29 octobre 2014, 17:33

"Conversations avec Jimmy Page" : la biographie

Chez Ring le 30 octobre.

Refoulez la préface de Philippe Manœuvre (mais pourquoi ? pourquoi pas Tonton Zégut ? pourquoi pas notre Hugo Tessier ou notre Christian Lamet, qui ont interviewé Page ce printemps pour Metal XS ? ou pourquoi pas Cyril Hanouna, si l’on prend ouvertement le parti de tomber dans le grand n’importe quoi ?), ne regardez pas la quatrième de couv’ très légèrement pompeuse (« Oubliez la légende, entrez dans l’histoire »…), ne prêtez pas attention aux imperfections de la maquette (mais peut-être avons-nous en main une version béta ?) ; si « Conversations avec Jimmy Page », est un ouvrage à posséder absolument par tout fan de LED ZEPPELIN qui se respecte, c’est pour l’intimité véritable qu’il offre avec l’alchimiste en chef du dirigeable, grâce à une traduction excellente d’Hélène Sauvignet. Il sort le jeudi 30 octobre chez Ring.

L’expérience commence un peu comme une soirée au Royal Albert Hall, en compagnie d’Eric Clapton, en 1995. Cette année-là, pour son passage quasi rituel dans le temple victorien de la musique londonienne, Slowhand propose une histoire du blues (tournée « Nothing but the blues »), sans jouer le moindre de ses tubes, mais passant consciencieusement en revue les standards de Big Maceo, Homer Harris, Robert Johnson, Freddie King… avant même que Chuck Berry, BB King ou Muddy Waters soient devenus incontournables. A la fin des années 1950, au début des 60, c’est le moment inimaginable où les disques de ces artistes, importés, circulent sous le manteau, en Angleterre, où ils sont quasiment jugés obscènes. Ben si. Déjà, les musiciens sont noirs… Toutefois, ce qui attire avant tout Clapton, Beck et Page, par exemple, vers cette musique, c’est la place qu’elle réserve à la guitare, face à des productions locales très timides, de ce point de vue.

En 1963, Page a 19 ans. Il devient presque du jour au lendemain le requin de studio le plus prolifique de la place de Londres. L’histoire de la guitare électrique et celle du rock’n roll va se dérouler sous ses yeux et largement entre ses mains, de la recherche générale sur le son au développement particulier des premières distorsions, par exemple, avec pour toile de fond l’opposition larvée à la standardisation de la Pop. Dès les premières… pages du livre, l’on se prend à rêver d’une discothèque idéale, où l’on pourrait piocher un vinyle de THE VENTURES, dont le « 2000 Pound Bee » semble si important, où tout simplement « Goldfinger », de la bande originale du Jimmy Bond 007 du même nom, de Shirley Bassey, dont James Patrick Page assure toutes les guitares (on ne parle même pas des différentes périodes de THE YARDBIRDS, hein…) – vive youtube et le fait qu’on n’ait plus à se trimbaler des vinyles sous le manteau, quoi…

La construction du livre est astucieuse. Après tout c’est la traduction d’un texte d’abord conçu pour le public américain, faut rabâcher un peu et puis surtout faut pas que les gens s’embêtent : Brad Tolinski raconte l’histoire de Jimmy Page (et donc de THE YARDBIRDS, de LED ZEPPELIN, de THE FIRM, etc.), chapitre par chapitre, puis confirme et approfondit régulièrement l’aspect musical des questions dans ses véritables conversations avec Page (un bon tiers du bouquin). De ce point de vue, le texte ravira les geeks, gratteux ou ingé-sons, tout en restant passionnant de bout en bout, pour les autres – qui ne peuvent pas passer un mois sans rêver de LED ZEP sur scène, une journée sans écouter « No Quarter », etc.


Quelques interludes, tirés des rencontres de Tolinski avec d’autres témoins (Chris Dreja et Jeff Beck (THE YARDBIRDS), Paul Rodgers (THE FIRM, FREE, BAD COMPANY), John Paul Jones, etc.) ponctuent la lecture et éclairent le récit.

Car voilà la grande force de ce livre : aucune révélation fracassante, à peine quelques anecdotes croustillantes, mais un intérêt maintenu, de bout en bout, par cet insaisissable personnage qu’est Jimmy Page, dont les facettes scintillent les unes après les autres pour retourner chacune dans les limbes de l’histoire du rock n’roll, à laquelle il est tellement lié.

Très autoritaire, mais incapable de dire du mal de qui que ce soit ; près de ses sous quand les sommes se comptent en dizaines de dollars (cette mémoire du prix des trucs !), ne regardant jamais à la dépense pour en jeter plein la vue avec LED ZEP ; tour à tour modeste, faux-modeste et ouvertement prétentieux ; Jimmy Page est certainement le plus attachant et le plus complexe des membres survivants du dirigeable. C’est sans discussion possible celui dont l’influence sur 60 ans de rock n’roll est la plus forte.

Sa biographie de référence (2012 pour l’édition originale) est disponible en Français, le 30 octobre aux Editions Ring – www.ring.fr – 395 pages, 23 €.

(Photos tirées du communiqué de presse - elles figurent dans le bouquin avec quelques autres jolies pièces.)


Blogger : Naiko J. Franklin
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2 commentaires

User
Toto El Baxxozorus
le 30 oct. 2014 à 13:18
Manoeuvre a préfacé le bouquin car l'éditeur français du livre pense qu'il est le seul représentant de la presse musicale hexagonale (presse qu'il ne doit pas souvent lire....je l'accorde), Tonton Zégut étant un parfait inconnu pour lui.<br />
Sinon, Cyril Hanouna..... pourquoi pas ?!!! Mais je crains que sa dyslexie mono-neuronale et son incapacité à tenir un stylo bic entre ses doigts ne jouent en sa défaveur .... Et la seule référence qu'il puisse associer à un dirigeable est l'embonpoint de l'arrière train de sa p'tite copine.... Enfin la, j'deviens médisant ... mais c'est pas grave.
User
Karl Libus
le 10 nov. 2014 à 23:33
Ouai c'est pas sympa, enfin tout de même...
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