26 avril 2014, 16:07

VANDENBERG’S MOONKINGS @ Paris (Le Divan du Monde)

Avant d’en écouter le moindre son, je n’attendais très honnêtement pas grand chose d’un nouvel album d’Adrian Vandenberg en 2014. Je m’étais à l’époque arrêté net après l’excellent et unique album de MANIC EDEN en 1994, super-groupe hélas trop vite avorté, Adrian ayant une nouvelle fois cédé aux appels de David Coverdale pour un renfort bienvenu et retombant très rapidement après dans l’anonymat total, disparaissant pour de bon du circuit. Lorsque le CD promo de Vandenberg’s MOONKINGS a atterri ici, l’heureuse et piquante curiosité du journaliste enthousiaste, consciencieux et attentionné a pris le dessus, récompensée par une des plus monumentales gifles musicales de l’année : si le guitariste avait en effet mis sa carrière musicale entre parenthèses pendant plus de quinze ans pour se consacrer à son autre activité artistique -le si sympathique hollandais est aussi un peintre de renom- on a de suite eu l’impression qu’il avait mis tout ce temps de côté pour s’économiser et ne distiller que le meilleur de lui-même lorsque l’heure du retour aurait sonné.

Aussi le rendez-vous avait été pris pour ce samedi soir à Paris dès lors que nous avions eu vent de l’annonce d’un premier concert : rien ne pouvait interférer avec cette date cerclée de rouge depuis son annonce, au point de vouloir emmener toute la familia au Divan du Monde pour tous témoigner de l’excellente vigueur de ce classic-rock régénéré, dynamique, frais, classieux et ultra-vitaminé. Allez, on espérait vraiment passer une bonne soirée, attendant impatiemment d’écouter tous les titres de ce premier album éponyme avec un bon gros son live en club, tout en misant sur quelques surprises bienvenues... mais franchement, on était encore loin d’imaginer à quel point ce concert fut putain de bon.

Le Divan du Monde est loin d’être rempli, seule la fosse fait ainsi l’illusion, les balcons étant condamnés : seuls les amoureux ont répondu présent, et l’attente est bien palpable chez des vieux de la vieille -pas de hipsters opportunistes (oups, pléonasme) ni de jeunes métalleux hystériques... A 20h30 les MOONKINGS de Vandenberg investissent la petite scène du Divan avec honneur et humilité au son de “Line Of Fire”, premier extrait du seul album du quatuor sur les dix interprétés tout au long de la soirée... et la magie prend de suite : entouré d’une session rythmique juvénile irréprochable et d’un chanteur puissant, Adrian Vandenberg est étincelant de classe. Soixante ans. Soixante ans, bordel ! Adrian en parait tout juste 45, une crinière fauve intacte (in-tac-te !!!) ruisselant sur ses très hautes épaules, portant fièrement sa LesPaul et n’ayant strictement rien perdu de son jeu élégant, mordant et bluesy. Le public est aux anges et n’a d’yeux que pour cette légende du hard-rock des années 80, sans pour autant négliger le boulot abattu par ses fiers MOONKINGS : s’il faudra néanmoins deux-trois morceaux pour que Jan Hoving trouve sa vitesse de croisière, ce dernier se montre très impressionnant et convainquant dans un registre proche des plus grands - David Coverdale, Paul Rodgers, Robert Plant - alors que les deux jeunes protégés Sem Christoffel à la basse (sûrement un croisement expérimental entre un Kirk Hammett de 18 balais et Rudy Sarzo...) et le très sérieux cogneur Mart Nijen Es n’ont certainement pas à rougir de la comparaison avec les autres musiciens de la carrière du patron. Suivent les très très très Whitesnake “Steal Away” et “Leave This Town”, histoire de mieux placer l’ambiance et restituer le contexte... Cinquième morceau et première surprise, une reprise d’un des meilleurs titres de MANIC EDEN, un “Pushing Me” particulièrement Hendrixien et funky venant récompenser les vieux fans n’ayant jamais eu l’occasion de voir ce grand groupe live -ou autrement qu’en acoustique...

