On connaissait "Rock Is Dead", "Rock'n'Roll Forever"... Mais "Rock 'n' Roll Is Black And Blue" ? Quelle est donc cette idée farfelue que Danko Jones a été nous dégoter là ? Pour l'heure, ce dont nous sommes certains c'est que c'est ainsi que le trio canadien a décidé de nommer son nouvel album paru à la rentrée 2012. Bon après, on a beau ne rien y comprendre, cela ne nous empêche pas d'y jeter une oreille ou deux non ?
«Rock'n'Roll Is Black And Blue», un disque tout en inspirations au carrefour où se rencontrent le classic rock (« You Wear Me Down »), le punk (« I Don't Care »), la pop (« Type Of Girl ») et le blues (parce qu'un carrefour à trois voies ça s'appelle une patte d'oie), le tout doté d'une approche qui n'en demeure pas moins subtile. Simple et recherché, fusion paradoxale mais on ne trouve pas mieux pour essayer de saisir le leitmotiv de cet album. Le groupe est tout simplement au top de sa forme, riffs qui font parler la poudre, lignes de basse saturées absolument démentielles, un batteur tout neuf dont l'agilité ferait pâlir un acrobate du cirque Pinder... En revanche, ce n'est toujours pas la voix de Danko qui vient épater, souvent soutenue par une poignée d'effets (le single judicieux « Just A Beautiful Day »), des choeurs massifs testostéronés (« Legs ») ou bien oestrogènés (« Get Up »), le frontman a visiblement préféré avantager son jeu de guitare plutôt que son travail vocal. Mais est-ce là ce que l'on recherche sur un album de Danko Jones ? Mieux, si l'album est bon, l'exploit n'est-il pas d'autant plus appréciable ?
Et quel son, quel son ! Avec un Mike Fraser indétrônable derrière les potards (qui a dû se sentir bien nostalgique en mixant « Always Away » à l'intro très « Thunderstruck »), la texture vintage des guitares est tout simplement monolithique, un coup de poing massif et franc qui ne tourne pas autour du pot, c'est in your face, à l'ancienne ! Une collaboration qui, espérons-le, reverra le jour sur de prochains travaux !
Notons également le petit twist de fin « I Believed In God », grande révélation inattendue d'un Danko Jones jouant les évangélistes, soutenu par une chorale gospel, chantant sa déception amoureuse et religieuse : « Quand elle est entrée dans la pièce j'ai cru en Dieu, mais ce dernier est démoniaque, car elle n'a pas voulu de moi ! ». Un combo inattendu qui fonctionne tellement bien que l'on en regretterait presque que les traits ne soient pas plus grossis et exacerbés, même si le morceau se fend tout de même d'une outro dédiée (à l'orgue !), mais que voulez-vous, quand c'est aussi bon, on en veut toujours plus !
«Rock'n'Roll Is Black And Blue» est un album comme on les faisait au bon vieux temps, un album dont on en ressort pas indemne, ou grâce à un peu de chance, avec un simple oeil au beurre noir... et bleu !
