Le monde va désormais se partager en deux catégories : BLUES PILLS ou SPIDERS ? Il y aura ceux qui resteront accros aux toutes petites pilules bleues, celles qui provoquent donc des érection artificielles, et SPIDERS, un truc de gang, un truc vrai, cuir, moteur, huile, sueur, mais aussi douces phéromones et émotion.
Là où les franco-suédois pourtant partiellement nés sur les cendres de RADIO MOSCOW me semblent teeeeeeeellement surévalués en créant un buzz qu’on ne peut néanmoins que féliciter vu les temps qui courent, SPIDERS, 100% suédois, 100% authentique, m’ont foutu une telle trempe que je suis devenu dingue d’eux - un véritable exploit pour un arachnophobe chronique et confirmé.
Déjà convaincu depuis l’année dernière lorsqu’un dealer bien connu du Boul’Mich’ me mit entre les mains leur premier LP « Flash Point » en 2012, l’annonce de ce deuxième album enchanteur a illuminé mon automne, passant le pré-CD en boucle depuis des semaines et des semaines, tout simplement l’un des tous meilleurs disques reçus depuis la fin de l’été, et surpassant de loin son prédécesseur.
D’emblée « Mad Dog » s’incruste à jamais dans votre crâne avec ce riff insistant rappelant « Supernaut » de BLACK SABBATH en 1972, ou bien sûr les premières heures de PENTAGRAM. On sait dès lors que la chevauchée s’annonce exceptionnelle…
La chanson-titre évoquerait quant à elle un mélange subtil entre le « Wheels Of Confusion » du même « Volume 4 » de BLACK SABBATH, avec le glam rock des RUNAWAYS, et une touche du « Midnight Mountain » de CATHEDRAL : rythmiques lourdes enveloppées d’une grosse basse butlerienne, une fuzz psyché stellaire, un riff sabbathien, des choeurs stellaires, cette voix lumineuse, enjouée, déterminée mais si féminine, et cette petite sensation glam avec des claps de mains qui nous enjoignent à les imiter, Ozzy-style.
Des riffs parfois proches du KISS des deux premiers albums, et le song-writing est direct, pur, brut, essentiel : pas de bavardage, aucune boursouflure, dix chansons concises et idéalement troussées pour une bonne grosse demie-heure de hard-rock franc, viril, et pas si glam que ça, hormis une poignée de références, dont l’exercice sus-cité.
On pourrait parler ici de bon rétro hard-rock aussi teeeeeeellement en vogue avec comme meilleure représentation -scandinave ou teutonne- incarnée par les incontournables ORCHID, KADAVAR et autres, mais il y a chez SPIDERS un truc vachement plus frondeur, viril, HARD. Du BLUE OYSTER CULT, du STEPPENWOLF, et niveau girl-power, la meilleure réponse à MOTÖRHEAD de tous les temps, qu’elle soit d’ailleurs masculine ou féminine on s’en fout, j’ai nommé les délicieuses GIRLSCHOOL que l’on ne cite que trop rarement - elles méritent pourtant vraiment tous nos chaleureux hommages… Ici « Only Your Skin » aurait été un hit dans l’Angleterre ouvrière de 1981 si nous avions la chance de revivre ces grands moments de découverte, de candeur et d’intégrité… Il y a deux ans nous avions découvert les excellents FREE FALL, suédois également, et l’on n’hésite pas deux secondes pour affirmer que SPIDERS les égale, voire les surpasse. Un doux zeste de STOOGES sur cette missive aux amphétamines, cousine nordique du « I Wanna Be Your Dog » de l’Iguane, chantée ici avec la voix terriblement cassée et donc sexy de notre hôtesse nocturne… Avec un tel hit entre les oreilles, on ne peut, désolé, que fantasmer sur une maîtresse-femme en combinaison de cuir, façon SUZI QUATRO ou sa cadette Joan Jett, personnifiant toutes les deux le rock’n’roll au féminin et qui manque cruellement à tant de musicos eunuques !
Nous avons aussi ici des morceaux plus légers comme « Lonely Nights », pourtant porté par un de ces riffs incisifs comme tant de sous-merdes aimeraient en pondre en claquant des doigts. Des riffs, des riffs, des RIFFS ! Carnaval de riffs vintage comme ce « Control » qui recycle à la fois « Paranoid » et du DANKO JONES : en 2’35 à peine, SPIDERS impose des brûlots hard-rock comme du temps de l’âge d’Or, circa 1982. Et ce n’est pas le refrain scandé, fédérateur et incandescent de « Give up The Fight » qui viendra calmer nos gardeurs ! Un énorme tube potentiel, illuminé par des soli de John Hoyles, véritable successeur à Fast Eddie Clarke !
La fin de l’album nous réserve une sacré surprise avec « Hard Times », une ballade aussi passionnée que teintée de psychédélisme, nous rappelant San Francisco lors d’un crépuscule pourpre - on ne comparera pas à nouveau avec Janis Joplin, mais l’esprit est là, tout aussi intense et poignant, sans trop en faire : en un peu plus de trois minutes, le message est passé, la boule a empli notre gorge : merci Ann-Sofie Hoyles, tu es la nana de l’année.