Après un passage assez silencieux à la suite de la tournée du deuxième album de CHICKENFOOT (pourtant intitulé "III"), le Red Rocker se fait plaisir avec la sortie d'un nouveau disque solo "Sammy Hagar & Friends" enregistré, comme son nom l'indique, en compagnie de quelques amis.
Une formule, connue de quelques Slash et Santana, regroupant des visages plus ou moins connus du côté européen de l'Atlantique, mais qui a le mérite d'être atypique tellement les couleurs de l'album sont différentes.
Sammy Hagar, c'est la bonne humeur incarnée. On a beau être en petite forme, une conversation avec ce grand monsieur est toujours enrichissante et vous refile la pêche pour les deux semaines à venir. Honnête, souriant et blagueur, l'homme se livre comme si l'on prenait des nouvelles d'un ami que l'on n'aurait pas revu depuis plusieurs années, et ça commence tout de suite...
Bonjour Sammy, comment vas-tu ?
Très bien, merci ! J'essaye juste de me rappeler comment j'ai fait cet album ! (rires) Tu le crois ça ?
Ah bon ? Tu n'en as pas la moindre idée ? (éclats de rire)
Eh bien, non ! (rires) Tu vois, ça n'a pas été une session d'enregistrement basique, où tu écris une dizaine de chansons, tu les répètes avec ton groupe, tu les enregistres et tu rentres chez toi ! Là, tout s'est un peu fait en même temps en réalité. J'appelais une personne différente par jour : "Hey, tu veux pas jouer sur mon nouvel album ?" c'était clairement particulier comme façon de travailler, d'où le fait que j'ai du mal à m'en souvenir ! (rires) Absolument rien n'était prévu, c'est arrivé, c'est tout ! Et tu vois, c'est quelque chose que j'aimerais refaire à l'avenir. C'était plus amusant, et peut-être même plus facile qu'à l'accoutumée. Je dois dire que le fait de voir toutes ces personnes défiler m'a beaucoup inspiré, quand tu vois un mec comme Ronnie Dunn chanter en duo avec toi sur ta chanson et que tu réécoutes le tout avec ta voix dessus tu te dis : "Oh merde, faut que je réenregistre mes parties !" (rires). Ça te pousse à donner toujours plus, à être plus exigeant avec toi-même, et c'est quelque chose qui me plaît beaucoup.
Je dois t'avouer quelque chose Sammy, quand j'ai appris que tu allais faire un album avec tes amis la première chose qui m'est passée par l'esprit c'est : "Mais il va y avoir 400 chansons là-dessus !!"
(Éclat de rire) Eh bien tu vois, on ne l'a pas encore enregistré, mais je ferai assurément un volume II ! Je me suis tellement amusé avec tous ces supergroups ! (rires) C'est un peu comme si il y avait une version différente de CHICKENFOOT par chanson...
Tu sais déjà qui tu vas appeler pour ce deuxième album ?
Oh oui, j'ai déjà fait ma liste, même si je ne vais pas te la révéler ! (rires)Je préfère me concentrer sur les invités de ce premier album, car ils sont déjà tous exceptionnels. De toute façon ma liste va me permettre de faire bien plus qu'un autre album, malheureusement les gens vont devoir se farcir encore 2 ou 3 albums "Sammy Hagar & Friends" ! (éclat de rire)
Les chansons étaient-elles toutes prêtes avant que tu invites tes amis à jouer dessus ? Où as-tu écrit en leur présence ?
