4 juillet 2013, 07:57

Hellfest 2013 : Asphyx, Korn, Volbeat (et quelques autres)

 
 
Pas un tiercé, non – ni dans l’ordre, ni dans le désordre. Juste le choix (pas tout à fait) arbitraire de trois groupes, pour articuler un p’tit report par jour.
 
C'est ici que tout commence...
 
 
 
Vendredi 21 juin (premier jour de l’été – fête de la musique)
 
 
Sous un ciel clissonnais qui semble encore hésiter entre la Toussaint et le printemps pourri, on se met dans l’ambiance sous le chapiteau qui abrite les scènes Altar et Temple, en début d’après-midi. L’enchaînement de HOODED MENACE, TYR et EVOKEN provoque déjà quelques montées d’adrénaline prometteuses.
 
 
Il a pas fait moche tout le temps non plus, hein !

 
 
A l’heure du thé, on tente une sortie vers la Mainstage 1 (MS1) pour assister au set d’EUROPE. « Scream Of Anger » et ses riffs acérés réveillent de vieux souvenirs (« ‘tain, je me souvenais même pas que je me souvenais des paroles ! »).
 
 
 
« The Final Countdown », en revanche, ne revêt pas l’aspect apocalyptique qu’il avait pris au Hellfest 2009, lors du précédent passage de nos amis suédois : cette année-là, sous le cagnard et au coucher du soleil, ce titre – peut-être le plus universellement connu de tous ceux qui ont un jour résonné à Clisson – avait engendré, sous les jumps du public, un gigantesque nuage de poussière, rappelant les volutes de vapeur annonçant le décollage de toute bonne fusée. Le vrai truc. Par comparaison, cette année, le pétard paraît un tout petit peu mouillé – même s’il permet de saluer au passage une certaine « Girl From Lebanon »...
 
 
EUROPE : Joey Tempest et John Norum, souvenirs d'interviews du printemps 2012.
 
Le temps de négocier le programme de la soirée avec TESTAMENT comme fond musical, il est l’heure de retourner vers l’Altar voir comment ASPHYX porte sur scène son plus récent album, l’excellent et très ambitieux « Deathhammer » (2012). Les Néerlandais sont en grande forme, survoltés. Le public, dense et furieux, répond au quart de tour. Le morceau éponyme « Deathhammer » conclue le premier tiers du set et suscite une véritable transe collective.
 
 
WOAH ! Martin Van Drunen - ASPHYX @ Hellfest 2013 - © Leonor Ananké

 
 
Mais l’objet revendiqué de cet album n’était-il pas, précisément, d’offrir au monde une leçon de Death Metal ? Mission accomplie, urbi et orbi, même si au moment où s’éteignent les derniers larsens de « The Rack », quand Martin Van Drunen et sa bande désertent la scène, il reste un petit goût d’inachevé : « Der Landser » ou « Minefield », notamment, toujours tirés de « Deathhammer », auraient idéalement parachevé la tuerie.
 
 
Paul Baayens - ASPHYX @ Hellfest 2013

 
Premier passage vers la Warzone, ensuite, pour constater qu’il faudrait vraiment que quelqu’un dise au bassiste d’AGNOSTIC FRONT qu’il devrait arrêter de sauter comme un cabri, parce que franchement… Bon, je me comprends (pour les autres, les images sont en clair sur Arte LiveWeb).
 
En vrai c'était pas mal, AGNOSTIC FRONT...
 


 
AT THE GATES, sur l’Altar : deuxième découverte intéressante de la journée (après EVOKEN) : ça tabasse sérieusement, mais ça ne transporte pas tout à fait quand même…
 
 
Puis, c’est le drame : en quittant le chapiteau à la fin du set d’AT THE GATES, le festivalier moyen se retrouve à portée d’oreilles de la MS1, où, par contraste, semble se produire un groupe de britpop indigent. Misère, malheur, décadence : c’est DEF LEPPARD.
Quand en plus les Anglais (pour lesquels on se rappelle avoir éprouvé une forme de respect, ne serait-ce que vis-à-vis de l’histoire de vie du courageux batteur Rick Allen, amputé d’un bras), se paient le luxe de quitter la scène un quart d’heure pour projeter un « documentaire » ridicule à leur gloire, on se dit qu’on a vraiment besoin d’une bière. Ou douze. Sérieusement. Tant pis pour NEUROSIS et AVANTASIA : c’est rideau pour la journée, dans la déprime complète.
 
 
On ne déprime jamais très longtemps, sous un drapeau comme ça...


