14 avril 2014, 16:14

MOS GENERATOR : "Electric Mountain Majesty"

Album : Electric Mountain Majesty

Tony Reed. Un nom, un homme, peut-être une future légende. Le bonhomme incarnerait-il un nouveau shaman stoner, le nouveau Wino ??? On lancerait bien le pari... Petit récapitulatif : Tony Reed, chanteur, guitariste, multi-instrumentiste, ingénieur du son, enregistre sa propre musique depuis plus de vingt-cinq ans, possède ses studios d'enregistrement analogiques fort usités par bon nombre de formations vintages (dont SAINT VITUS, tiens tiens...) et joue parallèlement dans pas moins de quatre formations, certes similaires dans la forme et l'esprit, mais toutes aussi jouissives et garantes des sacro-saintes vibrations 70's, partageant un amour, une fascination et une foi sans limites pour Ted Nugent, DEEP PURPLE, LED ZEPPELIN, RAINBOW, THIN LIZZY, GRAND FUNK RAILROAD, KISS et surtout, surtout, SURTOUT BLACK SABBATH ! HEAVY PINK, BLOOD OF THE SUN (side-project du batteur de SAINT VITUS, auquel Tony a participé en tant que guitariste au quatrième album sorti en 2012 chez Listenable, justement...), STONE AXE (deux formidables albums studio agrémentés de nombreux bonus, ainsi qu'un live au Roadburn 2011 : check these out !!!) et enfin MOS GENERATOR, actif depuis 2000.

Précision : on est ici TRES avide de toute nouveauté stoner - cela fait bien vingt ans que l'on scrute autant toutes les sorties, que l'on surveille les blogs spécialisés, que l'on cumule des centaines de références chez tous les Man's Ruin, Tee-Pee Records, Molten Universe, Suburban, Rise Above, MeteorCity, mille autres, et bien entendu Small Stone. C'est ce dernier grand label US, autre über spécialiste en stoner, qui nous avait envoyé entre autres "Songs For Future Gods" en 2007, et que l'on rentrait par conséquent sans la moindre hésitation dans le petit monde de MOS GENERATOR, et par extension dans cette nébuleuse de groupes gravitant autour.

En 2014, excellente surprise : après avoir sorti le dernier BLOOD OF THE SUN, le label français Listenable signe MOS GENERATOR sur son catalogue, déployant ainsi une bien plus grand visibilité, d'autant que ce nouvel album (le sixième) est assurément le meilleur et le plus abouti de leur discographie. Attention, ne vous attendez pas ici à un énième sous-clone de KYUSS ou de FU MANCHU, mais bien à une extension amoureuse, fidèle, appliquée, personnelle et honnête de BLACK SABBATH, période Ozzy. Vous en reconnaitrez forcément la trame super doom sur l'oppressant "Neon Nightmare" que l'on croirait issu de "Sabotage", alors que "Black Magic Mirror" nous renvoie justement de l'autre côté du miroir chez ce bon vieil Aleister Crowley, le temps d'une chevauchée de mastodonte sur-heavy dont les vocaux évoqueraient ceux d'un Dave Wyndorf un peu trop sous speed, alors que les autres derrière jouent dans la mélasse, les corps s'enracinant littéralement dans des sables mouvants de goudron noir -on est cependant loin d'ELECTRIC WIZARD, MOS GENERATOR jouissant donc d'une production home-made suffisamment vintage et respectueuse des codes seventies mais pour autant claire et fort puissante. Bang ! Une frappe assurément forte, un son de basse colossal qui s'inscrit dans la tradition de Geezer Butler, des riffs simples pas systematiquement recyclés et vraiment immédiats (celui de "Breaker" aurait pu figurer sur l'un des trois premiers Nugent ; l'éponyme "Electric Mountain Majesty" rappelle le break de "Parasite" de KISS : un clin d'oeil très affectueux, on en doutera pas !), et des soli parfois aussi inspirés et hystériques que ceux, évidemment, de Maître Iommi, faisant notamment étalage d'un talent assez écoeurant sur l'ouverture d'un "Nothing Left But Night" au groove quelque peu hendrixien, et l'un des meilleurs morceaux de ce très très grand disque de stoner.

Doom traditionnel, mais pas que : MOS GENERATOR se montre très en verve sur l'introductif "Beyond The Whip" (avec un break plus Sabbath que Bloody Sabbath...), plutôt original sur "Enter The Fire" avec son riff de violoncelle (inspiré par APOCALYPTICA ???), tour à tour dénudé et épique le temps d'un chorus fort soutenu, autre morceau incontournable de l'album. On sait aussi les trois musiciens de MOS GENERATOR inspirés par l'énergie et l'aspect lyrique de la NWOBHM, et tout logiquement par le BLACK SABBATH de Ronnie James Dio auquel ils commencent aussi à emprunter quelques menus ingrédients, étoffant ainsi leur hommage au SABBATH originel, sans pour autant incarner une caricature comme il en existe des centaines et des centaines : bien que de nombreux groupes reprennent inlassablement la même recette des années 1970-1975 des légendaires Iommi-Butler-Ward-Osbourne, au moins MOS GENERATOR cherche-t-il ouvertement et intelligemment à repousser les frontières tout en affichant un respect profond et d'autant plus sincère que le coeur ardent du groupe matriciel de Birmingham est ici si magnifiquement assimilé et ancré dans leur ADN.

Si l'on est donc de furieux maniaques de stoner, on est pas non plus toujours dupes : comme chaque courant musical influent, les ersatzs pleuvent derrière les ténors du genre. Sans être un leader ni l'instigateur d'une nouvelle école, MOS GENERATOR fait partie de ces très rares groupes excitants dont aucune réécoute ne lasse et dont les albums se dégustent avec maturité, ces derniers se bonifiant même avec le temps -à l'inverse, Sheavy nous avait tellement titillé avec "Electric Sleep" à la fin des années 90, mais la qualité hélas decrescendo de ses albums suivants nous avait alors énormément déçu. Alors que MOS GENERATOR.... vous aurez je pense noté l'enthousiasme non feint porté à ce disque, à ce groupe, et à la personnalité jusqu'ici médiatiquement très discrète de Tony Reed, chez qui l'on place nos plus vifs espoirs...

Blogger : Jean-Charles Desgroux
Au sujet de l'auteur
Jean-Charles Desgroux
Jean-Charles Desgroux est né en 1975 et a découvert le hard rock début 1989 : son destin a alors pris une tangente radicale. Méprisant le monde adulte depuis, il conserve précieusement son enthousiasme et sa passion en restant un fan, et surtout en en faisant son vrai métier : en 2002, il intègre la rédaction de Rock Sound, devient pigiste, et ne s’arrêtera plus jamais. X-Rock, Rock One, Crossroads, Plugged, Myrock, Rolling Stone ou encore Rock&Folk recueillent tous les mois ses chroniques, interviews ou reportages. Mais la presse ne suffit pas : il publie la seule biographie française consacrée à Ozzy Osbourne en 2007, enchaîne ensuite celles sur Alice Cooper, Iggy Pop, et dresse de copieuses anthologies sur le Hair Metal et le Stoner aux éditions Le Mot et le Reste. Depuis 2014, il est un collaborateur régulier à HARD FORCE, son journal d’enfance (!), et élargit sa collaboration à sa petite soeur radiophonique, HEAVY1, où il reste journaliste, animateur, et programmateur sous le nom de Jesse.
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