Certains musiciens ont écrit pour moi, Ronnie Dunn par exemple, qui est aussi passionné par les voitures que moi et qui a voulu composer une sorte de nouveau "I Can't Drive 55" (ndlr : "Bad On Fords And Chevrolets"). Jay Buchanan de RIVAL SONS aussi, il se trouve qu'il a grandi dans la même ville dans laquelle j'ai grandi, donc je lui ai demandé de m'écrire une chanson qui parlerait de la vision qu'il avait de moi quand il était petit car sa mère lui disait souvent "Tu vois, ça c'est Sammy Hagar, il vient de chez nous !", et de ce que m'a dit Jay ça l'a beaucoup influencé dans sa jeunesse. Il a vraiment assuré ! (ndlr : la chanson "Not Going Down"). A part ça, les deux seules chansons que j'avais avant de commencer à travailler sur cet album étaient "Father Sun" et "All We Need Is An Island", qui parlent de mon mode de vie. C'est le genre de chansons que je compose aujourd'hui quand je prends une guitare acoustique dans les mains. "Winding Down" est un bon exemple de la facilité avec laquelle j'ai écrit cet album, je l'ai composée après avoir terminé de lire la biographie de Keith Richards. Il parlait d'un accordage spécial avec lequel il aime jouer, et je me suis mis à jouer sur ma guitare en l'accordant pareil, bon même si j'ai du appeler Joe Satriani pour lui demander si je ne m'étais pas trompé ! (rires) La nuit est passée, le matin je suis descendu des escaliers, me suis mis à table avec ma femme devant la télévision pour le petit déjeuner et ils parlaient de la fusillade dans l'école primaire, de l'attentat de Boston... Je me suis dit : "Putain c'est vraiment le bordel ici !", le monde part à la dérive, et moi je suis là à profiter de mes vieux jours ! J'ai donc pris ma guitare et j'ai du écrire "Winding Down" en 5 minutes. J'ai sauté dans ma voiture, j'ai tracé jusqu'à mon studio, et je l'ai enregistrée. J'ai passé la porte sans dire bonjour à l'ingé son, je lui ai juste dit :"Installe moi un micro avec une guitare acoustique et un gros rythme de batterie !" (rires) C'est un peu comme ça que s'est écrit tout l'album, les chansons ont beau être très différentes les unes des autres, je trouve qu'elles débordent toutes de la même énergie...
"Parfois j'ai l'impression de ne pas pouvoir être capable de monter sur scène et assurer quand je suis loin de chez moi" - Sammy Hagar
Il y a aussi cette reprise du classique "Going Down" avec Michael Anthony, Chad Smith et Neal Schon...
Je crois bien n'avoir jamais entendu quelqu'un jouer cette chanson aussi intensément ! (rires) "Pfiouuu" ! On est rentrés dans le studio, et ce qu'on entend sur l'album a été la première prise ! "Prise 1 ! BANG ! Ah c'est cool, on en refait une !" on a du la jouer trois fois, sauf qu'on s'est tous demandés pourquoi on faisait ça car la première était la meilleure, voilà, fin de l'histoire ! (rires) C'était tellement intense... Je trouve que c'est vraiment Neal Schon qui rayonne le plus sur cette chanson, je ne l'ai jamais entendu jouer comme ça sur un disque... Je dirais même plus, je n'ai jamais entendu qui que ce soit jouer comme ça sur un disque ! (rires) J'ai hâte de la faire écouter à Jeff Beck, parce que tu vois quand je la joue avec mes potes au Cabo (ndlr : Wabo, le bar de Sammy au Mexique) on joue toujours "la version de Jeff Beck" comme on l'appelle. Car tout le monde connait "Going Down", mais ils me demandent tous si on la joue comme Freddie King ou... Et ma réponse est toujours la même : "Comme Jeff Beck !" (éclate de rire) Donc voilà, c'est la version de Jeff Beck, par HSAS ! (rires)
Alors oui parce que Hagar, Schon, Anthony et Smith ça fait HSAS... Mais le truc c'est que ça fait pareil avec Satriani dans CHICKENFOOT ! (rires) T'es un superstitieux ou quoi ? (rires)
J'en ai aucune idée ! (rires) Non mais je crois simplement que c'est la combinaison qui fonctionne le mieux pour moi ! (rires) Si tu as lu mon livre tu sais combien j'aime jouer avec les chiffres et toutes ces choses inexplicables... Ce truc avec HSAS me dépasse totalement, même en changeant un membre on en revient toujours à HSAS ! (éclat de rire)
Doit-on y voir un projet de ressusciter HSAS ?
