8 octobre 2014, 16:59

ACCEPT @ Paris (Le Bataclan)

ACCEPT ! Voilà un groupe dont la rigueur toute germanique me traumatisa jadis, le groupe expliquant dans un vieil Enfer Magazine que lors de l'enregistrement de "Russian Roulette", ils arrivaient au studio à 8 h du matin, avec toutefois un léger assouplissement des règles le dimanche… avec début des hostilités à 9 h ! Ah ça, où étaient donc passés le sexe et la drogue ? Et si jouer dans un groupe de metal c'est comme aller pointer, autant faire des études ! Enfin heureusement, quelques pages après, il y avait un article sur les délices de la vie en tournée avec MÖTLEY…

Je ne suis donc pas étonné, quand, en 2014, à 20h30 précises les premiers assauts de la terreur teutonique se font entendre. Des tirs précis provenant de guerriers aguerris. Et "Stampede", single tiré du nouvel album "Blind Rage" qui met directement la flèche au centre de la cible. Déjà un riff à taper du pied en vous bousillant les cervicales. Déjà des chœurs au millimètre. Plus allemand, c'est de la Leberwurst, plus metal, c'est la Tour Eiffel ! Et autant être au parfum du "Accept 2010", puisque la set-list va s'axer majoritairement sur les trois disques sortis avec une précision de coucou suisse depuis. Six titres d'interprétés rien que pour le récent "Blind Rage" c'est peut-être un peu beaucoup ! Mais anciens ou nouveaux morceaux, la musique d'ACCEPT comme jadis celle du joueur de flûte de Hamelin est surtout pensée pour que le cerveau lâche du lest et que le pied droit ne cesse de battre la mesure. 

Et bientôt le duo Wolf Hoffman / Peter Baltes va se mettre en branle. A vos rangs, fixe ! Garde à vous ! Guitare au clair ! Et hop on envoie les petits déhanchés, "un coup à babord, un coup à tribord". Là aussi, plus teuton, c'est Hansel & Gretel ! Porté par ces tempi virils et ces riffs musclés, évidemment une subite envie d'envahir la Pologne nous monte rapidement au cerveau. Et on ne passe pas loin puisqu'en fait c'est à "Stalingrad" que le groupe va s'attaquer : morceau de choix de l'album éponyme de 2012. Un epic à la ACCEPT tout en chœurs gutturaux et en lignes de guitare chantantes. Suivra  "Hellfire" et le plus dispensable "200 Years" mais qui glissent tout de même comme il faut. L'occasion pour Mark Tornillo qui communique à minima d'éructer un « All right Paris, comment ça va ! Mais vous êtes déchainés ce soir ! ». Et on remarque que si Udo n'était pas bien grand, Tornillo à côté, c'est un petit lutin dont on se dit qu'il devrait reprendre du hachis à la cantine.

Pourtant, même gaulé comme Alain Giresse, le loustic enquille les morceaux avec une apparente décontraction. A l'aveugle, c'est la même voix passée au papier de verre que Kiki Dirkschneider. Et même sur les passages un peu parlés ou psalmodiés, on croit entendre la tessiture de Tonton Treillis. En revanche, question présence physique, cet homme-là ne vole pas vraiment le show à ses petits camarades. Le syndrome Arnel Pineda de JOURNEY ? Voler à la rescousse d'un groupe légendaire en collant sa voix dans la voix de son père mais s'en tenir là ? C'est clair qu'on n'est pas chez EDGUY et que Mark Tornillo avec sa dégaine de roadie n'est pas là pour faire de grands discours, ni pour ouvrir la foule en deux façon Mer Rouge / Wall of Death. Nein ! De toutes façons, les deux bonhommes d'un concert d'ACCEPT, ce sont les amis de 35 ans, Peter Baltes et Wolf Hoffman, compositeurs principaux et souriants et charismatiques en diable. Wolf en particulier est remarquable de souplesse faciale, rappelant à coups de grimaces tordues les meilleures heures du philosophe québécois Courtemanche. Enfin, tant qu'il n'imite pas Michel Leeb, passe encore. Il n'interrompt ses mimiques que pour aller se frotter à son ami Peter, et l'on ne peut s'empêcher de comparer leurs cavalcades débauche d'énergie au côté atone d'Herman Frank, "mode débauche d'énergie OFF",  qui lui semble se faire chier dans son coin, bonnet enfoncé jusqu'aux oreilles, à se demander s'il restera une part de flan au catering après le concert.


