22 septembre 2014, 14:48

AUDREY HORNE : "Pure Heavy"

Album : Pure Heavy

On avait craqué pour le groupe en 2005 avec son premier album « No Hay Banda » : j’étais immédiatement séduit par ce qui était alors une espèce de side-project ou supergroupe réunissant alors quelques musiciens officiant dans la nébuleuse black-metal norvégienne, expérimentant un heavy-rock inclassable où l’on pouvait pêle-mêle retrouver quelques petites traces de stoner, du heavy, beaucoup de FAITH NO MORE, SOUNDGARDEN, voire les FOO FIGHTERS, du metal atmosphérique, du prog' et une petite dose de psychédélisme empruntant à PINK FLOYD - idéal musical repris sur l’album suivant en 2008, « Le Fol ». L’année d’après, AUDREY HORNE sort un troisième opus tout aussi acclamé, l’album de la maturité selon les médias complètement accros aux scandinaves qui font preuve ici d’une aisance et d’un talent rares, hélas peu récompensés par des ventes encore trop confidentielles. L’éponyme « Audrey Horne » en 2009 marque ainsi une grande étape dans leur reconnaissance, un tournant, qui sera encore plus drastique avec leur quatrième LP qui ne parait que quatre ans plus tard, en 2013 : « Youngblood », fait alors l’unanimité dans la presse metal internationale, imposant donc un changement de cap aussi radical dans le son que dans les compositions. Toschie et son groupe pratiquaient ainsi un metal / hard-rock mélodique complètement influencé par l’âge d’or du genre, entre 1977 et 1983, soit les grandes heures épiques des RAINBOW période Ronnie James Dio, la NWOBHM d’IRON MAIDEN, et surtout le THIN LIZZY de Phil Lynott, assurément leur plus grande source d’inspiration en terme de rythmiques, de mélodies, et surtout d’attaques de guitares en duel. 
Fort d’un certain succès d’estime de la part de fans conquis faisant grossir le buzz en jouant le bouche à oreille, relayé à plus grande échelle par certains magazines internationaux aux anges (on salue nos confrères de ROCK HARD pour leur foi indéfectible), AUDREY HORNE revient ainsi plutôt rapidement avec un nouvel album dans les bacs, 18 mois seulement après la consécration « Youngblood », bien décidé à prolonger l’immense plaisir éploré depuis.

Après les pochettes des derniers albums de MASSIVE, HEADCHARGER ou GODSMACK, les grosses cylindrées rivalisent de puissance : AUDREY HORNE affiche crânement des chromes rutilants sous un ciel menaçant et ténébreux, promettant sous son capot une sacré démonstration d’énergie, et laissant augurer une bien belle balade old school, tous chevaux battants. « Pure Heavy » : tout est dans le titre. Du pur heavy. Du pur metal. Mais dans la stricte lignée du précédent, sans grande prise de risque - seulement une simple envie de perpétuer un pan de ce genre musical avec amour et passion, en l’emmenant avec nostalgie, dynamisme et enthousiasme dans les années 2010.

« Wolf In My Heart » est une réjouissante entrée en matière, éclatant tel l’ouverture d’un album des WHO, à coups de powerchords électriques et acoustiques, tandis que derrière, « Holy Roller » est un tube heavy-rock à l’ancienne drivé par un de ces riffs de tueurs.
AUDREY HORNE a toujours pour obsession l’héritage de THIN LIZZY : « Out Of The City » est assez hallucinant puisque l’on jurerait l’avoir entendue mille fois sur un album de la féconde discographie des Irlandais - que ce soit sa rythmique, ses twins guitares imparables et un tel refrain solaire, AUDREY HORNE rassemblant ici les pièces du puzzle THIN LIZZY savamment disséqué pendant plus de trente années d’écoutes répétées. 
Des riffs mordants et diaboliquement accrocheurs, doublés de ces soli vertigineux rappelant vraiment les années « Killer » ou « The Number Of The Beast » de MAIDEN, notamment sur ce « Volcano Girl » d’excellente facture ou un « High And Dry » fiévreux.
Petites influences américaines sur « Tales From The Crypt » qui emprunte historiquement au glam-rock anglais pompier de SLADE, SWEET ou Gary Glitter, ici repensé façon KISS ou VAN HALEN, et autres sources d’inspiration complètement assumées par les Norvégiens.