Tu sais, si pour une raison quelconque nous ne parvenions plus à pouvoir jouer ensemble avec CHICKENFOOT, même si nous allons nous retrouver au mois de janvier, ce sera assurément une option. Avec Michael Anthony pour commencer, et pour le reste... J'adore Neal Schon, c'est un super guitariste donc ça serait vraiment cool de le faire avec lui, car avec Joe Satriani, il fait partie des seuls guitaristes avec qui je m'entends aussi bien ! (rires) Donc voilà pour la guitare, mais pour ce qui est de la batterie... Chad Smith peut-être si il est disponible... Ce mec doit-être mon batteur préféré de tous les temps !
Oui parce qu'autrement il va te falloir un batteur avec un nom de famille en S !
Ouais, ou on lui fera changer, c'est pas grave ! (éclate de rire) "Mec, si tu veux être dans le groupe, il va falloir que tu changes ton nom de famille pour Smith !" ça serait génial ! (rires)
Dans une vidéo postée sur ta page facebook, tu dis avoir enregistré 3 chansons avec Neal, Chad et Michael : "Going Down", "Oh Yeah" de CHICKENFOOT et une troisième... Qui reste inconnue !
Oh oui ! (réfléchit) Nous n'avons pas réussi à la terminer à temps, c'est une chanson qui s'appelle "The Rythm In Your Head", et qui est née à partir d'un jam. Ça ressemble beaucoup à du RED HOT CHILI PEPPERS, Chad a commencé par un rythme de batterie, Neal est arrivé avec un riff super funky et je me suis mis à chanter : "That's the rythm in your head !", mais ça s'est arrêté là. Nous n'étions parvenu qu'à écrire une seule minute de chanson, c'était juste une blague au début, mais ça avait vraiment de la gueule... Je crois que je vais en faire une boucle, pour essayer de la terminer avec des paroles, et en faire une vraie chanson. Ça ressemble un peu à "Give It Away" des RED HOT. On ne l'a pas terminée parce qu'une fois qu'on avait fait "Going Down", on s'est dit que l'album était terminé ! (rires) Fallait plus toucher à rien !
"All We Need Is An Island" doit être la chanson qui surprend le plus sur ton album, tu chantes avec Nancy Wilson (HEART), c'est une vraie chanson d'amour !
C'est le genre de chanson que j'écris quand je prends ma guitare et que je suis assis dans mon coin à Cabo ou à Hawaï, où je vis également. Je m’imprègne vraiment de tout quand j'écris, de l'environnement dans lequel je me trouve, du fond de l'air... C'est le genre d'endroits où j'aime passer du temps, et tu vois, c'est la raison pour laquelle j'appréhende toujours un peu quand je pars en tournée. Parfois j'ai l'impression de ne pas pouvoir être capable de monter sur scène et assurer quand je suis loin de chez moi, et ça me rend vraiment anxieux, mais une fois le micro dans la main devant 10 000 personnes qui ont toutes le poing levé en l'air, tout me revient et je sais exactement ce que je dois faire. J'ai longtemps cherché à rallonger cette chanson, car elle est très courte, je voulais écrire un pont, une nouvelle partie, mais dans un moment de lucidité je me suis souvenu qu'il n'y avait aucune règle qui entrait en jeu. C'était ce que c'était, point barre ! J'ai tout de suite senti qu'il me fallait chanter en duo avec une fille dessus, car c'est une vraie chanson d'amour, ça parle d'être sur une île avec son âme soeur et de ne manquer de rien... J'ai donc appelé Nancy et elle a été formidable. De toi à moi, je crois que c'est la personne qui a le plus donné sur cet album. Elle a insisté pour écrire ses propres couplets, même si j'en avais de déjà prêts pour elle, et ce qu'elle a fait est vraiment magnifique. C'est ce qui m'a frappé la première fois que j'ai entendu la chanson : "Merde, c'est génial !" (rires) Puis j'y ai ajouté la guitare steel hawaïenne par dessus, car il fallait que j'emmène cette chanson là-bas, même si ça allait déplaire à certains, mais bon, ces gens là peuvent toujours passer à la chanson suivante ! (rires) T'as "Going Down" qui t'attend juste après !
"La raison pour laquelle j'ai rejoint un groupe a toujours été la même : j'en avais marre d'être un artiste solo." - Sammy Hagar
J'ai un peu de mal à penser que Sammy Hagar ait encore des rêves mais... Avec qui rêverais-tu de faire un duo ?
