8 décembre 2013, 15:10

SEVEN - 7 péchés capitaux, un musicien : Raphaël Mercier (MASS HYSTERIA)


© Rafaël Lobejon

De Raphaël Mercier, batteur historique de MASS HYSTERIA, on connaît la frappe et la passion jamais démentie pour le Metal. C’est aussi l’un des rares musiciens de ce niveau et de ce gabarit à qui l'on peut dire : « Ta g(h)oul(e) ! » sans risquer de se prendre un coup de boule ou de se faire satelliser, tant il reconnaît faire une fixette sur GHOST. Oui, mais que sait-on exactement de l'homme derrière les fûts ? Pas grand-chose. Séquence "découverte" à travers les sept péchés capitaux revisités. Raphaël est demandé au confessionnal…

1. L'ORGUEIL

Dirais-tu que tu as déjà eu le melon ?
De pense que prendre le melon, ça arrive à tous les musiciens. Quand on te répète tout le temps que tu es le plus beau et le meilleur, tu finis par le croire un peu. Mais dans l’ensemble, ça a été bien géré car chez MASS, on a toujours eu des gens – la famille, l’entourage proche du groupe – avec les pieds sur terre pour nous remettre à notre place. On ne s’est jamais pris pour ce que l’on n’est pas... Avec les années, je pense être devenu plus cool qu’avant. Après, je peux parfois paraître un peu inabordable mais on a le droit d’être timide, même si on fait 1,87 m et que l’on est un grand balèze (sourire).
 
Y a-t-il des musiciens internationaux que tu as rencontrés qui t’ont déçu parce qu’ils se la pétaient ?
Dans l’ensemble, je crois que c’est bien de ne pas rencontrer les musiciens que l’on aime. Je suis super fan de Gene Simmons de KISS, par exemple, mais je ne suis pas certain qu’on serait copains. Quand on a croisé METALLICA vite fait, je n’ai pas été déçu. Mais ce sont des méga superstars, ce n’est pas le même monde. Un qui doit être cool en vrai mais qui est d’un abord… rude, c’est Kerry King de SLAYER. 
 
Ta plus grande fierté ? 
Etre batteur de MASS HYSTERIA, évidemment !
 

2. L'AVARICE

© Christian Ballard

 
Quel est ton rapport à l’argent ?
Je ne flambe pas mais je n’ai jamais réussi à mettre d’argent de côté. J’aime bien traîner avec les potes, boire des coups, faire des cadeaux quand je peux aux copains et aux copines. Comme tous les groupes français, quand on tourne, tout va bien, mais après, avec notre musique, ce n’est pas le nombre de passages en radio ni à la télé qui nous permet de vivre. Comme je n’ai pas du tout envie de cachetonner et de jouer avec des musiciens qui ne m’intéressent pas, je préfère bosser à côté. De toute façon, ça reste dans le domaine de la musique. Et puis je donne des cours de batterie, c’est plus mon kif. Pendant seize ans, je n’ai fait que MASS HYSTERIA et avec la crise du disque, les revenus ont chuté. C’est une période difficile pour tout le monde dans ce pays. 
 
Quel est le plus beau cadeau que tu t’es offert ?
Certainement un collector KISS. Je suis super content aussi de mes picture-discs GHOST. Et puis il y a ma batterie, la Pearl 50e anniversaire offerte par le groupe. 
 
Si une marque de batterie, de cymbales ou d’accessoires qui ne te branche du tout te proposait un gros chèque pour t’endorser, tu accepterais quand même ? 
Je ne pense pas. C’est comme certains groupes assez connus qui m’ont proposé de les rejoindre : ça ne m’intéresse pas. Je suis fidèle à mes sponsors et à MASS depuis vingt ans.
 
© Anthéa Bouquet
 

3. L'ENVIE

En mode "Dans la Peau de John Malkovich", tu peux passer une journée dans celle d’un musicien que tu adores. Qui choisis-tu ?
J’avoue que passer deux heures dans la peau de James Hetfield sur scène ou du God of Thunder (Gene Simmons), ça me ferait bien envie si c’était possible. Ça pourrait être fun... 
 
Quel talent rêverais-tu d’avoir ?
J’aimerais être un très bon guitariste. J’ai acheté ma première guitare il y a six mois. Il faudrait que je prenne des cours, pas nécessairement avec les gratteux que je connais parce qu’ils n’ont pas forcément le temps ou ne sont pas pédagogues. Ça me plairait de bien jouer, que ce soit pour composer ou juste pour moi, pour rigoler. 
 
