
Grande lionne à la chevelure feu et au rugissement éraillé, Dallas Frasca n’'en est pas à son coup d'’essai en dehors de son Australie natale mais compte bien encore laisser la trace de ses talons sur quelques derrières européens avec son deuxième album intitulé « Sound Painter ».
Un album champs de bataille sur lequel les influences de Dallas Frasca s'’affrontent en faisant vibrer une fibre musicale tiraillée de tous les côtés par des sonorités toutes aussi exquises les unes que les autres, le rock’'n'’roll, le blues, la soul, le hard-rock, l’'habilité de tout faire cohabiter et de créer cette grande effervescence sans tomber dans le gros bordel auditif est la première chose qui frappe lors de la découverte de ce brûlot.
L'’écoute se dessine en une véritable montagne russe ainsi on passe du single « All My Love » très accessible, à « One Man Woman » qui sort de derrière les fagots et ne demande qu'’à vous dévisser la tête en live, en passant par l’'interlude funk « Going Back Row » ainsi que la délicieuse « Aint No Fury », ballade acoustique planante qui clôture cette expérience de 11 titres défiant toute conception de l’'album rock lambda que l'’on connait.
Le trio en lui-même est une curiosité, à commencer par l'’absence de bassiste, derrière la chanteuse se cachent le batteur brutal Peter McDonald, mais aussi et surtout Jeff Curan, un guitariste absolument stellaire qui efface totalement le poids de l’'absence de la 4 cordes. Le son de guitare de l’'artiste est pratiquement inédit, compressé, fouillis…... Digne de l'’audition d’un vieux rockeur à moitié sourd, mais absolument dément. Sa technique n'’est également pas en reste car pour faire sonner un riff aussi simple que celui de « Hey Mamma » ou taper un solo comme sur « Anything Left To Wonder », il faut en avoir sous la casquette !
La production signée Andy Baldwin vaut également le coup d’'être soulignée, car elle s'’impose ici en 4ème instrument tellement elle est efficace et les finitions crasseuses et maladroites qu'’elle apporte embellissent un travail de composition très poussé qui tombe toujours du bon côté de la plaque. La prise de voix, très proche et organique, véhicule une sensation d’'énergie très rare en ces temps technologiques, sans compter l’'enregistrement de l'instrumental visiblement opéré dans des conditions live, car le feeling qui parcourt « Sound Painter » est bien là, et jamais un album n’'a aussi bien porté son nom !
Si un peintre pose ses aplats avec délicatesse, Dallas Frasca vous balance ses pots de peinture en pleine poire et s'’inscrit dans un style difficile à saisir si bien que l’'amateur de soul peut y trouver son compte à la même enseigne que le metalleux un tant soit peu ouvert d’'esprit. Un album qui marque assurément ce début d’'année. Quand à mon derrière, il va mieux, merci.