29 octobre 2014, 19:52

Billy Idol : "Kings & Queens Of The Underground"

Album : Kings & Queens Of The Underground

Guitariste puis chanteur du groupe punk GENERATION X à la fin des années 70, Billy Idol connaît un succès populaire fulgurant au cours de la décennie suivante, grâce à des tubes calibrés FM et des clips en rotation sur une MTV alors naissante. Puis la source se tarit progressivement, il y a une vingtaine d'années, après un album expérimental mais raté ("Cyberpunk") et il tombe peu à peu dans l'oubli. Son grand retour annoncé, il y a presque 10 ans ("Devil's Playground"), passe alors largement inaperçu malgré des qualités artistiques indéniables.

La sortie d'un nouveau Billy Idol est-elle alors encore pertinente en 2014 ?

Il faut se rendre à l'évidence : à part les quelques fans fidèles et irréductibles, peu de gens se souviennent encore des « Rebel Yell » et autres « Eyes Without a Face » et il y a fort à parier que ce nouvel opus ait le même retentissement que le précédent. La grosse cavalerie,  Steve Stevens à la guitare et Trevor Horn à la production, n'y changera d'ailleurs pas grand chose. Pourtant, « Can't Break Me Down », le premier extrait paru sur internet il y a deux mois, était très prometteur grâce à une guitare et une rythmique incisives et un refrain imparable. C'est un énorme tube en puissance qui aurait certainement taquiné les charts il y a encore 20 ans. L'autre titre paru peu de temps après, « Postcards From The Past » était dans la même veine, évoquant irrésistiblement « Rebel Yell » dans sa structure, en moins bien, forcément, mais suffisamment efficace pour contenter les fans en terrain connu. D'ailleurs, on remarque très vite que les chansons sont toutes construites sur cette base couplet/refrain/pont, ce qui est un exercice assez périlleux car tout repose alors sur la qualité des mélodies. Et c'est précisément là que le bât blesse...

Ainsi, la suite des événements est beaucoup moins enthousiasmante puisque le disque s'avère vite inégal, s'essoufflant dès la deuxième partie qui aurait été la face B du vinyle il y a 30 ans. Alors certes, il y a de bonnes, voire de très bonnes choses : « Bitter Pill » est un curieux choix pour ouvrir un album mais c'est un grower presque progressif (la marque de Trevor Horn ?) qui s'immisce peu à peu dans le creux de l'oreille pour devenir familier et finalement assez plaisant. « One Breath Away » évoque un peu « Eyes Without a Face » dans sa construction (toujours en moins bien, hélas) mais avec un refrain réussi et catchy sans être inoubliable pour autant. « Save Me Now » est un bon titre de rock et « Kings & Queens Of The Underground » une ballade nostalgique et touchante, presque une complainte d'ailleurs, évoquant en fade out les "golden years" révolues. C'est après que les choses se gâtent puisque les quatre titres d'après, toutes d'autres ballades d'ailleurs, se suivent et se ressemblent. Au mieux, sans la moindre aspérité (« Eyes Wide Shut », « Ghost In My Guitar »), au pire des fillers, titres de remplissage, sans envergure (« Nothing To Fear ») ni imagination (le très U2-esque « Love And Glory »). « Whiskey and Pills », pur titre de rock'n roll à la Lemmy Kilmister, est beaucoup trop propre et arrangé pour évoquer MOTÖRHEAD et ne suffira hélas pas à réveiller l'auditeur de la torpeur dans laquelle les quatre morceaux précédents l'ont plongé.

On attendait un Billy Idol plus assagi, on n'est pas déçu de ce point de vue : la hargne historique appartient désormais au passé. Ce n'est pas forcément un mal car elle serait sans doute anachronique et déplacée aujourd'hui. En revanche, on l'espérait un peu plus inspiré, surtout presque 10 ans après le précédent album... Pour autant, le fan nostalgique ne boudera pas son plaisir de retrouver l'empreinte vocale inimitable du punk peroxydé et les riffs ravageurs d'un Steve Stevens toujours en forme. D'autant que cet album sonne décidément comme un testament, sa sortie coïncidant avec l'autobiographie "Dancing With Myself".
C'est juste un peu dommage que le tout soit enrobé d'une production aussi somptueuse que souvent trop envahissante.

Blogger : Pierre Graffin
Au sujet de l'auteur
Pierre Graffin
Un samedi de 1983, un concert diffusé aux "Enfants du Rock", sur Antenne 2 (cela ne nous rajeunit pas !) : une tournée de GENESIS, celle de l'album où figure "Mama", titre qui fut élu, en son temps, le plus "heavy" de l'année par la presse "hard rock" (le terme "metal" n'était pas encore tellement de mise !) unanime. J'ai su, ce soir-là, ce que j'avais toujours voulu entendre sans jamais pouvoir le définir. A suivi une longue quête, éternellement inachevée, du "Saint Graal" musical. HARD FORCE, avec BEST puis, plus tard, ROCKSTYLE, furent autant de bibles pour moi dans cette soif de connaissance. C'est grâce à eux, notamment, que mes goûts, d'abord très "prog'" s'élargirent à d'autres horizons, du hard mélodique à des répertoires plus "heavy". Ce sont eux, aussi, qui m'ont inculqué l'envie d'écrire pour la musique (ROCKSTYLE, PROGRESSIA...).
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