22 janvier 2013, 0:00

Steve Lukather : "Transition"

Album : Transition


Est-il besoin de le rappeler : Steve Lukather est non seulement l'un des piliers fondateurs de TOTO dont il fut la voix et l'un des principaux compositeurs, mais aussi un très grand guitariste contemporain. Il a également travaillé sur plus d'une centaine de disques d'artistes aussi célèbres et divers que Leo Sayer, Boz Scaggs, Alice Cooper, Barbra Streisand, the Pointer Sisters, Cher ou encore Cheap Trick et ce, rien que dans les années 70. C'est, par ailleurs, non seulement un musicien d'exception mais, pour avoir eu le plaisir de l'interviewer il y a quelques années, un personnage à la fois gentil, humble, et très abordable.

Fidèle à TOTO jusqu'à la fin de la carrière du groupe et au brillant dernier album sorti en 2006, « Luke », pour les intimes, a eu également une carrière solo en parallèle, plus confidentielle mais suivie de près par un noyau de fans fidèles. Cette discographie solo est un peu en dents de scie et moins intéressante que celle de Toto mais son point d'orgue reste néanmoins « Candyman », en 1994. C'est, sans doute l'album le plus réussi, écrit en pleine période de doute pour TOTO, où l'influence de Lukather se faisait des plus pressantes après la disparition brutale de Jeff Porcaro deux années auparavant.
 
Son précédent album, « All Is Well That Ends Well », sorti en 2010, fut une très belle surprise après la relative déception de « Ever Changing Time » qui mettait pourtant un terme à plus de dix ans de silence discographique solo. Renouant avec les grandes heures de « Candyman », c'était un disque plutôt « heavy », très efficace et réjouissant de bout en bout.
 
Qu'en est-il des neuf titres qui composent ce « Transition » ? N'y allons pas par quatre chemins : c'est une réussite qui, sans être une révolution (ni même une quelconque « transition »), réussit néanmoins l'amalgame entre technicité et mélodies avec aisance et fluidité. Si l'introduction, « Judgement Day », évoque « Ever Changing Time », la comparaison s'arrête là très vite grâce à un refrain imparable et une construction beaucoup plus élaborée, avec un pont et un solo de guitare des plus réussis. Lukather démontre une fois de plus, tout au long de cet album, son aisance à aborder les styles les plus divers avec le même bonheur. Ainsi « Creep Motel » ou « Rest Of The World », rappellent, l'influence du Blues dans sa carrière. « Once Again » ou « Right The Wrong », quant à elles, s'inscrivent dans la grande lignée des ballades « West Coast », avec arrangements somptueux et refrains imparables rappelant, si besoin était, que leur auteur fut aussi celui de tubes intemporels tels que « I'll Be Over You » ou « I Won't Hold You Back ».
 
La technique n'est pas en reste, loin s'en faut, Luke est toujours aussi à l'aise dans un registre à la fois pêchu, mélodique et ultra accessible (« Do I Stand Alone », « Last Man Standing ») que dans des approches plus élaborées. Ainsi, « Transition » est un morceau presque progressif qui renoue avec la grande tradition « lukatherienne » : une prouesse musicale qui ne verse à aucun moment dans la démonstration stérile et sans âme. Enfin, c'est avec une reprise instrumentale toute en délicatesse de « Smile », de Charlie Chaplin que s'achève ce très bon album. Bien sûr, le maître est entouré de la fine fleur des requins de studio : Leeland Sklar, Nathan East et Lenny Castro en tête ; tout cela est donc remarquablement interprété, arrangé et produit.
 
Bref, bien que moins « rock » que son prédécesseur, « Transition » brille par sa limpidité et la qualité très homogène de ses compositions. Une réussite incontestable qui laisse songeur après tant d'années de service et qui prête à imaginer à quoi ressemblerait une reformation de TOTO. Une chose est sûre : avec un frontman de cette trempe, le groupe aurait encore de beaux jours devant lui...

Blogger : Pierre Graffin
Au sujet de l'auteur
Pierre Graffin
Un samedi de 1983, un concert diffusé aux "Enfants du Rock", sur Antenne 2 (cela ne nous rajeunit pas !) : une tournée de GENESIS, celle de l'album où figure "Mama", titre qui fut élu, en son temps, le plus "heavy" de l'année par la presse "hard rock" (le terme "metal" n'était pas encore tellement de mise !) unanime. J'ai su, ce soir-là, ce que j'avais toujours voulu entendre sans jamais pouvoir le définir. A suivi une longue quête, éternellement inachevée, du "Saint Graal" musical. HARD FORCE, avec BEST puis, plus tard, ROCKSTYLE, furent autant de bibles pour moi dans cette soif de connaissance. C'est grâce à eux, notamment, que mes goûts, d'abord très "prog'" s'élargirent à d'autres horizons, du hard mélodique à des répertoires plus "heavy". Ce sont eux, aussi, qui m'ont inculqué l'envie d'écrire pour la musique (ROCKSTYLE, PROGRESSIA...).
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1 commentaire

User
Pascal Roy
le 10 août 2019 à 04:32
Absolument d’accord.
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