Cinq ans que les Suédois NAGLFAR n'avaient pas pointé le bout d'un microsillon sans que toutefois cela ne dérange la plupart des fans de la première heure. En effet, leurs deux derniers albums en date, «Pariah» et «Harvest» avait laissé sur leur faim ceux qui voyaient dans ce groupe une figure de proue du black mélodique à la suédoise.
Cinq ans aussi pour le groupe afin de passer de cinq à trois membres : Peter Morgan Lie, le batteur des débuts devenu bassiste, ainsi que Matthias Grahn, celui qui prit sa place derrière les fûts, se sont vus pousser vers la sortie afin que seuls restent les membres totalement investis dans NAGLFAR. «Si ton oeil est susceptible de te faire pêcher, arrache-toi l'oeil !» c'est comme ça ! Du coup, dans ce jeu de chaises musicales, nous avons deux membre! s fondateurs en la personne de Kristoffer Olivius, qui fut bassiste en son temps avant de devenir chanteur, Andreas Nilsson, guitariste de toujours et enfin Vargher, le petit dernier aux six-cordes. Gageons que cette nouvelle donne porte ses fruits. C'est en tout cas l'impression que donne cette sixième galette appelée «Teras» avec ses neuf titres bien ficelés et briqués comme une voiture neuve.
«Teras» c'est un peu la somme de tout le meilleur que peut produire NAGLFAR et le triumvirat qui contrôle désormais le navire a eu les coudées franches pour imposer leur vision et produire un opus étalon pour l'avenir. Accompagnés de l'ancien BEWITCHED, Marcus E. Norman, qui s'occupe de la basse et des claviers, on retrouve aussi l'incontournable Dirk Verbeuren à la batterie. Sa frappe chirurgicale s'accorde tout à fait à l'écriture pointue, aux harmonies glaciales et aux mélodies au souffle épique qui siéent à NAGLFAR.
Le titre éponyme qui ouvre l'album nous glisse de manière solennelle dans une procession noire avant de déboucher dans un torrent de notes et de blast sur «Pale Horse» qui suit. Véritable architecture de mélodies et de puissance purement suédoi! se : un black metal moderne et mature ; alternance assumée de passage mid-tempo et d'envolées brutales, desquelles s'échappent des chorus mélancoliques.
Le chant de Kristoffer «Wrath» colle décidément bien à l'ensemble ; sa voix écorchée pénètre sans jamais prendre le pas sur la musique. Le travail de production est superbe ! Les neuf titres de «Teras» sont homogènes mais aussi très riches, tel «Bring Out Your Dead» qui pourrait presque passer pour une chanson de ACCEPT si le chant s'y était accordé. Un titre assez heavy somme toute qui montre à quel point NAGLFAR flirte avec la limite sans jamais perdre le front du black metal.
Mais qui dit swedish dit forcément emprunt de textures puisées dans l'âge d'or des 80's. «Invoc(H)ate" promet, elle, de faire fureur en concert à grand renfort de blast survitaminés et surtout un refrain pour que le frontman tienne le public dans sa main.
L'épique «Dying Flame Of Existence» clôt l'album et rejoint la procession de l'intro afin de boucler la boucle.
Démonstration est faite de la maîtrise dont est capable le groupe. Alors certes, cela ne plaira pas à tout le monde mais au final, «Teras» est un très bon album !
Savoir si la parenthèse créative de NAGLFAR a porté ses fruits et a permis d'accoucher de l'album le plus puissant possible, selon le souhait de Kristoffer Olivius, la réponse est certainement oui, ou courir à une surenchère perpétuelle stérile. «Teras» ne révolutionne pas le genre mais remplit son contrat. A noter aussi la magnifique et cauchemardesque illustration de cover, signée Niklas Sundin qui a travaillé pour DARK TRANQUILITY, IN FLAMES, ARCH ENEMY et AT THE GATES.
