On savait bien que Paul Gilbert était un guitariste et un compositeur excellent. Il suffit d'écouter les albums de RACER X, speed metal et solos shreddés à tous les étages, ou ceux de MR BIG, bardés de tubes beaucoup plus mainstream, pour s'en rappeler.
Instrumentiste hors pair, le sieur Gilbert a également traîné sa guitare sur une palanquée d'enregistrements, des compils, des hommages, sans compter ses nombreux albums solos. C'est qu'il a commencé tôt le gonze.
Avec « Vibrato », son douzième album solo, c'est une nouvelle facette de son talent qui apparaît : le monsieur chante cette fois sur quatre morceaux et demi (il y en a un où il partage...), et il a bien progressé le bougre, comme on a pu s'en rendre compte lors du concert londonien pour les 50 ans des amplis Marshall.
Attention, les fans de l'écurie de Mike Varney, celui qui a mis à la lumière tant de tricoteurs de manche, pourront être un peu déstabilisés par le contenu de l'album.
On est ici assez loin du metal, c'est rock, blues, jazzy, un peu prog même, avec quelques touches funk. Du varié. Et même si on n'est pas guitariste, il y a de quoi s'y retrouver.
Au total Gilbert alterne quatre vraies chansons et quatre instrumentaux, dont le « Blue Rondo A La Turk » de Dave Brubeck, avant de clore sur trois titres live enregistrés lors de concerts en 2010, pendant sa précédente tournée.
Ca pourrait faire penser à un MR BIG un peu barré jazz rock, à des trucs de Steve Vai, Zappa même, sans les sons bizarres. Pour cet album, Paul Gilbert s'est entouré de Madame, qui n'est pas venue faire de la figuration aux claviers, de Thomas Lang à la batterie (élu meilleur batteur dans de nombreux magazines de batterie à un moment ou à un autre), et de Kelly LeMieux à la basse, un session-man qui a accompagné Dave Mustaine entre autres.
Autant dire que ça joue sévère du début à la fin, et que même si quelques morceaux retiennent tout de suite l'attention, il faut plusieurs écoutes pour arriver à tout digérer, à apprécier la richesse des compositions. Un peu plus d'une demie heure de bonne musique, de quoi passer un très bon moment.
Ca commence avec « Enemies (In Jail) » où l'on découvre la voix de Paul Gilbert. Un titre mid-tempo avec du vibrato dans le thème principal (normal vu le titre de l'album), de jolies harmonies vocales, des breaks bien balancés et pas trop de solos. C'est sûr que les passages instrumentaux sont bien présents, mais ce n'est pas pour déplaire.
On continue avec un instrumental très agréable au son peu saturé, un poil prog, parsemé de breaks jazz. Ce n'est pas du metal, mais bordel qu'est-ce que ça joue. « Vibrato » est une chanson funky avec un rythme et un solo de guitare bien rock, quelque chose qui fait taper du pied et peut faire penser à certains titres d'EXTREME.
Arrivent un autre instrumental sans beaucoup de saturation (qu'est-ce que ça aurait été), puis un bon gros blues avec d'énormes solos, un morceau qui n'est pas sans rappeler l'énorme « Since I've Been Lovin' You » de LED ZEPPELIN. Paul Gilbert a grandi dans les années soixante-dix, et il n'est pas passé à travers toute la soul qui était programmée à l'époque sur les ondes américaines (autre chose que ''Stop ou Encore'' sur RTL chez nous).
« Atmosphere On The Moon » est une perle de Philadelphia Soul... Langoureux, avec de jolies mélodies vocales, (mais on a le droit de ne pas aimer), et un putain de son de guitare.
La partie studio s'achève avec un dernier instrumental en guise de générique de fin.
Sur scène, Paul Gilbert joue avec un casque pour se protéger les feuilles, mais on s'en fout parce qu'il joue bien. « Vibrato » s'achève donc avec trois titres live. Il y est entouré de Tony Spinner, guitariste épaulant Steve Lukather sur quelques tournées de TOTO et par ailleurs excellent chanteur, de Jeff Bowders à la batterie et du bassiste Craig Martini.
Au programme, « Roundabout », une reprise de YES, que Gilbert n'aimait pas quand il était jeune, quand il ne voulait que de la distorsion, un blues de Willie Dixon avec enfilade de solos monstrueux sur la fin et puis, le terrible « Go Down » des kangourous d'AC/DC, ce shuffle ultime, ''la meilleure chanson du monde'', selon Paul Gilbert.
On n'est pas loin de le penser.