Sonisphere 2013 @ Amnéville - Jour 2

Après une première et longue journée achevée (et quelques coups de soleil attrapés) le bilan est déjà plus que positif. On est prêt pour la suite, le running order de ce 9 juin en donnerait presque le tournis…

 

On commencera aujourd’hui sur la Saturn à 13h00 pile et déjà une foule notable est venue acclamer VOODOO SIX. Leur Hard Rock traditionnel est limpide et vachement chaleureux, cela permet aux festivaliers de se remettre dans le bain doucement mais sûrement. HACKTIVIST fait rugir ses accords très bas et ses samples criards juste après, ameutant ainsi la population de l'autre côté. Style rap explicit avec deux mc rappelant un peu un groupe ayant joué hier soir. Pour leur toute première fois en France, les Anglais nous ont préparés des breakdowns mélangés à un flow rapide et bien trempé… rien de bien novateur, appréciera qui pourra.

 

Aux antipodes géographique et musicale voici… GHOST, groupe que l’on peut sans exagération qualifier de phénomène. Apres BEHEMOTH la veille, les ténèbres vont de nouveau s'abattre sur la petite ville d’Amnéville, la messe noire va bientôt avoir lieu… Papa Emeritus, deuxième du nom, précédé de ses sbires maléfiques, alias les nameless ghouls, pénètre nonchalamment sur scène sous l'incantation mystique et terriblement sombre du morceau "Masked Ball" de Jocelyn Pook. Ho... grand étonnement pour les malheureux athées, l’effroyable cardinal a une voix douce, presque suave, en tout cas très rassurante et posée… en totale opposition avec son accoutrement. L'ensemble des compositions va directement puiser son inspiration dans le Rock et le Heavy typé 70's. Les riffs lourds sont mélangés à un délire occulte obsessionnel, la fascination pour le satanisme côtoie l’orgue Hammond et les symboles blasphématoires les chœurs d’église.

 

Papa déambule lentement, telle une procession, chacun de ses gestes est calculés, surtout lorsqu’il bénit la foule. "Con Clavi Con Dio" ou avec "Year Zero" l'alchimie prends, le pouvoir de séduction du diable est immense : aussi habilement que le serpent avec la pomme du péché originel, ces personnages cauchemardesques attirent l'attention de tous, croyants ou non. Ils nous quitteront sur l’excellent "Monstrance Clock", teinté pop et dont l’obscure candeur nous fait déjà regretter que ce soit terminé. Avec une imagerie et une mise en scène incroyable, s’il y a un groupe dont on va encore entendre parler dans les prochains temps, c’est bien GHOST et ce n’est que le début de la conversion… Next, toujours dans un autre registre, le taureau à trois bouches de "The Hunter" est en face. Première impression : le son est à l'image du combo, immense. MASTODON ne se ménage pas pour nous livrer un sludge digne de ce nom, pas de temps mort, du riff bien gras et une large présence scénique.

 

La folie musicale a-t-elle une limite ? Manifestement non et DRAGONFORCE va nous en faire la démonstration devant un festival qui, alors que nos pendules indiquent moins de 16h00, est déjà bien bondé. Les notes nous arrivent à une vitesse presque inconcevable. Le tapping est chez eux un art et est exécuté très souvent, on peut vraiment dire que le Heavy est poussé à son paroxysme, l'intensité est captivante. Côté set-list les fans ne peuvent qu'être satisfaits avec "Cry Thunder" en provenance du dernier album ou "Operation Ground and Pound". Ces Messieurs tireront leur révérence sous les applaudissements, un show époustouflant, beau travail !

 

Deux ans après la déferlante SLIPKNOT sur le même stage, son leader Corey Taylor se trouve aujourd'hui avec sa première formation : STONE SOUR. Un groupe très attendu dans l'affiche... Il a délaissé son masque et son chant rocailleux mais en aucun cas son statut de leader charismatique rendant le public tout ouïe. Il s'excuse pour sa voix qui est, selon ses dires, pas au top pour l'occasion, on peut juste constater que sa prestation est plus que correcte (tout autant que ses camarades). Très courtois et chaleureux, le but est de passer un bon moment.

