21 mars 2014, 17:01

METALLICA : “Through The Never” (DVD)

Album : Through The Never - DVD

On voudrait revenir cinq minutes -OK, peut-être dix...- sur le DVD “Through The Never” de METALLICA.

Avant de parler du DVD en lui-même, je voudrais juste revenir sur le film, à nouveau revisionné hier soir. Au gré de l’humeur, je m’amuse, me crispe, me désespère, enrage de lire les commentaires de nombreux soi-disant «fans de metal» alimentant si constructivement les forums de divers sites, et ce concernant METALLICA en général. Une chose : messieurs les râleurs, pandas extrémistes, punks à chiens, et autres talibans du true-metal élitistes de l’underground pour qui l’évolution est un crime, et bien allez-y, faites mieux. Faites mieux que les putains de METALLICA. OK, au bout de 32 ans de carrière le groupe n’a pas autant convaincu sur disque que lors de sa première décennie d’existence, mais au moins, Hetfield, Hammett, Ulrich et Trujillo possèdent toujours le feu sacré, et ce à cinquante ans passés. Combien d’entre-vous, petits ayatollahs puceaux, allez raccrocher les gants une fois l’adolescence passée, bien calé dans un ronron complaisant et quotidien ? Come on, on en a tous tellement vu perdre la foi.... Anyway. METALLICA c’est pour le coup une véritable affaire de foi tiens, de lien indéfectible avec une passion qui prend aux tripes. Trip, tiens... Pour les avoir vu un paquet de fois en live, que ce soit au Stade de France ou devant 700 ahuris au Trabendo, ils ne se sont jamais foutu de notre gueule. Et s’ils aiment constamment le risque et les challenges -fil rouge du «making of» du deuxième DVD- les gars les aiment aussi bien humains et simples ces challenges... ou démesurés. Jouer dans une bulle sur une banquise de l’Antarctique ? Check. Jouer trois shows dans la même journée dans trois salles différentes à Paris ? Check. Fêter ses trente ans au théâtre du Fillmore West de ‘Frisco quatre soirs de suite en jouant presque une centaine de chansons et en invitant un max de guests incroyables ? Check, check, check. Et des challenges comme ça, il y en a eu un paquet en quelques trente-deux années. Se faire plaisir avant tout (le BUT ultime dans la vie, amis hédonistes, hellyeah !), et rendre ce plaisir en retour, rayonner, illuminer la vie des autres. Ca, METALLICA l’a compris depuis le premier jour. Et ce ne sont pas les preuves qui manquent : jamais un groupe n’a été à ce point documenté, et ce depuis 1991 avec les deux vidéos “A Year And A Half In The Life Of...”. Depuis, caméras et enregistrements lives captent TOUT. Et chacun prendra ce qu’il voudra bien prendre.

Challenges humains, et visions herculéennes : non contents d’offrir des tournées phénoménales et technologiquement impressionnantes, les mecs de METALLICA ont vu grand, très grand pour ce projet qui leur trottait dans un coin de la tête depuis des années. Sans paraphraser tout ce qui a pu être dit et écrit depuis septembre et la monumentale promo médiatique entourant la sortie du film, ajoutons juste une chose quant aux détracteurs du scénario : si d’un point de vue purement cinématographique, commercial et consensuel le scénario peut paraître bancal, bâclé, inconsistant et léger, j’aimerai répondre qu’à l’instar des grands films rock tels que “The Wall”, “The Song Remains The Same” ou “Tommy” , “Through The Never” se veut tout aussi ambitieux que fantasmagorique, et qu’il n’est pas «obligé» de répondre aux critères les plus bas-du-front de 95% des productions cinématographiques hollywoodiennes. Rappelez-vous l’ère des vidéo-clips dont on s’abreuvait sans soif sur MTV ou M6 avant que ces deux chaines ne soient des sous-merdes audiovisuelles sans nom : sur combien de clips avons-nous justement fantasmé, pour leur esthétique, leur violence, leur scénario retord, leur univers onirique ou délirant ? Combien de clips cultes, à priori sans queue ni tête (pour ceux qui s’écartaient du simple faux concert sous mille lights dans un hangar à avion à Van Nuys ?) mais qui laissaient entretenir la légende et le mystère. Et les meilleurs films rock ne ressemblaient-ils pas à de longs clips d’1 heure 30, foutraques, psychédéliques, imagés et personnels ? Je n’oserai presque pas comparer “Through The Never” avec du David Lynch, mais tiens, pourquoi pas : il n’y a rien à y comprendre. Une forme aussi de dire «fuckyou», de n’en faire qu’à sa tête et de laisser libre cours à ses fantaisies les plus dingues, d’autant qu’ici, ils ont eu le loisir, le confort et la folie de se payer ce gros roller-coaster eux-mêmes, prenant de gros risques en finançant le projet par leur propre filière. Rien à comprendre : le spectateur ira puiser dans sa propre imagination (mais ça c’est de plus en plus compliqué aujourd’hui....) pour y trouver d’hypothétiques réponses, chercher les paraboles et autres métaphores spectaculairement mises en scènes lors du récit urbain et ultra-violent de l’Odyssée de Trip... Moi je dis «enjoy the show», laissez-vous happer par ces images si superbement filmées par Nimrod Antal, réalisateur aussi ambitieux que ses commanditaires, et ayant parfaitement capté l’esprit du groupe -accessoirement ses idoles de jeunesse. Au final, malgré un gros plan marketing, le film n’a pas si bien marché : échec commercial ? Peut-être ; on ne saura si le groupe et la production rentreront dans leurs frais, ne serait-ce qu’avec la vente de DVDs ou de produits dérivés... mais le résultat n’est guère étonnant pour un public très frileux dès qu’il s’agit d’aller voir des choses différentes.

