Un petit voyage dans les eaux plus ou moins troubles de ce «Poséidon» par DAGOBA m'aurait-il rendu immensément fier d'être chauvin ? Je me contenterai de n'être que moi-même, un auditeur parmi tant d'autres, prenant le temps d'inspecter la cargaison de ce navire, de vérifier si l'équipage dont on nous parle depuis des mois est suffisamment entraîné pour prendre le large. Nul besoin de revêtir un ciré jaune et des bottes, malgré le temps maussade au moment où j'écris, pour rentrer dans cet album, non ! La rythmique de «Dead Lion Reef» suffit à me convaincre d'écouter la suite de cet enchaînement de riffs bien lourds et gras où les temps morts se font rares. Chez les Marseillais, tout est dans la puissance, sans pour autant trop en faire. Chaque piste est une étape que je considère plus comme celle d'un abordage que d'une croisière : pas le temps de flâner, de se reposer, il faut combattre et vaincre, accompagné du très FEAR FACTORY «Degree Zero» après avoir laissé derrière moi le puissant «Columnae» et «The Devil's Triangle» où je n'ai pas, de justesse, été englouti, tant les vagues rythmiques sont absolument envoûtantes. L'instrumental «The Horn Cape» me fait penser que ce titre débutera à coup sûr les shows de DAGOBA : une pluie d'éclairage inondera la scène aux rythmes des toms du batteur Franky Costanza car, j'en suis pratiquement certain, il ouvrira le set des prochains concerts du groupe pour ensuite offrir le single «Black Smokers» dont le chant clair et mélodique montre les capacités vocales de Shawter, mécanique et harmonieusement agréable à l'oreille, un format trop court mais obligatoirement «radio edit» ! On coupe les moteurs et on hisse la grand voile : «Ha long», aux accents asiatiques, nous transporte en quelques secondes dans une descente en cascade avec un chant qui prend là toute son importance pour nous conter l'histoire de «Shen Lung», un autre single en puissance que je programmerais volontiers si j'étais aux manettes d'une émission de radio. Quand on apprend, il y a quelques semaines, que le batteur de DAGOBA a collaboré avec Tommy Lee pour l'album de METHODS OF MAYHEM, je ne suis effectivement pas étonné à l'écoute de «I Sea Red». Et pas seulement parce que Franky mène la cadence sur la totalité de «Poséidon» : cette impression perdure sur les deux derniers titres que sont «There's Blood Offshore» et «Waves Of Doom». Malgré son poids, «Poséidon» flotte confortablement dans l'univers du nouveau metal français et DAGOBA n'a rien à envier à ses grands frères LOUDBLAST et GORIJA. Si vous pensez que la croisière DAGOBA s'amuse, vous vous égarez, elle bosse fort !