 
Set-list ASPHYX (Altar, le 21 juin à 18h35) :
 
Vermin
Into the Timewastes
MS Bismarck
Deathhammer
Asphyx (Forgotten War)
Death the Brutal Way
We Doom You to Death
Scorbutics
Wasteland of Terror
Last One on Earth
The Rack
 
Samedi 22 juin (deuxième jour de l’été – lendemain de la fête de la musique)
 
 
 
A Roland-Garros, il y a la journée des enfants : le mercredi de la première semaine. Au Hellfest, cette année, il y avait la soirée des vieux. On y reviendra.
 
 
Difficilement remis du choc de la veille, on ne rejoint le théâtre des opérations que vers 16 heures, pleinement conscient et déçu d’avoir notamment loupé COAL CHAMBER. Sur la Valley, KARMA TO BURN offre un démarrage tout en douceur, presque en tendresse. Alors qu’on approche des scènes principales pour assister au set de DOWN, on capte les émotions suscitées par les derniers morceaux de PARKWAY DRIVE. Tiens, les Australiens semblent bien plus convaincants qu’à Greenfield, il y a deux ans…
 
 
DOWN @ Hellfest 2013 (et les NYMPHERNO en mode "off", à l'arrière plan)

 
C’est alors que se présente sur scène ce grand fou de Phil Anselmo, qui débute le set de DOWN en s’ouvrant le sommet du front avec son micro… On aime ou on n’aime pas, mais l’énergie est là, la joie d’être sur scène également, les désormais célèbres NYMPHERNO s’éclatent dans la coulisse, en bord de scène. La vie, quoi !
 
 
Intermède : les NYMPHERNO en mode "on"
 
 
S'offre alors à l'analyse un phénomène intéressant : la fosse de la MS1 est largement squattée par le club du 3ème âge (c’est un quasi quarantenaire qui vous le dit) : ces ex-fans des seventies, ces jeunes et sémillants retraités (vos grands-parents, mes parents…) tantôt installés sur des chaises pliantes à 5 mètres de la crash-barrier, tantôt agrippés à cette dernière comme des berniques à un rocher, attendent sans débander les affiches de la soirée : ZZ TOP et KISS.
 
ACCEPT, c'est bon !

 
Ils seront très peu nombreux à moufter quand Phil Anselmo reviendra booster une livraison d’ACCEPT déjà assez magistrale. Quelques-uns regretteront en revanche de ne pouvoir assister dans de meilleures conditions au set de PAPA ROACH, sans pouvoir se résoudre à lâcher leur position privilégiée pour la soirée qui s’annonce sur la MS1.
 
 
Mark Tornillo et Wolf Hoffmann un petit peu interloqués, peut-être, par l'irruption du grand Phil ?


 
Ainsi donc, les Vieilles Barbes Délavées de ZZ TOP livrent un récital plan-plan à un public plutôt calme. Allez, un moment de grâce, tout de même : quand Gibbons, Hill et Beard font résonner « Foxy Lady », rendant un hommage propret, mais tout à fait bienvenu à l’immense Jimi Hendrix.
 
 
ZZ TOP plays Jimi Hendrix @ Hellfest 2013

 
 
S’éloignant des scènes principales sous les rimshots caractéristiques annonçant « la Grange », on se rappelle qu’à la même heure, on aurait tout aussi bien pu choisir MY DYING BRIDE (vu un bon paquet de fois) sur l’Altar ou CONVERGE (déjà vu une fois) dans la Warzone. Bon. On tente de se rapprocher de la scène Temple où se produit FINNTROLL : il y a foule, ça a l’air super, mais à cause de tous les gens on ne peut ni voir, ni même écouter le set dans de bonnes conditions. Dommage.
 
 
S’engage alors la longue lutte – pendant que KISS remplit l’atmosphère d’effluves explosives – pour accéder à LA bonne position pour le set de KORN : au centre de la fosse, aussi près que possible de la MS2.
 