Tu as des idoles ?
Avant, j’avais des idoles, qui faisaient figures de symbole (sourire) : James Hetfield, Gene Simmons, Malcolm et Angus, Stewart Copeland (POLICE)… Mais je ne les ai jamais idolâtrés, ce sont juste des gens que j’admire. Hetfield, c’est un guitariste de folie, un compositeur incroyable et, sur scène, il a un charisme fou. A l’époque d’Hard-Rock Mag, à chaque fois que je le voyais en couverture, j’avais envie d’acheter le numéro. Quand ils ont sorti « Master », j’avais l’impression que ça aurait pu être mon pote. Je l’admirais et je me disais : « Si ça se trouve, on est pareils. ».
 
Tes batteurs préférés…
Il y en a un paquet : Phil Rudd, Copeland, Jason Bonham, Clive Burr, Nicko McBrain, Dave Lombardo, Vinnie Paul… Aujourd’hui, il y a plein d’excellents batteurs, de très bons techniciens, de gros tueurs. Ça va super vite, ça fait des plans dans tous les sens, mais je trouve qu’il y a moins de personnalité que chez ces batteurs-là. Je suis allé voir BLACK SABBATH il y a quelques jours. Evidemment, Tommy Clufetos est hyper impressionnant, mais j’ai trouvé, même si je suis peut-être le seul, qu’il manquait le groove bizarre et barré de Bill Ward. C’est la seule remarque que je ferais sur le concert parce que c’était génial de les voir enfin avec Ozzy et ils étaient plutôt en forme. 
 
La partie de batterie que tu aurais aimé écrire ? 
Il y en a certainement d’autres, mais spontanément, c’est "Angel Of Death" de SLAYER que j’écoutais ce matin qui me vient à l’esprit. Quand c’est sorti, je me repassais tout le break avec la double et les toms. La fin, je trouvais que c’était la puissance absolue.

4. LA COLERE

 
© Christian Ballard

 
Tu as déjà pété un câble sur scène ?
D’une certaine façon, je pète les plombs en jouant. Aux débuts du groupe, ça pouvait m’arriver de criser. Je dois reconnaître que je suis assez colérique. Mais ça va mieux ces derniers temps, je me calme. C’est un peu devenu une rigolade avec les backliners. Ils savent que je suis tellement maniaque que s’il y a quelque chose de travers sur scène, ça peut vite m’énerver. Des fois, je peux passer 25 minutes à régler une cymbale exactement comme je veux qu’elle soit. Tous les jours, tu changes un peu tes réglages parce que tu n’es pas la même personne. Il y a des gens qui ont du mal à comprendre… Je suis peut-être un petit peu psycho-rigide là-dessus. 
 
Tu t’es déjà battu ?
Jamais, à part quand j’étais gamin. Je déteste ça, ça ne sert à rien. Je trouve ça très con, ça peut être dangereux et ça peut dégénérer. Je me connais, si un jour je pète un plomb et que j’attrape quelqu’un, ça pourrait faire très mal. 
 
Au quotidien, qu’est-ce qui te soûle ?
Les impôts, comme tout le monde en fait (rires)… Il y a aussi les branleurs en région parisienne, les cailleras, et la connerie des gens en général. C’est assez impressionnant le manque de civisme actuel, les gens qui te marchent dessus et ne font même pas attention à toi. Et puis la maltraitance humaine, les esclavagistes modernes, ce qui touche aux droits de l’homme…
 

 

 

 

 

5. LA LUXURE

Ton "maître" Gene Simmons a toujours dit qu’il s’était mis à la musique pour se taper un maximum de filles. C’était aussi une de tes motivations quand tu as commencé ?
J’ai toujours trouvé bizarre les mecs qui disent qu’ils se sont mis à la musique pour se faire des meufs. Ça aide certainement mais pour moi, la musique est avant tout un exutoire. J’ai toujours enchaîné les relations assez longues avec mes copines. La luxure, oui, mais je suis fidèle (rires) ! J’adore ça mais je n’ai pas besoin d‘aller voir ailleurs. J’ai un peu de mal avec les groupies parce que si tu veux une relation de qualité avec une meuf, en général, ce n’est pas le premier soir. Et le côté : « Je baise avec toi parce que tu es dans un groupe connu », ça me gêne. Je préfère discuter de musique avec les gens après les concerts. Je suis heureux dans ma vie avec ma meuf. Je ne dis pas que ça ne m’est pas arrivé quelques fois, il y a longtemps, d’aller avec une groupie, mais je ne suis pas Gene Simmons ni MÖTLEY CRÜE. Dans MASS, on n’a pas tous encore 40 ans mais tout le monde est rangé des voitures et a des gamins, sauf moi pour l’instant. Il y a certainement toujours des petites meufs qui aimeraient bien, mais trop tard, fallait venir avant (rires) ! 
 
