12 janvier 2014, 11:37

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les festivals... Sans jamais oser le demander


Souvenez-vous du temps où la France équivalait à peu près au Nicaragua ou à l'Afghanistan en termes d'organisation de festivals. Oui, oui il y a juste dix ans, après que les tentatives d'instaurer des "Monsters of Rock" français à l'aube des 90's ont fait pschitt ! Si vous n'étiez pas encore (concer)nés, pas grave : trop jeunes pour savoir, mais pas trop vieux pour apprendre.  Sauf qu'en repensant à notre ex Désert des Tartares musical, on a envie de remercier Hellfest,  Motocultor, Raismes Fest et autres Mennecy Metal Fest d'exister pour notre plus grand plaisir. Sans oublier le Main Square, qui cette année met le paquet côté décibels enflammés. Désormais la France ne peut plus se plaindre d'être l'éternelle oubliée du Metal. Et son public se voit même confronté à des problèmes de riches, comme savoir quel festival choisir. Pour autant, si le Hellfest déjà fort de  110 000 préventes devrait afficher complet vu son affiche de feu, d'autres festivals tirent la langue pour arriver à l'équilibre et pouvoir "remettre ça", d'une année sur l'autre. Ce qui suit s'adresse donc à ceux qui résistent encore à l'esprit Festival : Aidons-les à faire le bon choix !


On me dit que des metalleux se sont glissés dans la salle…
Vous pouvez rester.

N'empêche que, on ne m'ôtera pas de l'idée que certains d'entre-vous ont eu une attitude parfois tout à fait hostile au sujet des festivals d'été*. Faisant leur enfant gâté malgré des programmations à se pâmer et trouvant toujours à redire devant l'absence de LEUR groupe au milieu de 120 ou 150 autres…voir ainsi les débats récurrents sur l'absence de tel ou tel au Hellfest ou au Sonisphere par exemple. Pour diverses raisons, le second n'aura pas lieu cette année et d'aucuns, -prétendument fans de Metal- crurent bon de s'en réjouir sur les forums et les réseaux sociaux. On a quand-même eu honte pour eux, jusqu'à se demander si, comme la droite française, les metalleux français n'étaient pas les plus bêtes du monde ? Et s'ils méritaient vraiment l'avalanche de Fests indoor et open air qui de nos jours leur croule dessus...

Prenons ainsi le cas des fans d'Iron Maiden. Combien en ai-je entendu au fil des ans grogner, chougner et ronchonner que pour eux, hors des concerts en salle point de salut, que les festivals n'étaient pas de vrais concerts, qu'il fallait se taper la queue aux vespasiennes, le trajet jusqu'au site, trouver un hébergement et que lundi y'a école, sans oublier la pluie. "Et vraiment, je préfèrerais un petit coussinet sur mon siège à Bercy". "Et sinon dans ton thé, un nuage de lait ?" Bref, j'en passe et encore je vous l'ai faite courte.

Mais ami metalleux, toi qui, si je ne m'abuse était au départ quand-même un peu "Born to be wild",  -ou alors tu t'es gouré de scène!-, on dirait parfois que l'âge aidant, ou plutôt n'aidant pas, c'est devenu trop fort et toi trop vieux ! Bref, là tout de suite, tu préfères monter le chauffage et te renfoncer dans ton canapé. Si c'est pour me dire "tu comprends avec les mômes…", passe ton chemin direct, des mômes j'en ai aussi et je m'arrange chaque année pour faire au moins trois festivals. Tu sais, ces endroits qui te permettraient de socialiser, découvrir de nouveaux groupes, ou éventuellement tester de nouvelles sortes de bières -on ne sait plus par où les attirer, nos récalcitrants à l'esprit Fest, mais une chose est sûre : pas avec du vinaigre- Surtout tu pourrais y retrouver l'esprit de ta jeunesse et ça, il me semble que ça ne pourrait pas te faire de mal.

Tu vas me dire c'est cher, tu vas me dire ma femme veut pas, tu vas me dire chuis fatigué, tu vas me dire… tellement de conneries que je vais faire un grand effort pour rester zen et sourire extérieurement tout en tentant de trouver les dix arguments (commandements ?) pour te convaincre. Si au passage, j'arrive à te dérider, n'hésite pas : tu commençais à ressembler à Balladur.

© 2013 Fred Moocher


1) "En festival il pleut."
Certes, cela arrive, mais rassure toi, il paraît qu'en Bretagne** il ne pleut que sur les cons…ça te laisse peut-être une chance d'éviter la drache en  slalomant vite, vite entre les gouttes ! Nan, j'déconne…Mais écouter en 2012 la voix d'Ozzy  en plein déluge, qui déraille tel son "Crazy train" chéri, ça vous a un petit avant-goût d'Apocalypse qui n'est pas fait pour nous déplaire. Hé, on est en festival Metal ou bien à une réunion Tupperware ?

