5 septembre 2014, 19:51

Fall of Summer Festival @ Torcy (Jour 1)

Black people on the beach...

Fall of Summer Festival, première édition. Vendredi : première journée du monde ! Celle où on vérifie la pertinence du concept, celle où on essuie les plâtres, aussi.

Le site d’abord : splendide, spacieux, vallonné… trop confortable ? La « Sanctuary Stage » fait face à la « Blackwaters Stage », qui ne fonctionne qu’après 17h, quand les clients du centre UCPA de la base de loisirs ont déserté la plage sur laquelle elle est posée. Entre les deux scènes, « la colline de la flemme » (ainsi baptisée très rapidement par quelques groupuscules habitués d’autres rendez-vous bruyants du grand-ouest), qui offre des gradins de verdure naturels, de part et d’autre. Résultat : le week-end entier, la très sombre horde parisienne se fait contemplative, bien plus que sauvage, même quand CARCASS descend mettre sa gigantesque branlée à Torcy. Certes, il est déjà 1h du mat’ et le sable industriel de la plage coupe un peu les pattes, mais cette pitoyable tentative de pogo dont on a gratifié Jeff Walker et sa bande... Merde, quoi.

La musique, donc : du haut niveau et plus de 24 heures de concerts sur deux longues journées. Il revient à des français de lancer le festival. Représentant la scène extrême francilienne émergente, CRUXIFICTION plonge Torcy directement dans le ton qui sera celui du week-end : black en diable, souvent lourd, parfois mélodique. Au moment des premiers riffs, sur la Sanctuary, le soleil se voile : lumière uniforme, plate, sans ombre – comme a l’unisson, le ciel s’est installé sur un mode qui marquera largement le Festival. Let there be no light…

C’est donc sur une plage à l’ambiance de Toussaint qu’AGRESSOR inaugure la Blackwaters. Seulement, comme le Fall of Summer l’indique, c’est l’été, il fait quand-même chaud et bien lourd. Alex Colin-Tocquaine, son Floyd Rose, ses râles gutturaux et les musiciens dont il s’est entouré font encore monter la température et la pression de quelques crans, grâce à quelques bonnes fessées comme « Someone To Eat ». Entre temps, sur le bitume de la Sanctuary, MERCYLESS aura commencé à nous rafraîchir méchamment la mémoire avec ses titres mythiques comme « Substance Of Purity » et « Without Christ ».

Place à BÖLZER, toujours sur la Sanctuary, première découverte marquante de la journée. Le duo Suisse, mené par le guitariste KzR (alias O. Ketzer, de DEATHCULT) déchaîne une tempête inspirée, brutale, mais parfois quasi-onirique.

Il est alors déjà près de 19h et c’est le moment d’évoquer l’organisation du Fall Of Summer : évidemment perfectible, à quelques égards. Tout le vendredi, il fallait par exemple accepter de perdre à peu près une heure afin d’acheter des jetons pour boire un coup et/ou se restaurer. C’est beaucoup, même si (d’autant que ?) festivaliers, « VIP », bénévoles et même artistes étaient apparemment logés à la même enseigne…

Impossible donc d’évoquer le tout premier concert français d’EXUMER, malheureusement, car il convenait d’être à l’heure et le cœur bien accroché pour ROTTING CHRIST, parmi les groupes les plus attendus de la journée. Les Grecs, menés par un Sakis Tolis en forme olympique, n’ont pas failli à leur réputation : lourd, puissant, mystique, leur set a marqué quelques esprits au fer rouge.

Retour sur la plage à la tombée du jour pour AURA NOIR, qui porte haut, depuis deux décennies, le flambeau du black-trash norvégien… Moui… Pour une oreille pas particulièrement réceptive au style, ce set uniforme (au surplus desservi par un batteur parfois très approximatif dans ses rafales d’AK-47) aura certainement souffert de la comparaison avec ROTTING CHRIST, ses syncopes et ses mélodies complexes, la voix profonde du charismatique Tolis.

ROTTING CHRIST

 

La Norvège reste à l’honneur, avec BORKNAGAR, de retour en France après 16 longues années, qui administre au public de la Sanctuary sa bonne petite claque pagano-folk et chaleureuse : pas désagréable du tout. Un peu dommage, simplement, que le frontman Andreas Hedlund, alias Vintersorg, ait laissé sa voix à la maison pour l’occasion…

VENOM n’a nul besoin d’une gloire usurpée. Depuis presque 35 ans, ce nom appelle la légende. Plutôt très rare et traînant une réputation live mitigée, VENOM était particulièrement attendu sur la Blackwaters. Avec une set-list concentrée sur les plus anciens albums (« Welcome To Hell » et « Black Metal ») et les plus récents (« Fallen Angels », en particulier), le groupe maintient l’intérêt d’un large public pendant tout son slot. C’est très propre, mais ça manque de folie et la voix de Gollum… euh, Cronos, lui échappe assez fréquemment. Bref, on a vu VENOM. Merci Fall of Summer.

Partant de la logique que certains ont dû assister à trois ou quatre concerts de NAPALM DEATH avant de bien comprendre ce qui leur arrivait, sans désespérer totalement, on se pardonnera de n’avoir toujours rien à dire de pertinent sur un set d’IMPALED NAZARENE, après deux fois – Sanctuary stage, il était minuit.

VENOM

 

Mais voilà enfin CARCASS, la véritable pièce de résistance de ce festin auditif, finalement très varié et assez digeste. Dès l’attaque de « Buried Dreams », les Anglais conquièrent la plage sans coup-férir : c’est une tête de pont de l’enfer, qu’ils y installent. Les coups de pilon de « Incarnated Solvent Abuse » sont à l’avenant et quelques crowd-surfers parviennent enfin à se hisser sur un pit qui sera décidément resté bien mollasson tout le week-end. « Comment allez-vous ? Je ne parle pas français ! » lâche l’abomifreux et giganorme Jeff Walker à Torcy, avant de passer à l’anglais et d’inviter les très nombreux flemmards de la colline à s’approcher : « We don’t bite! ». Peine perdue.

Mais CARCASS fait partie de ces groupes qui n’ont besoin de personne pour tout ravager sur son passage : la tuerie se poursuit avec les premiers extraits de « Surgical Steel », le chef d’œuvre le plus récent du groupe (2013). Le très frais « Cadaver Pouch Conveyor System » précède ainsi un redoutable medley enchaînant l’intro de « Noncompliance… » à « This Mortal Coil ». Bim, bim et re-bim derrière – même si bon, « Noncompliance to ASTM F 899-12 Standard » en entier, ça aurait été bien sympa quand même.

CARCASS

 

La seconde moitié du set alterne les très vieilles bombes grind comme « Reek of Putrefaction » ou « Exhume to Consume » et les nouvelles munitions telles « The Granulating Dark Satanic Mills » et « Captive Bolt Pistol ». L’assaut prend fin avec « Corporal Jigsore Quandary » et la traditionnelle version augmentée de « Heatworks » : CARCASS, par KO.

Certes, VAMPIRE va conclure la journée sur la Sanctuary, mais les discrets Suédois, pour leur premier concert français, semblent surtout là pour assurer un retour au calme progressif aux festivaliers, sur le chemin du parking ou du camping.

Le Fall of Summer, première édition, ne faisait vraiment que commencer : la suite vous sera racontée très bientôt par Carole Pandora et Leonor…

Blogger : Naiko J. Franklin
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Naiko J. Franklin
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