Voilà, au lieu de cinq ou dix minutes ça en a pris douze... En ce qui concerne donc le DVD en lui-même, et bien il est captivant. On ne retient surtout que le fabuleux “Hit The Lights”, making-of hallucinant de 80 minutes, mettant la lumière sur le projet, le pari, le challenge fou d’un tel projet, et ce depuis le «pourquoi pas?» originellement émis depuis les bureaux de Q Prime Management. Que d’épreuves ! L’élaboration de cette scène à priori impossible est un défi technologique insensé, inouï ! Tout s’apparente à une mission de la Nasa tant l’aventure est d’une rare complexité -rien que pour ce documentaire, le DVD est indispensable : les interviews de tous ces intervenants, fidèles ou occasionnels, sont passionnantes et une fois encore, malgré la démesure colossale de cette idée de diiingues, une seule chose ressort, la passion. «Larger Than Life» disent les américains -voilà peut-être une chose qui nous fascine mais que nombre de français ne peuvent comprendre tant notre peuple est si souvent dépressif, pessimiste et complexé... On aura beau dire, les américains savent ce qu’«entertainment», «fun» et «show» veulent dire.

Et une grande partie de leur public de leur répondre, avec autant d’enthousiasme et de sincérité : à voir dans ce même reportage la passion viscérale des mexicains, chez qui METALLICA vient «tester» leur scène huit soirs de suite. Les cyniques diront qu’à Mexico les assurances devaient êtres moins coûteuses ; les vrais fans diront que les latins sont les plus fervents de tous -pourquoi tous les groupes enregistrent-ils désormais tous leurs albums lives en Amérique du Sud ????

Pour clore la partie bonus de ce bien beau double-DVD, nous retrouverons outre la bande-annonce et le beau clip de “Master Of Puppets” -ça ne met pas l’eau à la bouche ces images ???- de nombreux autres reportages : entre autres les coulisses du mixage (quel son, quel putain de son !!!) et moult autres conférences de presse données dans le monde -notamment lors du festival Orion Music+More, le Festival du film de Mill Valley, et, cerise cocorico, 15 minutes de l’avant-première au Rex à Paris, où l’animateur et journaliste Jonathan Hume prend un plaisir sincère à interviewer ses idoles Lars et Kirk sur planche avant la présentation du film.

Pour conclure, comme un paquet des produits METALLICA destinés aux fans, et en particulier les DVDs, “Through The Never” est un VRAI indispensable, auprès du pré-cité “A Year And A Half In The Life Of...”, mais également “Some Kind Of Monster”, “Cliff’Em All”,  “S&M”, ou encore “Français Pour une Nuit”...

Enfin, un peu déçu de n’avoir pas eu accès au billet d’or que renfermaient seuls deux exemplaires du DVD... ça aurait été gonflé qu’ils soient dans les exemplaires promo ! Non, mon billet d’or, c’est celui de la soirée du 8 octobre dernier au Grand Rex, avec le groupe, en 3D, à fond à fond à fond... Et l’impression dans mon fauteuil confortable, d’avoir été sur scène pendant 90 minutes avec le groupe, léché par les colonnes de flamme et électrisé par les bobines Tesla. Jamais été aussi près d’eux que depuis le Bataclan et le Trabendo de juin 2003...

Blogger : Jean-Charles Desgroux
Au sujet de l'auteur
Jean-Charles Desgroux
Jean-Charles Desgroux est né en 1975 et a découvert le hard rock début 1989 : son destin a alors pris une tangente radicale. Méprisant le monde adulte depuis, il conserve précieusement son enthousiasme et sa passion en restant un fan, et surtout en en faisant son vrai métier : en 2002, il intègre la rédaction de Rock Sound, devient pigiste, et ne s’arrêtera plus jamais. X-Rock, Rock One, Crossroads, Plugged, Myrock, Rolling Stone ou encore Rock&Folk recueillent tous les mois ses chroniques, interviews ou reportages. Mais la presse ne suffit pas : il publie la seule biographie française consacrée à Ozzy Osbourne en 2007, enchaîne ensuite celles sur Alice Cooper, Iggy Pop, et dresse de copieuses anthologies sur le Hair Metal et le Stoner aux éditions Le Mot et le Reste. Depuis 2014, il est un collaborateur régulier à HARD FORCE, son journal d’enfance (!), et élargit sa collaboration à sa petite soeur radiophonique, HEAVY1, où il reste journaliste, animateur, et programmateur sous le nom de Jesse.
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