant de nombreuses années. Aujourd'hui, je réussis à m'en vouloir d'être passé à côté de quelques pépites, mais l'avantage avec la musique, c'est que rien ne se perd. C'est donc à ma guise que je pouvais voyager à travers les différentes productions des Britanniques, en m'accordant une priorité tout de même, celle de pénétrer dans les ''sons qui ne peuvent être réalisés'', la dernière oeuvre du groupe.

Encore une fois, quel est le lieu, parmi mes favoris, pour assister à ce genre d'événement sans avoir à chercher une place précise pour en apprécier toutes les qualités ? Le Bikini !
Personnellement, l'endroit idéal pour agréablement récupérer au fond de mon esprit, et par la même occasion mon corps, l'émotion que pouvaient m'offrir les acteurs de ce soir.

Mon arrivée me fait le témoin d'une longue file d'attente qui réussira sans se bousculer à pénétrer dans ce temple que nombreux connaissent au moins de nom. Certains avoueront venir pour la première fois ce soir.



​C'est Aziz Ibrahim, guitariste de Manchester, et surtout connu pour son travail avec Steve Hogarth entre autres, qui ouvre cette soirée où la confiance règne. L'agréable personnage, non sans humour, profite de quelques accords d'introduction pour réaliser un rapide soundcheck de mise en place, en compagnie de Dalbir Singh Rattan aux Tablâs.

Aziz s'accompagne d'une rythmique au son acoustique (ou pas), en accords lâchés, qu'il met directement en boîte afin de pouvoir passer à d'autres sonorités et soli, accompagné de ses samples, devant un public plus qu'attentif...
C'est avant le dernier long morceau agréablement folk, qui terminera l'heure accordée au talentueux six-cordiste, que Steve Hogarth le rejoint sur scène pour une reprise de "Hey Jude", évidemment reprise en choeur par tout le monde. 
L'Anglais rappellera pendant ces 60 minutes que son père lui avait dit un jour que "sex, drug and rock n' roll" ce ne serait pas pour lui... et qu'il avait fait partie du line-up de Steven Wilson sur la tournée de « Grace For Drowning » sans pour autant avoir la possibilité de suivre le reste du groupe au USA à cause d'un visa non accordé... se contentant en somme de l'Europe.

Des applaudissements mérités seront offerts au duo, par des spectateurs satisfaits d'avoir eu un bel échantillon de l'acoustique du Bikini...


Comment devais-je me préparer à la prestation de ce groupe que ma mémoire n'envisageait qu'avec Fish ? Comment avoir pu être aussi borné ? Après tout, n'est-ce pas moi et seulement moi qui peut contrôler cette mémoire ? Depuis quelques semaines je combattais contre ces fichus souvenirs, un peu contre celui à qui il ne faut surtout pas changer les habitudes... Il me fallait évoluer et prendre connaissance de ce que j'avais certainement raté. Combien sont-ils à passer à la trappe ?
Je les avais bien parcourus, tous ces albums de MARILLION, mais pas suffisamment pour en apprécier la juste valeur et l'admirable interprétation au chant de Steve Hogarth.

« Sounds That Can't Be Made » était paru depuis peu et l'album avait traversé mon esprit, mon imagination. Tout ce que j'y ai découvert s'est retrouvé en conflit avec ce cerveau qui se défendait de ne vouloir entendre qu'ANATHEMA, PORCUPINE TREE et quelques autres...

Après une trentaine de minutes, l'introduction de "Gaza" glisse au-dessus du public... loin d'être une pâle estime, c'est plutôt un hommage, un avis sur un conflit connu de tous. Les artistes prennent chacun leur place, Rothery, la pierre précieuse de MARILLION, respect oblige. Steve Hogarth, chemise blanche, ornée d'un énorme ''peace and love'' pour illustrer la chanson pré-citée, transperce de sa voix particulière et charmeuse cette salle qui retient son souffle... Ce titre est un monument qui transporte... au bout de la treizième minute, mes sens se déploient et je me retrouve dans le vide sans parachute lorsque les paroles « it just ain't right » interviennent et précèdent la partie mélodique de Rothery. Juste auparavant, c'est la découverte d'un univers instrumental millimétré, interprété par l'intégralité des membres d'un groupe ayant décidé d'être fidèle à la version du CD.

