Ce n'est un secret pour personne : après l'âge d'or que constitue la période « Korn » - « Follow The Leader » (94-98), KORN s'était un peu essoufflé. Pas sur scène, où l'énergie de Jon Davis & Co était intacte, mais sur album. Même si le groupe de Bakersfield était toujours capable de composer d'excellents titres, impossible de retrouver les fulgurances de ses trois premiers CD qui ont créé un genre, parfois imité, jamais égalé. Cela étant, KORN pourra se targuer de ne pas avoir commis d'impair flagrant en vingt ans de carrière, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Bref, jusqu'à l'incursion Dubstep de « The Path Of Totality » (2011), autant appréciée par certains que décriée par d'autres, ses albums n'étaient plus très inspirés. La source s'était, semble-t-il, tarie.
C'était sans compter sur l'électrochoc Brian "Head" Welch, de retour huit ans après avoir rencontré Dieu et s'être, entre-temps, lancé dans l'aventure en solo avec LOVE AND DEATH. Un come-back longtemps espéré et effectif depuis cet été qui marque la quasi-reformation du line-up originel de KORN en même temps que le retour de l'inspiration. Avec ce onzième album qui le repropulse directement en première division, le sextette (on peut considérer le clavier Zac Baird, présent en live depuis 2006, comme le sixième membre du groupe), est revenu aux fondamentaux, mais avec des années d'expérience en plus. Soit plus de violence, de maîtrise et de mélodie.
De "Prey For Me" qui ouvre l'album à "Punishment Time", en passant par l'entêtant "Love & Meth", "Paranoid And Aroused", "What We Do", le 'sombre' "Mass Hysteria", "Spike In My Veins" ou le plus nuancé "Lullaby For A Sadist", « Paradigm » n'a pas un seul titre faible. La bonne nouvelle pour les déçus du premier single, le pourtant hypnotique ''Never Never'' et son clip magnifique, c'est que ce morceau teinté Dub est le seul véritable lien avec « Path Of Totality ». Un clin d'oeil de Jon sans doute.
Alors bien sûr, il y en aura toujours pour trouver que la structure prévisible des chansons (refrain, ponts) et leurs mélodies ainsi que le choix de Don Gilmore (LINKIN PARK, Avril Lavigne) à la production cachent mal les intentions du groupe de passer en radio (américaine !). Il y en a même qui répéteront une fois encore que Ray Luzier n'a pas le groove de David Silveria. Rappelons-leur : 1. qu'il s'agit d'une époque désormais révolue (libre à eux de n'écouter que les albums avec son prédécesseur) ; 2. que Luzier met son jeu au service de KORN, il n'est pas là pour copier Silveria et se conforme à ce que Davis attend de lui : être une machine, plus en phase avec le KORN actuel. Toujours pas convaincu ? Un petit moteur de recherche sur le Net en tapant KXM, projet solo réunissant Doug Pinnick, bassiste et chanteur de KING'S X, George Lynch de DOKKEN à la guitare et Ray devrait les faire changer d'avis sur son « manque de groove ». Fin de l'aparté.
En un mot comme en cent : les leaders sont de retour, ils se sont finalement souvenus de qui ils étaient... et PUTAIN, QU'EST-CE QUE ÇA FAIT DU BIEN !!!