 
Jonathan Davis - KORN @ Hellfest 2013 -  © Nikolas Ernult - www.sadbuttrue.fr

 
 
Quand tout à coup… « ARE-YOU-REA-DY ? » Enfin Clisson manifeste, Clisson explose, Clisson exulte dans les grandes largeurs. Après les deux « lapins » de 2006 et 2007, quelques festivaliers au moins avaient émis le souhait que Jonathan Davis n’Co soient sifflés pendant deux bonnes minutes à leur entrée sur scène. Il ne leur a pas fallu deux secondes pour prendre le Hellfest à la gorge et le faire chavirer. Tout à l’avant, vagues humaines sur vagues humaines se lèvent, de droite à gauche et d’avant en arrière. Littéralement, les corps sont soulevés du sol, certains tombent même, mais qui trouvent immédiatement un bras secourable pour les relever. C’est le combat de boxe, le dernier round fraternel de la journée, la communion ultime des corps dans la transpiration et la bière, le contact toujours inattendu des Vans, des Doc’s et des New-Rock sur le coin de la gueule, les pompes des crowd-surfers déversés en un flot constant par la foule sur les crash-barriers où les attendent les Challengers – auxquels il faut une fois de plus rendre hommage : l’organisation du festival leur doit beaucoup, comme à chaque édition, et les voir travailler de ce côté-ci de la barrière permet de prendre la pleine mesure de leur tâche.
 
 
Voilà : LA bonne position, c'est là, pile-poil - KORN @ Hellfest 2013

 
KORN égrène donc d’abord de vieux titres. Veni (« Blind »), vidi (« Twist »), vici (« Chi »). Après, ça déroule un tout petit peu avec des morceaux plus récents, jusqu’à un « Shoots and Ladders » presque trop flippant : sismique. La fin du set est du même tonneau : je ne suis pas sûr d’avoir vécu ça depuis IAM au Vieilles Charrues en 2010 (je sais… mais passe le oinj…), voire METALLICA à Bercy ou au Wembley Arena dans les nineties, voire encore SOCIAL DISTORTION à la même époque au Camden Underworld. La bonne grosse torgnole dans ta gueule. Merci KORN, et bonne nuit.
 
 
Pour ma part, j'attendais KORN depuis cette date - qui m'avait bien déçu, à l'époque.


 
Set-list KORN (MS2, le 23 juin à 00h45) :
 
Blind
Twist
Chi
Falling Away from Me
Dead Bodies Everywhere
Narcissistic Cannibal
Coming Undone
Did My Time
Shoots and Ladders / Somebody Someone
Helmet in the Bush
No Place to Hide
Here to Stay
 
(Rappels :)
Get Up !
Got the Life
Freak on a Leash

 
Dimanche 23 juin (troisième jour de l’été – surlendemain… ok, c’est bon, là.)
 
 
Difficile d’émerger. C’est devant MOONSPELL, à l’heure du film du dimanche soir, que commence véritablement la journée. L’avantage après quelques morceaux des portugais, c’est qu’on est sûr d’être bien réveillé. En émergeant du chapiteau on tombe sous le charme de STONE SOUR et notamment de ses reprises pleines de sève et de métal en fusion (ai-je reconnu SABBATH et ALICE IN CHAINS ?).
 
 
Vue du Hellfest 2013 à l'heure précise de l'Eurovision...
 
Vu et entendu de côté, au loin, LORDI étonne, et plutôt favorablement. Et puis c’est pas tous les jours qu’un prix de l’Eurovision retentit à Clisson (France Gall avec nous !).
 
Vue de la fosse, devant la MS1, 45 minutes avant le set de VOLBEAT...
 
De côté et au loin, car installé tranquillement, confortablement et sans la moindre difficulté, au premier rang, pour attendre VOLBEAT, qui n’est décidément pas une tête d’affiche comme une autre, dans notre beau pays de l'exception culturelle. Les quelques allumé(e)s du groupe qui parviennent encore à se hisser à une brassée de la crash-barrier un quart d’heure avant le début du set des Danois n’en reviennent pas. VOLBEAT n’attire pas Clisson, le contraste avec ZZ TOP et KISS, la veille, est saisissant.
 
 
Niko, HARD FORCE et www.sadbuttrue.fr , le premier photographe en piste pour shooter VOLBEAT...

 
 
C’est pourtant plutôt chez VOLBEAT que se trouve l’avenir d’un mouvement métallique qui paraît parfois davantage pressé de se dupliquer, de se répliquer à l’infini, que d'innover radicalement. VOLBEAT présente au moins ce mérite : avoir imposé, en une poignée d’albums, un style qui n’est pas seulement une case, ouverte par d’autres, dans lesquels ils se seraient confortablement posés. « Elvis-Metal » : oui, ça sonne comme un oxymore foireux et ça ne décrit que très imparfaitement l’équilibre de ce groupe, qui doit autant à des personnalités comme Johnny Cash et Mike Ness (Michael-Poulsen-le-tatoué n’a-t-il pas consacré son bras droit à SOCIAL DISTORTION comme il a voué le gauche à Elvis Aaron Presley ?) qu’à des groupes comme METALLICA, NAPALM DEATH ou ENTOMBED. VOLBEAT est singulier, sa musique sonne parfois comme un cri rock n'roll primal.
 