Hmmm... Oh bah Elvis Presley ! Si il y a une personne avec qui j'aurais aimé écrire, chanter, c'est assurément Elvis Presley. Après dans le monde d'aujourd'hui, ça se jouerait entre Jeff Beck et Jimmy Page... Ou Keith Richards et Eric Clapton, je sais pas ! (rires) Il y a tellement de musiciens dont je suis fan et avec qui j'aimerais travailler...
Bon bah peut-être pour le volume II !
Voilà ! (sourire) Je ne vois pas pourquoi ça ne se reproduira pas, et c'est quand même beaucoup plus drôle quand tu fais la fête avec tes amis ! En plus ils apportent tous leur petite touche à ton album... Tu vois, quand t'as ton propre groupe il faut que tu écrives tout, que tu dises à tes musiciens d'apprendre telle ou telle chanson... C'est beaucoup de travail, c'est chiant quoi ! (rires) Je vais te dire quelque chose, la raison pour laquelle j'ai rejoint un groupe a toujours été la même : j'en avais marre d'être un artiste solo. C'est valable pour CHICKENFOOT, MONTROSE, VAN HALEN... Même si j'ai été viré de ce dernier. Quand t'es tout seul, tout le monde te demande quoi faire, ça ne s'arrête jamais, et ça te vide pour écrire de nouvelles choses. Tu es en tête à tête avec toi même. Alors que quand je suis dans la même pièce que Joe Satriani ou Michael Anthony, un nombre incalculable d'idées me viennent en tête, c'est indescriptible combien être entouré de personnes aussi, voire plus créatives que moi m'est bénéfique. Pour tout ça, je n'aurais jamais imaginé pouvoir faire cet album solo sans tous ces invités.
Pour terminer, tu t'embarques dans une grande tournée célébrant tes 40 ans de carrière aux USA, as-tu pour projet de l'emmener en Europe ? C'est le cas, oui ! La seule chose qui m'en sépare est l'accueil de cet album en Europe pour attirer l'attention des promoteurs et qu'ils m'invitent. J’amènerai Denny Carmassi et Michael Anthony pour jouer les titres de VAN HALEN, j'ammènerai les WABOS, avec une première partie qui a un guitariste assez bon pour jouer du VAN HALEN ou du MONTROSE avec nous sur scène, comme je l'ai fait ici avecDave Meniketti de Y&T. Une demi-heure de MONTROSE, une demi-heure de titres solo, une demi-heure de VAN HALEN et une demi-heure de nouvelles chansons, j'adorerais faire ça ! Mais je ne comprends pas pourquoi on ne me demande jamais de venir en Europe quand je suis en solo. On y a fait une superbe tournée avec CHICKENFOOT, les promoteurs nous appelaient de tous les côtés... Peut-être que mes albums solos précédents étaient trop bizarres ? (rires) Je ne sais pas, peut-être qu'avec celui-là ils vont enfin craquer : "C'est bon, on abandonne, on t'invite Sammy !" (éclate de rire) J'espère vraiment que ça va se faire, la set-list que je joue en ce moment doit-être la meilleure de toute ma carrière, j'en suis très fier, j'espère que les gens en Europe pourront entendre ça !
L'album "Sammy Hagar & Friends" est disponible depuis le 27 septembre chez Frontiers Records.
01 - Winding Down
02 - Not Going Down
03 - Personal Jesus
04 - Father Sun
05 - Knockdown Dragout
06 - Ramblin' Gamblin' Man
07 - Bad On Ford and Chevrolets
08 - Margaritaville
09 - All We Need Is An Island
10 - Going Down (Live In Studio - Take 1)
Au sujet de l'auteur
Hugo Tessier
Décidemment né trop tard, Hugo Tessier cultive sa passion pour le rock depuis son plus jeune âge. Avec U2 et THE POLICE dans le biberon, son cœur penchera finalement pour le hard rock des eighties qui à son tour lui fera découvrir de nouveaux horizons musicaux.
Tantôt étudiant, musicien puis vendeur dans les festivals rockabilly, en septembre 2011 HARD FORCE le convainc de commencer à explorer les concerts de la région nantaise à peine avait-il déballé son unique carton dans sa chambre universitaire.
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