2) "Mais moi, voir Maiden ou Kiss à minuit, dans un champ de patates où ki fait froid et tout bof…"
Alors là, je vais te surprendre, mais pour avoir vu Maiden 36 fois au dernier pointage, -si je ne me goure pas et en tenant compte des variables saisonnières- laisse-moi te dire que le son a souvent été meilleur en plein-air qu'en salle. Rien que le souvenir du son des guitares à Bercy en 2013 me hérisse encore le poil, alors que celui du Sonisphere était aux petits zoignons, et que je me suis retrouvé au 2e rang sans même l'avoir cherché. Maintenant si vraiment tu as besoin de ton petit confort 24/7, prends ton châle et ton pliant, et installe toi paisible à 100 m de la scène, avec ton thermos et ton panier picnic pour admirer les écrans. Je l'ai vu faire au Sweden Rock et au Sonisphere suisse en 2010. Mais tant que tu y es, paie-toi aussi un abonnement à Notre Temps! Et n'oublie pas ta Carte Vermeil : tu auras p'têt une réduc sur le prix d'entrée !

3) "Beurk, y a de la boue, les metalleux pissent partout"
Je te le concède, les metalleux pissent effectivement partout, et même sous les tentes…principalement faute de commodités en nombre suffisant sur les sites, (sauf à Mennecy !). Mais, dans le cas du Hellfest, on peut envisager que l'augmentation substantielle du prix du billet permette une également substantielle augmentation du nombre de latrines - Ben Barbaud, si tu nous lis… ;-) Sinon, on dirait que ça te gêne de marcher dans la boue ? Pourtant, souviens-toi metalleux : Tu faisais pas ta sucrée comme ça il y a 20 ans quand tu te lançais dans le moshpit ou que tu rentrais en RER tee-shirt trempé mais le sourire jusqu'aux oreilles après un bon gros package thrash. Ah OK, toi aujourd'hui tu es plutôt "décontract'", genre pull autour du cou, comme dans la chanson de Bénabar. Pourtant, même lui il n'en veut pas, alors si un chanteur de varièt' y arrive, tu dois pouvoir faire un effort.

4) "Heu, mais attends-là,  je connais pas la moitié des groupes !"
Et alors moi non plus, tu m'aurais vu en 92, et encore même en 2000, incollable j'étais. Mais là tu penses, sur le lot, entre la vie de tous les jours et les mouflets à gérer…but who cares ? Des groupes, tu en connais toujours assez pour passer un bon moment et l'idée du fest, c'est aussi de faire des DECOUVERTES. Tiens, l'année dernière, j'ai assisté à ce phénomène extrêmement cocasse qu'est un concert de Finntroll, avec des metalleux cuir & clous, vrai de vrai, pur porc qui dansaient la gigue de tous côtés. Tu l'aurais cru toi qu'un groupe de Folk-Metal finlandais pouvait se révéler un meilleur lanceur de "Chenilles" que Bézu ou Licence 4. Même pas en rêve hein ? Et pourtant...



5) "Ca manque de filles cette histoire, on va encore se retrouver entre poilus! "
Of course not. Y en a plein. Et même en solo. Les Bridget Jones Metôl ça existe aussi, et ça se trouve, en plus de passer trois jours autrement plus déments que de légumer sur ton canap' dans ta banlieue Ikea, tu vas buter sur la femme de ta vie. Là, pile pendant le concert d'un de ces groupes que tu ne connaissais pas. Et, en plus elle est perchée sur des échasses, et pas trop regardante sur la quantité de tissu qu'elle porte, alors tu l'as vue venir de loin ! Ah mais non, suis-je sot : je confondaiss avec les stip-teaseuses…

6) "Ouais bon, mais oussque je vais dormir, passque pour la tente,  j'ai passé l'âge des camps scouts ! "
Alors pour l'hébergement, pa ni pwoblem comme on dit ici aux Antilles (où je passe trois mois, loin de tout concert: priez pour moi !) Outre les adresses de gîtes, hôtels et autres B&B, les sites des Fests proposent de plus en plus de mettre en rapport les festivaliers et les locaux, par le biais de location de "chambres chez l'habitant". Un bon moyen d'être aux premières loges, d'arriver tôt, d'éviter les contrôles d'alcoolémie en repartant, et en outre l'occasion de montrer à ton hôte que Fils du Metal ne rime pas avec Vieux Taré Sale, puisque tu bénéficieras ainsi de sanitaires et de douches impeccablement briqués - et que tu seras bien avisé de laisser dans l'état où tu les as trouvés, mais ça je ne te l'apprends pas. Ta maman a du te le dire il y a bien des lunes déjà.