On ne retiendra pour autant pas tous les morceaux de ce cinquième opus - après maintes écoutes, certains s’avèrent hélas secondaires : honnête et sincère dans sa démarche, le groupe aurait peut-être dû passer quelques moments supplémentaires à peaufiner leur song-writing avant de rentrer en studio. Si l’exécution est exemplaire et irréprochable, quelques titres fleurent le remplissage et la redite, et n’excitent pas plus que ça nos oreilles… Très sympathique album mais encore loin du chef d’oeuvre attendu : il manque quelque chose, une identité plus forte, un grain de folie plus franc et plus d’audace. Référence montante pour tous les amateurs de hard-rock, nous pouvons cependant craindre que le groupe ne plafonne à cet échelon de succès et peine ainsi à exploser à bien plus grande échelle - il ne suffit pas d’être si sympathique ni d’aligner les morceaux largement trop pompés chez les aînés pour espérer en devenir la relève. Si quelque part AIRBOURNE était soi-disant destiné dès 2007 à remplacer AC/DC, je n’y ai pour ma part absolument jamais cru, trouvant au mieux le groupe agréable mais loin de pouvoir s’imposer aussi facilement que certains médias l’eurent espéré dans leurs pronostics - voir aujourd’hui où stagnent les Australiens : entre la deuxième et la troisième division, engendrant une certaine lassitude.

J’oserait de plus avancer que ma préférence allait très franchement à l’AUDREY HORNE des deux, voire trois premiers albums, que je trouvais donc sensiblement plus originaux, subtils, personnels et singuliers - le quintette norvégien ne faisant ainsi que reprendre plus de trente ans plus tard tous les ingrédients, excellents au demeurant, des grands noms du hard-rock de papa. Une formule réussie et irréprochable sur la forme, mais qui gâche et bride quelque peu le potentiel hautement créatif que l’on avait décelé chez eux il y a dix ans en brassant des influences aussi variées.

Pour conclure, attention : aucun mal non plus à ce que ces mecs-là se fassent tant plaisir à jouer la musique qu’ils aiment si honnêtement - cette sincérité, ce savoir-faire, cette passion et cet amour transpirant sur quasiment chacun de ces onze nouveaux morceaux.

Blogger : Jean-Charles Desgroux
Au sujet de l'auteur
Jean-Charles Desgroux
Jean-Charles Desgroux est né en 1975 et a découvert le hard rock début 1989 : son destin a alors pris une tangente radicale. Méprisant le monde adulte depuis, il conserve précieusement son enthousiasme et sa passion en restant un fan, et surtout en en faisant son vrai métier : en 2002, il intègre la rédaction de Rock Sound, devient pigiste, et ne s’arrêtera plus jamais. X-Rock, Rock One, Crossroads, Plugged, Myrock, Rolling Stone ou encore Rock&Folk recueillent tous les mois ses chroniques, interviews ou reportages. Mais la presse ne suffit pas : il publie la seule biographie française consacrée à Ozzy Osbourne en 2007, enchaîne ensuite celles sur Alice Cooper, Iggy Pop, et dresse de copieuses anthologies sur le Hair Metal et le Stoner aux éditions Le Mot et le Reste. Depuis 2014, il est un collaborateur régulier à HARD FORCE, son journal d’enfance (!), et élargit sa collaboration à sa petite soeur radiophonique, HEAVY1, où il reste journaliste, animateur, et programmateur sous le nom de Jesse.
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