TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA est venu à Paris faire un show un mi-figue, mi-chou, mi chèvre, mi raisin, le cul entre deux fauteuils, l’un à 57 € (ou chépacombien), l’autre à 18 €. Il aura fallu une bonne heure pour commencer à ressentir quelque chose. Entre temps, beaucoup de spectateurs auront quitté la salle. Attendaient-ils les explosions, les feux d’artifice, les plateformes articulées ? L’Olympia est trop petit pour ce genre de conneries.

Ou peut-être ont-ils juste été déçus par le manque de rythme de la première partie du concert : « un truc pour beauf qui croit écouter du rock en révisant les "tubes" du classique massacrés à la tronçonneuse », selon un spectateur nuancé qui a tenu « 45 minutes en [s]e cramponnant à [s]on siège », s’exprimant le lendemain sur facebook.
Sans porter de jugement définitif sur le fond de la question, sur la forme, le spectacle peine à trouver son rythme et son style, entre les envolées lyrico-mollassonnes de Jeff Scott Soto (ben désolé, quoi) et les interventions d’un « narrateur » (Bryan Hicks) qui, comme nous, se demande un peu ce qu’il fout là. L’esprit s’égare souvent et l’on rejette violemment des images mentales de Rondo Veneziano, la comédie musicale « Mozart », voire André Rieu.
Et puis, vers la moitié du concert, Al Pitrelli lance les arpèges de « Someday », une ballade d’une mièvrerie à peine supportable dans sa version studio (chantée par un homme, tirée de l’EP Dreams of Fireflies (On A Christmas Night) de TSO (2012), mais que la voix de la jeune Kayla Reeves transcende ici en un cri d’amour œdipien d’une profondeur hors du commun. C’est le début de la rédemption : la salle réalise soudainement qu’elle a face à elle des artistes au talent indiscutable, astreints à un format conçu pour plaire au plus grand nombre, certes, mais ô combien capables de soulever n’importe quelle salle, au bout du compte.
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| TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA @ L'Olympia - Johnny Lee Middleton |
Afin que le public se lève et ne se rasseye plus, pourtant, il faut encore que le narrateur termine son pénible office et laisse l’entière parole aux musiciens. Alors Chris Caffery ponctue ses solos de hurlements gutturaux, alors Al Pitrelli prononce trois mots de français et balance quelques vannes à la salle, alors Asha Mevlana et son violon trouvent la place qui leur revient sur le devant de la scène, alors survient un solo de piano bien barré à l’issue duquel retentit une Marseillaise métallo-démago mais-après-tout-pourquoi-pas, alors peut s’installer une ambiance quasi-intime, une connivence, quand les fauteuils se replient pour de bon, que tout le monde s’agglutine au plus près de la scène et commence à interagir avec elle. C’est pas encore tout à fait STEEL PANTHER, mais pour ceux qui se sont approchés, au moins, la dernière demi-heure du concert a (étrangement et) amplement justifié la longue attente pour qu’il se passe enfin un truc.
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| Al Pitrelli : le mec lévite. En vrai, quoi. |
Comme vous le remarquerez, bien que j’aie souligné l’intérêt de la présence sur scène de Kayla Reeves et Asha Mevlana, je ne suis pas en mesure de publier leur image (ni celle de Robin Borneman, Rob Evan ou Nathan James, dont les visages sont aussi représentatifs de TSO que celui de Soto). En effet, la sempiternelle règle des trois premiers morceaux est appliquée très strictement, en particulier par l’intimidation verbale ou physique sans préavis, par le personnel de sécurité de l’Olympia, manifestement formaté sur le Shin Beth (je voulais pas croire tout ce qu’on racontait sur vous, mais les gars franchement, à jouer les cow-boys comme ça vous faites un tout petit peu de peine : vous avez certainement raté votre vocation au service action, dans la légion ou au SPHP*, mais dans la vraie vie, ce soir, vous êtes des ouvreuses avec des biceps – et vous pouvez vous détendre).
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| Représentation allégorique de l'accueil des photographes par la sécu de l'Olympia (Hébron, Palestine occupée, 2010). |
En dépit des consignes de « tolérance » du management de TSO sur cette règle des trois morceaux (si toutefois les photographes ne gênaient ni les spectateurs, ni les techniciens et s’éparpillaient gentiment dans la salle), après 12 minutes de concert, tous ont donc dû, sous une contrainte particulièrement ostensible et superflue, au prix d’une perte de temps inutile, remiser leurs équipements à la consigne de l’établissement. End of story.
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| La set-list : hop. C'est terminé. On se disperse dans le calme, maintenant, merci... |
Attention - Zone VIP – On montre le badge !
Parce que je suis assez sympa, pas super impressionnable et que j’aime bien les défis, je vous mets quand-même deux trois photos (notamment des filles), au risque de mettre en péril ma complicité naissante avec les guignols de l’Olympia.
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| TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA @ L'Olympia - Kayla Reeves (au centre) |
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| TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA @ L'Olympia - Chris Caffery & Asha Mevlana |
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| TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA @ L'Olympia - Asha Mevlana |
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| TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA @ L'Olympia |
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| TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA @ L'Olympia - Asha Mevlana... again... |
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| - Pas mal pour un mec qu'a pas son appareil photo... - Pas mal pour un mec qui joue de la gratte à une main... |
Un grand merci néanmoins à Ninon de LiveNation et à Olivier de Replica pour leur accueil, qui a plus que rattrapé celui du personnel « maison ».
*SPHP : Service de protection des hautes personnalités – à la réflexion si vous maîtrisez aussi le pilotage de scooter et l’apportage de croissants, z’avez peut-être votre chance.
