7) "Quand-même deux ou trois jours, c'est long ! On se fait pas un peu chier dans un Fest ?"
Que nenni mon garçon/ma fille. Allons donc, manquerait plus que ça. Déjà, tu peux le tenter petit à petit, comme pour rentrer dans la mer, le premier jour des vacances. Au lieu de te mouiller un orteil, tu tentes un jour. Mais sache que le Fest, c'est le concert, le cirque et le zoo mélangés. Le spectacle y est partout et permanent. Tu observeras en outre une extraordinaire collection d'espèces en voie de disparition tel le "Dos patché", spécimen qui fait pâlir les paléontologues. Et des tas de gens déguisés qui, ça se trouve t'offriront même une bière. Des étrangers qui te donneront l'occasion de réviser ton anglais. Ou des copains connus sur les réseaux sociaux avec qui tu pourras parler pour de vrai. Tu croiseras même peut-être Christian Lamet, harnaché comme un dromadaire, armé de deux micros et trois caméras ! Bravo l'exploit !

8) "Heu quand-même, ça coûte un bras tes festivals là ?"
Bon, je ne vais pas te refaire le coup du prix par artiste, relativement ridicule et sans réelle finalité. Un festival, c'est pas non plus payé au poids et je ne cherche à te convaincre à la "marchand de tapis". Juste un peu moins de bières, le frein sur les clopes, et un peu d'argent dans le petit cochon comme quand tu étais mouflet et que tu économisais pour tes disques préférés. Ben voilà, ca y'est. Tu les as tes précieux deniers.

9) "Admettons, mais si j'attendais plutôt de voir ces groupes que j'aime, en salle chez moi ? Comme ils vendent moins de disques, il finissent tous par venir tous les ans en Europe !".
OK, mais pas forcément en France, et pas forcément près de chez toi, ni un soir qui t'arrange. Bref, c'est comme tu veux mec, mais souviens-toi, "la vie c'est ce truc qui passe alors qu'on multiplie les projets" comme disait John Lennon qui ne se doutait sûrement pas de ce qui l'attendrait au tournant le 8 décembre 80... Où sera Lemmy dans cinq ans ? Ou en seront les Maiden, Black Sab', Aerosmith, Slayer, Alice In Chains et autres qui justement seront tous sur les routes cet été. Un jour, à force de te dire "un jour",  le temps aura tellement passé que tous ces groupes seront morts ou auront splitté. Et il n'y aura pas de bouton "rewind". C'est la vie, pas un jeu vidéo ! Tiens, je feuilletais l'autre jour un vieil Enfer magazine de 1986 et tu peux pas imaginer le blues que je me suis tapé en voyant toutes ces photos et interviews de nos héros morts. Le mag en était rempli : une page sur trois puait le cimetière. Et ce n'était qu'il y a 25 ans. Or, ce qui me consolait, c'était d'avoir pu interviewer quelques-uns d'entre eux  -le privilège du journaliste, je te le concède- mais surtout, d'avoir pu les voir quasi tous en concert, et souvent en festival. Depuis 1988. Ici ou ailleurs. Et les bons souvenirs que ça laisse, quand tu y repenses, les soirs de moins bien : ça n'a pas de prix. Alors on te verra traîner tes guêtres dans la prairie ?

10) A toi de me fournir une raison supplémentaire au cas où je ne t'en ai pas donné assez !

*   intro adaptée d'à peu près Pierre Desproges à qui j'adresse ici un merci posthume pour l'ensemble de son œuvre.
** Historiquement la Loire-Atlantique est bretonne, même si administrativement elle ne l'est plus, quant aux cons: ils sont de partout et de toujours, mais ceci est un autre débat, ainsi qu' "un vaste programme" comme disait De Gaulle.




Blogger : Guillaume B. Decherf
Au sujet de l'auteur
Guillaume B. Decherf
Fan de comédies romantiques avec Meg Ryan, grand lecteur de Sylvain & Sylvette, ancien scout et enfant de choeur qui carbure au coca zero et aux carambar...étrangement, je suis pourtant fan de metal depuis la même époque. Autrefois, les anciens appelaient ça du hard-rock. Et depuis, rien ne me motive plus que de me rendre en concert, prendre la température live de mes héros de naguère ou voir ce que donne la relève. Journaliste culture "tous terrains", j'ai au fil des ans et des titres où je suis passé, interviewé une grande part des groupes qui m'ont fait rêver -ou pas...mais peut-être que vous, ils vous font rêver- et je continue. Vous livrant ici, des interviews restées inédites ou dont seule une infime partie a été exploitée. Faut pas gâcher !
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