 

EPICA et tout particulièrement sa chanteuse Simone Simons apportera une touche de grâce en ce Dimanche de festivité métallique. Le duo growl/black et lyrique qu’elle entretient avec le guitariste (et fondateur du groupe) Mark Jansen, se complète à merveille. Nous avons l’impression d’un opéra en pleine air, mais à ne pas s'y méprendre, certains morceaux tels que "Consign To Oblivion" sonne totalement black symphonique et sont relativement agressifs, de plus les lumières intenses nous éloignent de plusieurs kilomètres des artifices traditionnelles. Madame Simone est enceinte d'au moins 6 mois, ce qui ne lui permet pas d’effectuer des cascades inconsidérées mais d’au moins assurer un concert impeccable et de secouer par-ci par-là son épaisse chevelure auburn.

 

Cette édition a décidément des légers relents de big four avec cet autre pilier du Thrash, le géant MEGADETH. Dave Mustaine, chemise blanche et guitare acérée, est de retour pour en mettre plein les oreilles… sans oublier la présence de son comparse de toujours David Ellefson. Trois écrans sur scène diffusent des animations tout le long de cette unique heure de show, ils enchaînent les morceaux tels que "Hangar 18" avec une sacrée démonstration de guitares, le duo est bien en place. L'album "Countdown To Extinction" est mis à l'honneur avec deux titre d'affilé puis "Symphony Of Destruction" plus tard, un "A tout le Monde" qui inspire beaucoup de gens dont Dave Mustaine lui-même. Lorsque les premières notes à la basse de "Peace Sells" résonneront, on ne pourra qu'apprécier ce moment. Mustaine utilisera sa très esthétique Flying V à l’effigie de Vic Rattlehead pour exécuter un "Holy Wars" magistral en rappel, celui-ci sera prolongé pour permettre une petite présentation des différents membres. La batterie fera trembler le sol tout le long et les fans s'en donneront à cœur joie dans le pit… ce dernier est réduit car une saignée de plusieurs mètres a été installée en son sein. Une performance parfaite comme ils en ont le secret avec en plus du visuel.

 

Le soleil commence à décliner et le set enneigé de CHILDREN OF BODOM s'apprête à être joué (pendant qu'une certaine scène commence à être monté en grande pompe juste dans notre dos), pour certain la hate crew a une grande importance, pour d'autres c'est je moment d'aller se placer pour la suite… Alexie Laiho remet une couche de virtuosité à ce week-end déjà bien fourni, en tout cas vu les vagues massives de slams et la sécurité qui parait plutôt débordé, cela a assurément son effet.

 

Live report IRON MAIDEN à cet endroit

 

On aurait pu se quitter ainsi, mais cela aurait été bien trop facile ! Un peu de hard rock pour nous achever avec les dingues d'AIRBOURNE. Le mur de Marshall semble prêt à cracher ses tonnes de décibel, Joel O'Keef débarque comme une tornade. Prestation d'une énergie considérable, il sera le seul à avoir profité de cette tranchée fendant le pit en deux pour venir taper un petit solo parmi ses nombreux fans. Sueur, bière et vin sont les ingrédients de ce génie aux cheveux longs. Les festivaliers, qui ont encore de la charge dans leur batterie, se dépensent une dernière fois et visiblement ils sont très nombreux, les slams ont pris une tournure taylorienne. Les Australiens nous accordent un petit rappel avec le titre plein d’espoir "Stand Up For Rock'n'Roll". Nous avons attendu tout le set pour voir Joel grimpé à l’armature de la scène mais le miracle ne s’est pas produit, nous ne lui en tiendrons bien sûr pas rigueur. Fin de ce Sonisphère 2013 : belle édition, ce festival itinérant confirme sa réputation de poids lourd. A l'année prochaine !

 

Live report du samedi ici.