 
Michael Poulsen - VOLBEAT @ Hellfest 2013 - © Nikolas Ernult - www.sadbuttrue.fr{C}{C}{C}

 
« Hallelujah Goat » ouvre le set, les connaisseurs apprécient de retrouver leurs héros à Clisson. La foule s’est enfin densifiée devant la scène principale et elle semble répondre avec ferveur. « A New Day » et « GGCB » (pfff… voir set-list) enquillent avant que « The Nameless One », tiré du plus récent album, ne vienne un peu briser l’élan du set.
 
Rob Caggiano, Michael Poulsen, Anders Kjølholm - VOLBEAT @ Hellfest 2013



 
Barney, le vieux compère de NAPALM DEATH, qui a posé sa voix sur l’enregistrement original du morceau, vient alors pousser une « Evelyn » Kolossale dont tout Clisson tremble encore. Puis un hommage direct à Johnny Cash enchaîne « Sad Man’s Tongue » à « Ring of Fire » en une figure imposée où Poulsen convoque à la fois Cash et le King.
 
Mark "Barney" Greenway sur scène avec VOLBEAT - Hellfest 2013
 
Le reste du set disperse les claques attendues – « Mary Ann’s Place » et l’incontournable « Still Counting », notamment – sur une sorte de ventre mou très légèrement décevant, essentiellement constitué des morceaux de « Outlaw Gentlemen & Shady Ladies », la dernière galette des Danois – où ils semblent décidément avoir sombré dans la facilité. C’est d’autant plus dommage que ces pistes prennent des places sur la setlist à des titres comme « Moment Forever » et « The Human Instrument », d’un tout autre acabit que ceux de « OG&SL ».
 
 
Michael Poulsen en majesté - Hellfest 2013


D’autre part, si la greffe semble avoir pris avec un Rob Caggiano à l’exécution impeccable, on peut regretter, derrière la seconde guitare, le visage souvent extatique de Thomas Bredahl, au sein d'un groupe dont il était toujours extrêmement plaisant de voir  tous   les membres vivre les morceaux et en chanter les paroles, même à trois kilomètre du premier micro – m'voyez ce que je veux dire ? Non ?  Rob, le transfuge d’ANTHRAX, est apparu vraiment en retrait, à cet égard. Contrairement à la qualité des titres du dernier album de VOLBEAT, cet aspect peut toutefois se corriger facilement.
 
 
Michael Poulsen et Rob Caggiano - VOLBEAT @ Hellfest 2013
 
 
M’enfin, VOLBEAT a globalement mis le feu à la dernière soirée du Hellfest sans le moindre  effet pyrotechnique, c’était bien sympa de les voir à Clisson après la nuit tombée et de compter les trous du cul en leur compagnie, une nouvelle fois.
 
NAPALM DEATH @ Hellfest 2013 - la mort au napalm, c'est un peu l'épectase...
 
 
Pour finir de se finir, il apparaissait urgent d’aller prendre un coup de grâce au NAPALM sur l’Altar avant de croiser quelques GHOST qui traînaient sur la Mainstage 2 au moment de rentrer se coucher : Hellfest Forever.
 
 
 
Setlist VOLBEAT (MS1, le 23 juin à 23h10)
 
Hallelujah Goat
A New Day
Guitar Gangsters & Cadillac Blood
The Nameless One
Evelyn (Avec Barney de NAPALM DEATH)
Ring of Fire / Sad Man's Tongue
Lola Montez
Fallen
16 Dollars
Mary Ann's Place
Breaking the Law / Raining Blood
Dead but Rising
Maybellene I Hofteholder
A Warrior's Call
The Hangman's Body Count
Still Counting
 
(Rappels :)
Doc Holliday
The Mirror and the Ripper
Pool of Booze, Booze, Booza
 
Voilà, merci et bravo si vous êtes parvenus jusqu’ici.
 
 
Merci surtout aux photographes HARD FORCE qui m’ont permis d'agrémenter ce report de quelques vraies, bonnes photos :
 
 
Bientôt davantage d'excellentes photos du Hellfest sur leurs blogs respectifs !
 
 
Merci particulier à l’inénarrable Denrée du Hellfest et à sa bande.
 
Merci particulièrement particulier à la « Girl From Lebanon » et son « Guy From Normandy ». You know who you are.
 
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