Je pensais au départ que seules les deux dates parisiennes auraient été privilégiées d'une set-list différente mais non : les chansons choisies sont pour chaque ville dans un ordre bien défini, même si on y retrouve une bonne partie du nouvel album. Lyon quant à elle, aura eu la chance d'entendre "Kayleigh" en rappel...
Déjà, sur disque, on se fait caresser ; ce soir, comme certainement ce fut le cas ailleurs, tout prend une dimension encore plus impressionnante. « Tu verras, Hogarth est en grande forme ! » m'avait prévenu Christophe Darras... C'est une réalité, Steve est un exceptionnel chanteur... acteur, et nous ne lui tiendrons pas rigueur de ses deux passages devant les enceintes déclenchant de "Beautiful" larsens...



Même si mon regard se dirige parfois vers Rothery dont j'apprécie la classe et la concentration, ou encore Trewavas, à la basse, qui aura toute mon attention sur les chants doublés dont je suis friand, je ne peux m'empêcher d'être pendu aux lèvres de celui qui vit ses chansons. Nous avons tous compris qu'il ne se contente pas seulement de chanter ; il exprime profondément la moindre parole devant un millier d'initiés, déchiffrant le moindre signe, la moindre mimique.


Ses gestes, une lame de rasoir en guise de voix et l'entendre parler calmement entre les titres, m'apaisent.
Comment ne pas assister à des moments forts, presque privilégiés, grâce à toutes ces harmonies qui se présentent à moi... à nous ?
Après avoir raconté son périple toulousain de la veille, Steve introduit le moment le plus grand de la soirée, à mon sens, le plus sensible, celui qui fait battre encore mon cœur de cette divinité atmosphérique, tout en progression, qui propulse le groupe, au plus haut et en puissance... "The Sky Above The Rain". De la trempe d'un "Confortably Numb" : la chanson que l'on savoure encore, accompagnée de toutes les images de cette soirée, une fois de retour chez soi.

"You're Gone". Steve fait participer le public, sa voix imposante lance la rythmique de Trewavas tandis que Rothery ferme les yeux sur ses notes les plus hautes... C'est une "Fantastic Place", quant à "Pour My Love", c'est tel un Mick Hunknall dans l'univers du rock progressif que Steve l'interprète.
C'est encore assis devant son clavier et au centre de la scène qu'il s'accompagne sur "Sounds That Can't Be Made". Il module sa voix fragilisée par de nombreuses dates déjà passées, je distingue des effets signés Mark Kelly, me rappelant des passages de THE GATHERING sur « How To Measure A Planet? ». Un court instant...

« Merci beaucoup Toulouse... » alors qu'un technicien vient faire le ravitaillement de médiators. Il sera remercié par Steve Hogarth d'une bise sur la joue... "Somewhere Else" et "Power" sont magistrales... C'est guitare dressée vers le ciel que s'enchaînent "King", "This Strange Engine" et ses intenses 18 minutes durant lesquelles je regretterai seulement l'absence d'un réel saxophone... 

MARILLION réinvestit la scène du Bikini pour deux rappels : "The Invisible Man" et "Neverland"... J'aurais bien aimé écouter "Lucky Man" ou encore "Montreal" issu du dernier album, mais 120 minutes se sont écoulées et il est temps de revenir à la réalité.
Je ne me permettrai pas de féliciter l'un ou l'autre ce soir, ils ont tous été d'une perfection irréprochable, si on met de côté le craquement déclenché par le pédalier de Rothery à chaque pression du pied... Trop parfait me dira un fan. Je n'en demande pas moins !
Voilà un concert bourré de charme et d'émotions qui donne simplement l'envie de rejoindre une fille pour lui souffler au creux de l'oreille : « marions-nous ! ».


Blogger : Christophe Droit
Au sujet de l'auteur
Christophe Droit
Animateur radio chevronné de la région toulousaine, fidèle partenaire de HARD FORCE depuis toujours, Christophe, alias "Godzilla", a participé à l'élaboration du projet Radio Force (CD & Musique) encarté dans le magazine jusqu'en 2000. Depuis 2008, il supervise l'équipe et l'actualité dans HARD FORCE et sur Facebook et anime de très nombreuses émissions sur HEAVY1, notamment NOISEWEEK tous les vendredis soirs, consacrée à l'actualité discographique de la semaine.
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