5 août 2014, 14:40

THE DICTATORS NYC + LEFT LANE CRUISER

@ Bordeaux (Relache#5)

Faisons fi de cette prétendue rivalité à deux balles entre la ville rose et la capitale girondine et avouons que cet été bordelais est franchement des plus agréables. Forcément, c’est relâche. Enfin, pas pour tout le monde, Relâche c’est aussi une sacrée programmation musicale proposée gratuitement par Allez les Filles, une association qui organise de (très) bons concerts de rock’n’roll mais pas que, depuis 1996. Francis et sa bande ont le chic pour présenter des artistes épatants.
Alors quand on apprend que les mythiques DICTATORS NYC descendent en ville pour jouer gratos au bord de la Garonne au mois d’août, on se pince.

THE DICTATORS NYC, véritable pionnier du punk-rock américain formé en 1973 à New York City, qui a splitté à la fin des années 70 avant de renaître en 1991 avec toujours chevillée au corps cette furieuse envie de nous botter le cul.
Alors oui, on a tous entendu parler des STOOGES d’Iggy Pop, des RAMONES dont tous les membres originels ont maintenant calanché ou de MC5. Il y a aussi le CBGB, plus qu’un tee-shirt, un club underground et institution new yorkaise fermée depuis quelques années, véritable tremplin de la scène punk locale que les DICTATORS ont mis K.O. 34 fois.

Chez les plus curieux des chevelus, on connaît les DICTATORS parce que plusieurs d’entre eux ont joué dans des groupes de metal.
Si Mark Mendoza y a tenu la basse jusqu'en 1978 avant de partir chez TWISTED SISTER, c’est surtout grâce à Ross "The Boss", le guitariste étant un des membres fondateurs du sextet new yorkais. Après le split en 1979, l’animal a rejoint les français de SHAKIN STREET, venus tenter leur chance chez l’Oncle Sam. En première partie d’une tournée de BLACK SABBATH, il rencontre Joey DeMaio, le technicien qui s’occupe des basses de Geezer Butler. Ensemble, ils vont fonder le groupe le plus puissant de heavy metal avec gros muscles, cuir et slibards en peau de bêtes tuées avec les dents : MANOWAR.

Alors ce soir, même si ce n’est pas du metal qu’on va entendre, on est chaud comme le sable de la plage de Barcarès en plein cagnard.
Après une mise en bouche avec les très sixties REVEREND BEAT MAN suivi des PUSSYWARMERS, les joyeux gonzes de LEFT LANE CRUISER prennent la scène avec leur blues aussi crasseux que foutraque. C’est lourd, gras comme un seau de vaseline, mais pas du tout indigeste. Après un final où le batteur Pete Dio, à la barbouze aussi impressionnante que la galerie de tatouages, lâche un flow rap après avoir sauté dans la foule, on entend près du bar que les concerts de LEFT LANE CRUISER sont de plus en plus bordéliques. C’est pas faux.


Place au mythe. Les DICTATORS débarquent sur scène avec "The Party Starts Now", pas une simple promesse, puis "The Next Big Thing", qui ouvre leur 1er album "Go Girl Crazy !", et cueillent les spectateurs avec ces deux directs du droit.
Le son est puissant et parfait pour le plein air, les Marshall sont de sortie. Pendant plus d’une heure, les New Yorkais enchaînent les hymnes, des refrains que le public encaisse et qui se vissent dans la tête, comme l’excellentissime "Who Will Save Rock’n’Roll". Au chant, le puissant Handsome Dick Manitoba est un véritable frontman aux airs d’ancien boxeur. Entre chaque morceau, il plaisante, n’oublie pas de rappeler que c’est la deuxième fois qu’ils viennent en France après avoir assuré la première partie de la tournée des STRANGLERS en 1977, rend hommage aux RAMONES ou au CBGB. Ce n’est pas un concert, c’est un cours d’histoire sur la Grosse Pomme des années 70 qu’il délivre. Il descend plusieurs fois dans la foule pour danser avec elle, ne voulant pas passer pour un con sur scène.


Plus qu’un concert, ce soir, on fête des retrouvailles ! Derrière, la rythmique de JP "Thunderbolt" Patterson, le batteur des origines, et du très chevelu Dean Rispler, déboule comme une série d’uppercuts. Devant, les guitares de Ross "The Boss" et Daniel Rey s’éclatent et crochètent à tout va. Si Ross "The Boss" le bien nommé, envoie comme un chef le plus gros des soli, les duos de grattes qu’il balance avec Daniel Rey rajoutent au côté hard rock de beaucoup de morceaux. Du punk bien troussé comme ça, on s’en goinfrerait tous les jours. A écouter le répertoire, on sent bien que les DICTATORS ont influencé un paquet de gens, et pas seulement une palanquée de groupes de hair metal.

Pour le rappel, la batterie déboule, lourde, presque animale. Un Handsome Dick Manitoba assez énervé harangue la foule comme sur un ring, dénigre les machines qui ne pourront jamais faire du rock’n’roll. Sur le coup, on est d’accord.
La rencontre se termine par "California Sun" qui ferait twister la statue de la Liberté et on retrouve les cinq musiciens tout sourire au merch, se prêtant sans rechigner à signer quelques autographes, faire des photos et discuter avec des fans, comme avec des vieux potes qu’ils n’auraient pas vu depuis longtemps. Et pendant que Ross "The Boss" écrit pour HARD FORCE la liste des morceaux joués ce soir, de la main gauche, s’il vous plaît, Handsome Dick assure qu’on n’aura pas besoin d’attendre à nouveau 37 ans avant de les revoir. Excellente nouvelle pour finir cette soirée mémorable.


Photos © Philippe Belle-Croix / www.belle-croix.fr

Blogger : Philippe Dynamo
Au sujet de l'auteur
Philippe Dynamo
C'est rapidement que Phil rencontre la musique... Un album de POLICE pour son dixième anniversaire, un paquet de 45 tours, beaucoup de daube, le début des radios libres. Premier disque acheté : THE CLASH. L'énergie ! C'est le début des années 80, un grand frère qui écoute Gary Moore, JUDAS PRIEST, DEEP PURPLE et LED ZEPPELIN et ses potes AC/DC et TRUST... Ses propres amis naviguent sur les Stray Cats, VAN HALNE et IRON MAIDEN... Sa prof' de musique au collège s'arrache les cheveux quand il lui amène BLACKFOOT, SCORPIONS, JOURNEY ou NAZARETH pour écouter en cours... 1983, « Wango Tango » tous les vendredis, premier concert avec DEF LEPPARD, grosse baffe ! Une veste de treillis avec DIO dans le dos, un tee-shirt d'IRON MAIDEN, une veste en jean avec le logo de MOTÖRHEAD en garniture. Tous les mois, la presse : Rock & Folk, Best, puis Enfer Magazine, Metal Attack et Hard Force... Depuis, un tas de concerts, des festivals, d'abord de hard rock, puis de plein d'autres genres. Les cheveux tombent, le bide pousse, mais la flamme brille encore et toujours. Devenu journaliste pour dire autre chose que "j'adore ce que vous faites" aux artistes qu'il aime rencontrer. Partager avec eux des moments privilégiés, et d'essayer d'en rendre compte.
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