C’est qui ton sex-symbol ?
A part Casimir (sourire) ? Question difficile, il y a tellement de belles femmes… C’est un peu banal mais on a du mal à rester de marbre devant une nana comme Charlize Theron. Alors effectivement, si j’étais célibataire et si j’avais l’occasion de passer la soirée avec elle ou de taper le bœuf avec mes musiciens préférés… le bœuf, il ne durerait pas trop longtemps (rires).
 

6. LA GOURMANDISE

De quoi es-tu gourmand ?
J’aime profiter de la vie, prendre au maximum. J’aime bien manger – les pâtes, le couscous, la cuisine thaï, la cuisine française traditionnelle… J’aime la bonne bouffe, le bon pinard, les bons alcools. Je suis un bon vivant. Boire des coups avec des potes en écoutant de la musique, en regardant des concerts ou des DVD, faire des blind-tests, aller au cinéma…
 

7. LA PARESSE

© Christian Ballard

 
Avec du recul, dirais-tu que tu as toujours autant travaillé la batterie que tu l’aurais dû ou as-tu eu des périodes de flottement ?
J’ai fait l’école de batterie pendant six ans, on bossait comme des malades et même si c’était du huit heures par jour, il y a quand même des trucs que je regrette de ne pas avoir plus travaillé à l’époque. Maintenant, je n’ai plus le temps. Ce n’est pas dans ma nature de rester glander au lit jusqu’à midi, j’aime bien être actif. J’ai eu aussi de longues périodes où j’étais un branleur total, à l’époque de l’album noir (« Mass Hysteria » sorti en 2005, NDJ). Je faisais la teuf et je me suis laissé aller à pas mal de conneries. Maintenant, je ne veux plus perdre de temps. Je regrette de ne pas avoir passé le dernier examen de l’école de batterie, le prof n’arrivait pas à réunir le jury de fin d’année, ça a repoussé, repoussé, repoussé. C’est là que j’ai rencontré les mecs de MASS et j’avais envie de jouer de la musique plutôt que continuer à m’abrutir avec le côté scolaire, les méthodes, les partitions…
 
Pourquoi la batterie ?
Enfant, je tapais sur des bidons, des barils de lessive et quand il y avait une fête foraine, mes parents m’achetaient souvent un petit tambour pour gamin. J’adorais ça. Le déclic, c’est quand je suis allé voir Le Grand Orchestre du Splendid avec mes parents. Je devais avoir 9 ans, ils jouaient "Les Explorateurs" sur deux batteries et j’ai flashé. C’est à cette époque que j’ai commencé à écouter AC/DC, Kiss… La première fois que j’ai entendu "Live Wire" d’AC/DC, j’ai su que c’était ça que je voulais faire. 
 
Tu joues combien d’heures par semaine ?
Entre 2 et 3 heures par jour. Quand je ne répète pas avec le groupe, je donne des cours et quand il y a des concerts, ça peut être plus. Le problème à Paris, c’est que je ne peux pas avoir de batterie chez moi à cause du voisinage. J’en ai une électronique mais ça gêne quand même les voisins. Je regrette de ne plus être en province et de ne plus pouvoir jouer autant d’heures que je veux. J’aime bien me faire des plans où je prends des skeuds, je fais beaucoup ça avec GHOST, je mets le casque et je joue par-dessus. Je suis batteur de MASS HYSTERIA, mais je redeviens un gamin qui joue sur des disques en se prenant pour quelqu’un d’autre.
 
Tu es bien paresseux pour quelque chose, non ?
Pour la paperasse, je suis un gros procrastinateur. Par contre, faire le ménage, ça ne me dérange pas.
 
Le prochain MASS, c’est pour quand ?
2015 je pense. On a commencé à composer. Ça devrait être un peu plus violent que « L’Armée des Ombres ».
 
 
© Rafaël Lobejon
 
 
Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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