Il semble y avoir une sorte de consensus autour de ce troisième album de Soft Machine et tout le monde, fans invétérés compris, s’accorde à penser qu’il s’agit là d’une sorte d’aboutissement. Si les deux premiers disques alternaient titres concis et improvisations très empreintes de jazz, Third pousse la recherche sonore à son paroxysme et les expériences musicales dans leurs derniers retranchements !
Alors que les précédentes livraisons du groupe ne dépassaient pas les quarante minutes, nous voici face à un véritable monument qui s’étire sur plus desoixante quinze, divisées en quatre morceaux de durée sensiblement égale. Il va sans dire que ces titres composaient chacune des faces d’un double vinyle, compilées aujourd’hui sur un seul CD. Soyons réaliste, la discographie de Soft Machine est exigeante pour certains, prétentieuse pour d’autres, et Third ne fait pas exception à la règle, surtout si on se contente d’une écoute distraite. Il faudra en effet patience et attention pour pénétrer dans cet univers particulier, à la fois hypnotique et transcendantal. Le premier titre, « Facelift », enregistré au cours des concerts des 4 et 11 janvier 1970 à Birmingham est peut être le plus difficile d’autant que les conditions d’enregistrement étaient manifestement précaires. Des cuivres très « crimsoniens » sont précédés par une longue suite d’élucubrations électroniques et autrestrucages sonores (bandes magnétiques passées à l’envers notamment) qui rebuteront les tympans même les plus aguerris ! Typiquement progressive, cette pièce aboutit néanmoins à un point culminant et une partie très mélodique au saxophone menée puis malmenée par la batterie de Robert Wyatt. La section rythmique devient littéralement volcanique sur la deuxième partie du titre finalement atténuée par un solo de flûte extravaguant. On pense alors beaucoup à « A Saucerful Of Secrets » de Pink Floyd, dont la construction est assez proche. Introduit par un solo de basse de Hugh Hopper du plus bel effet, « Slightly All The Time » renoue avec des influences purement jazz et paraît presque conventionnel après cela ! Le milieu du morceau est d’ailleurs rythmé par un Wyatt au meilleur de sa forme interprétant le plus impressionnant jeu de charleston de l’histoire du rock progressif. Il laisse d’ailleurs entrevoir une toute petite partie de son immense talent sur « Moon In June » (le seul titre chanté) composé et presque uniquement interprété par lui seul.
Ses compères ne jugeront pas utile de s’atteler à la tâche de ce morceau qui s’avère être pourtant un point culminant de l’album, beaucoup plus structuré dans son élaboration et dont l’interprétation est impeccable. Les limites du groupe apparaissent finalement sur « Out-Bloody-Rageous » qui tâtonne littéralement pendant presque cinq minutes avant de poursuivre avec une pièce plutôt banale, évoquant le Transit Authority de Chicago, et assez anachronique par rapport à la première partie du disque (et du titre !) pour s'achever sur une curieuse partie piano / cuivres. Le final est d’ailleurs assez conventionnel, convenu et inutile.
Lassé par ces expériences complexes, Wyatt quittera alors la planète Soft Machine qu’il laissera dépérir au profit d’expériences beaucoup plus passionnantes, au sein de Matching Mole, mais surtout en solo…
Ses compères ne jugeront pas utile de s’atteler à la tâche de ce morceau qui s’avère être pourtant un point culminant de l’album, beaucoup plus structuré dans son élaboration et dont l’interprétation est impeccable. Les limites du groupe apparaissent finalement sur « Out-Bloody-Rageous » qui tâtonne littéralement pendant presque cinq minutes avant de poursuivre avec une pièce plutôt banale, évoquant le Transit Authority de Chicago, et assez anachronique par rapport à la première partie du disque (et du titre !) pour s'achever sur une curieuse partie piano / cuivres. Le final est d’ailleurs assez conventionnel, convenu et inutile.
Lassé par ces expériences complexes, Wyatt quittera alors la planète Soft Machine qu’il laissera dépérir au profit d’expériences beaucoup plus passionnantes, au sein de Matching Mole, mais surtout en solo…
Third s’inscrit inévitablement dans la discothèque idéale de tout fan de prog’ qui se respecte. Cet album révolutionnaire, étape incontournable de l’épopée musicale des années soixante dix, demeure, il convient de le rappeler, aussi génial pour certains qu’il est indigeste pour d’autres…