Si l’exercice s’est souvent essoufflé depuis, oh, l’arrivée de “Smells Like Teen Spirit” sur MTV, on ne peut que saluer l’extraordinaire power-ballad “Breathing”, particulièrement réussie et bien jouée en live sans ses multiples arrangements de cordes, véritable joyau émotionnel de l’album et qui aurait assurément cartonné entre 1987 et 1990, propulsant les MOONKINGS vers les plus hautes sphères du rock 80’s. Nouvelle surprise de la soirée, le groupe nous propose de danser et entame une jouissive reprise du spendide “Superstition” de Stevie Wonder (davantage popularisée chez les rockers en 1973 par le supergroupe BECK, BOGERT & APPICE -écoutez plutôt la version figurant sur leur seul album live japonais -c’est une tuerie !) qui récolte l’effet attendu : impossible de résister au groove de cet immense morceau ! Suivent à mon goût les deux meilleurs morceaux de l’album éponyme : “Good Thing” (parfum sudiste très Black Crowes) et “Close To You”, réponse très personnelle à un certain “Black Dog” de LED ZEPPELIN ! Evidemment, on ne peut nier l’immense influence des anglais sur la musique d’Adrian Vandenberg, actuelle comme ancienne : après un solo de batterie très pro et moins pénible que d’habitude, le groupe nous distille un “Judgement Day” anthologique, soit cette fois la réponse de WHITESNAKE au “Kashmir” du Dirigeable en 1990 ! Grosse grosse impression dans le public pour une version absolument magique, stellaire et impériale du point d’orgue de “Slip Of The Tongue”. Le concert, émaillé de succulentes interventions en français d’un Adrian fort décontracté, taquin et particulièrement à son aise ici, ne perd jamais en intensité et l’excitation est maintenue sans la moindre faiblesse, grâce à une présence scénique déjà ultra-solide, une complicité sincère et fraternelle entre les quatre musiciens, et une set-list im-pa-ra-ble. Suivent une cover de “Burning Heart”, vieille pépite issue du premier album de VANDENBERG - le groupe- datant de 1982, puis une autre, mythique, de SCREAMING JAY HAWKINS : on ne présente plus “I Put A Spell On You”, cependant très réarrangée ce soir avec le riff du “I Want You (She’s So Heavy)” des BEATLES... Enorme ! Les MOONKINGS terminent le concert avec le génial “Leeches” puis par un “Lust And Lies” grondant, morceau ouvrant l’album tel un serpent blanc sous speed.

Mais ce n’est pas terminé ! WHITESNAKE est à nouveau mis à l’honneur avec le tube classique “Here I Go Again” (issu de “Saints & Sinners” en’82 !) repris à gorge déployée par toute la salle : les fans comblés n’en espéraient pas tant, et à la suite, le final “Nothing Touches”en pâtit quelque peu... Si le morceau est très bon, up-tempo très rock’n’roll de l’album, il ne provoque en rien la même euphorie collective... Les quatre hollandais quittent néanmoins la scène sous de très chaleureux applaudissements, le public est largement récompensé et de leur longue attente, et de l’accueil exprimé à la sortie du redoutable premier album des Vandenberg’s MOONKINGS...

...Mais ce n’est pas terminé, bis ! Contre toute attente, les musiciens reviennent pour un deuxième rappel tonitruant : dernière surprise de la soirée, c’est la reprise du hit de FREE, “All Right Now” qui est décochée dans le Divan du Monde, achevant de transformer le club en une énorme fiesta classic-rock de samedi soir... Adrian joue les Paul Kossoff et Jan les Paul Rodgers, faisant participer le public lors d’un refrain chanté à l’unisson...

Inutile de vous rappeler que la soirée fut excellente ? Et qu’attendre un nouveau concert des MOONKINGS en nos terres va titiller notre impatience après avoir vécu un tel moment, vrai, sincère, chaleureux et authentique...

Blogger : Jean-Charles Desgroux
Au sujet de l'auteur
Jean-Charles Desgroux
Jean-Charles Desgroux est né en 1975 et a découvert le hard rock début 1989 : son destin a alors pris une tangente radicale. Méprisant le monde adulte depuis, il conserve précieusement son enthousiasme et sa passion en restant un fan, et surtout en en faisant son vrai métier : en 2002, il intègre la rédaction de Rock Sound, devient pigiste, et ne s’arrêtera plus jamais. X-Rock, Rock One, Crossroads, Plugged, Myrock, Rolling Stone ou encore Rock&Folk recueillent tous les mois ses chroniques, interviews ou reportages. Mais la presse ne suffit pas : il publie la seule biographie française consacrée à Ozzy Osbourne en 2007, enchaîne ensuite celles sur Alice Cooper, Iggy Pop, et dresse de copieuses anthologies sur le Hair Metal et le Stoner aux éditions Le Mot et le Reste. Depuis 2014, il est un collaborateur régulier à HARD FORCE, son journal d’enfance (!), et élargit sa collaboration à sa petite soeur radiophonique, HEAVY1, où il reste journaliste, animateur, et programmateur sous le nom de Jesse.
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