© 2014 - Tilco / Hard Force

 


Si le son est parfait avec la basse impériale de Peter Baltes qui vrombit tandis que la guitare de Wolf emplit tout l'espace, dommage pour la cohésion scénique qu'ACCEPT n'ait pu remettre la main sur Jörg Fischer qui physiquement était également plus à son avantage qu'Herman Frank. Demandez donc à Jacques Dessange ou Jean-Louis David ce qu'ils en pensent. Sachez-le : en 1985 ces types auraient tué pour approcher un soin régénérant des permanentes de Jörg ou Peter ! Enfin soniquement, permanente ou pas, tout ceci ne change rien puisque le Bataclan bénéficie d'un son énorme. Le rarement joué "Losers & Winners" a entamé le chapitre oldies, suivi de l'énorme "London Leatherboys" dont les chœurs doivent s'entendre jusqu'à la Bastille.  ACCEPT aime à varier ses set-lists d'une tournée l'autre, ce qui est une belle et bonne chose, surtout pour un groupe qui a quand-même donné trois concerts à Paris  depuis 2011 ! Cela nous donne l'occasion outre les titres pré-cités d'entendre pour la première fois "Ahead Of The Pack" qui rend on ne peut mieux. Manquait juste "Turn Me On" et on repartait excité comme une puce ! Comme à l'habitude, ce sont les albums "Balls To The Wall" et "Restless & Wild" qui seront les plus représentés dans la discographie "antérieure" du groupe. Le très rock "Metal Heart" se limitant à son titre éponyme, ce qui est un peu dommage. Quant aux atmosphères du plus sombre "Russian Roulette", il faudra se passer d'elles pour cette fois. Ainsi que de "Bulletproof", titre longtemps rescapé de la maigre période 90's d'ACCEPT, et pas si à l'épreuve des balles que ça pour finir. Pour autant, le public réagit avec une intensité maximale à toutes les époques. Car un concert d'ACCEPT, c'est un peu comme la pièce que l'on glissait jadis dans les "tirettes". Plaisir d'offrir d'un côté, joie de recevoir de l'autre !

Le rappel quasi identique à celui d'U.D.O. le mois dernier à Mennecy, commence en fait dès le dernier morceau du set classique, un "Fast As a Shark" qui vous donne des poussées de danse de Saint Guy. Petit miracle puisque Herman Frank viendra se coller à Wolf Hoffman pendant le solo. Tandis qu'à la batterie, Stefan Schwarzmann  assure le pulse sans en mettre une à côté comme il l'aura fait toute la soirée. Et seul le récent et vicieusement catchy "Teutonic Terror" déjà hissé au rang de classique viendra s'intercaler entre "Metal Heart" et "Balls To The Wall", ne dépareillant aucunement parmi ces trésors vintage.
Au final, quasi deux heures de belle et fine ouvrage.  Wirklich gut!

Retrouvez le portfolio de la soirée par Tilco.
 


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Blogger : Guillaume B. Decherf
Au sujet de l'auteur
Guillaume B. Decherf
Fan de comédies romantiques avec Meg Ryan, grand lecteur de Sylvain & Sylvette, ancien scout et enfant de choeur qui carbure au coca zero et aux carambar...étrangement, je suis pourtant fan de metal depuis la même époque. Autrefois, les anciens appelaient ça du hard-rock. Et depuis, rien ne me motive plus que de me rendre en concert, prendre la température live de mes héros de naguère ou voir ce que donne la relève. Journaliste culture "tous terrains", j'ai au fil des ans et des titres où je suis passé, interviewé une grande part des groupes qui m'ont fait rêver -ou pas...mais peut-être que vous, ils vous font rêver- et je continue. Vous livrant ici, des interviews restées inédites ou dont seule une infime partie a été exploitée. Faut pas gâcher !
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