4 décembre 2014, 19:37

STICKY BOYS


Prenez un power trio shooté au hard-rock et au punk-rock. Ajoutez-y une bonne dose de fun. Mettez-le sur une scène et regardez-le s'éclater et le public lui emboîter le pas. Pendant qu'Alex Kourelis, chanteur et guitariste, reposait son mal de cheveux et sa voix entamée par une soirée très rock'n'roll la veille, Tom Bullot et J.-B. Chesnot, respectivement batteur et bassiste des STICKY BOYS, se sont posés pour répondre à nos questions quelques heures avant leur concert à Luynes.


Où vous situez-vous sur la scène française qui, dans l'ensemble, est plus extrême que rock'n'roll énervé ?
Tom : C'est vrai qu'en France, on a une culture dans le metal qui est plutôt extrême, underground et violente. Mais nous, quand on a commencé la musique, ce qui nous touchait le plus, c'était le rock'n'roll, le hard-rock, des RAMONES à CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL, en passant par MACHINE HEAD. On est parti de là car tout ça nous parlait, on n'a pas cherché à se poser de questions sur la direction musicale qu'on allait suivre. On a la fibre hard-rock et metal, on se sent chez nous sur la scène française en général.

Il y a une évolution entre le côté rock électrique à la AC/DC de « This Is Rock'n'Roll », sorti en 2012, et celui plus “punk-rock” de « Make Art », votre nouveau CD. Un changement conscient ou une évolution naturelle ?
J.-B. : Ça s'est fait naturellement. Sur le premier, on découvrait le studio, c'était la première fois qu'on enregistrait un album. On est resté dans une veine très AC/DC-AIRBOURNE, tandis que pour « Make Art », on a pris plus de libertés. On a aussi mis la basse un peu plus en avant, ce qui nous rapproche davantage de la façon dont on sonne en live. C'est donc logique que ça ait un côté un peu plus punk.
Tom : On a toujours eu des influences punk, punk-rock : CLASH, RANCID, THE OFFSPRING, GREEN DAY et compagnie. Alors forcément, il y a un moment où ça ressort.

C'est quoi le rock'n'roll pour vous ?
Tom : Faire juste ce qui nous plaît, sans se fixer de limites. Comme quand, en 2010, on s'est retrouvés dans cette pub pour la SNCF déguisés en glammers. Dès que le projet nous branche, si ça reste rock, si ça nous amuse, on le fait. L'album qu'on a enregistré après, c'était dans la veine AC/DC-AIRBOURNE parce que c'est ce que l'on était capables de faire à ce moment-là. Quand on a composé le suivant, ce sont des influences un peu plus punk qui nous sont passées par la tête. Le résultat, c'est « Make Art ». Le rock'nroll, pour moi, c'est ne pas se donner de lignes directrices, ne pas avoir de plans marketing, ni de stratégie. C'est juste laisser sortir ce qui vient du cœur.
 

« Quand on a commencé la musique, ce qui nous touchait le plus, c'était le rock'n'roll, le hard-rock, des RAMONES à CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL, en passant par MACHINE HEAD. » - Tom Bullot

 


Jusqu'au jour où ça commence à marcher suffisamment pour ton groupe pour que ta maison de disques et ton manager te disent qu'il ne faut pas changer une formule qui gagne et que le cœur, il passe après les euros ou les dollars…
J.-B. : On n'en est pas à ce niveau. Et puis on a la chance d'avoir un label (Listenable Records) avec qui on s'entend très bien et qui nous laisse une liberté totale.

Vous êtes très rock'n'roll, mais quid du sexe et des drogues qui complètent la "fameuse trilogie" ?
Tom : Nous, on n'est pas branchés plus que ça par les drogues. Après, “sex, drugs & rock'n'roll”, c'est un slogan. Je ne dis pas qu'il n'y a pas un certain nombre de musiciens connus qui tombent dans la défonce, mais il y a aussi des légendes qui sont exagérées et entretenues. Nous, on bosse beaucoup sur notre musique, on n'a pas tellement le temps d'aller voir à droite ou à gauche.

Le rock qui fait du bruit, vous avez découvert ça comment ?
J.-B. : Quand j'étais gamin, mes parents écoutaient QUEEN et j'ai accroché. Et de fil en aiguille…
Tom : Moi, ce sont mes copains d'école qui écoutaient des groupes comme IRON MAIDEN. Et puis après, il y a eu la grosse vague punk-rock des années 90, avec GREEN DAY, THE OFFSPRING… Même si on était sourd et aveugle, forcément, on connaissait par cœur (rires).

Ce qui nous amène à STICKY BOYS. Rappelez-nous comment tout a commencé…
J.-B. : Tom et Alex ont de gros antécédents (rires) !
Tom : On a quinze ans d'antécédents en commun. On a fait beaucoup de groupes ensemble.
J.-B. : J'ai tellement entendu cette histoire que je vais la raconter. Tom, reprends-moi si je me trompe. Donc, Tom et Alex ont fait beaucoup de groupes ensemble, qui avaient énormément d'influences différentes : ils ont joué du thrash, du funk, du hard-rock et même du death avec tout un tas de musiciens. Et puis je crois que vous en avez eu marre ?
Tom : Les autres ne bossaient pas assez…
J.-B. : Alors vous avez continué tous les deux.
Tom : On s'est dit qu'on allait faire juste du rock'n'roll tous les deux et arrêter de se poser des questions. Qu'on allait balancer tout ce qu'on avait dans le cœur. Et c'est la première chose qui a marchée dans tout ce que l'on a fait. On sortait une chanson par jour, on postait ça sur Internet. C'était en 2008.
J.-B. : Moi, je suis arrivé en 2009, un peu moins d'un an après leurs débuts à deux en tant que STICKY BOYS.
 

« C'est tellement difficile de trouver une alchimie et un équilibre entre les membres d'un groupe et de créer un environnement propice à la création que quand tu l'as à trois, tu remercies déjà le ciel. » - Tom Bullot

 


Vous n'avez jamais eu envie d'avoir un autre guitariste ?
Tom : C'est tellement difficile de trouver une alchimie et un équilibre entre les membres d'un groupe et de créer un environnement propice à la création que quand tu l'as à trois, tu remercies déjà le ciel. Et tu ne cherches surtout pas à casser le truc.

Pourquoi le nom STICKY BOYS qui sonne un peu glam ?
C'est toujours difficile de trouver un nom. On aimait bien BEASTIE BOYS, mais c'était déjà pris (sourire). A l'époque, dans le quartier de Paris qu'on fréquentait, on était connus comme étant de sacrés gros dégueulasses, on buvait comme des cochons… On répétait dans un troisième sous-sol miteux, avec des champignons partout, l'horreur. C'était un environnement sale, collant et poisseux et c'est de là qu'est venu STICKY BOYS.

En juin, vous jouerez pour la deuxième fois au Hellfest. Deux albums, deux participations. Elle est pas belle la vie ?
On a toujours vendu qu'on avait joué au Hellfest, en 2011, ce qui est vrai sur le papier. Mais en fait, on a joué à la soirée de warm-up, le jeudi soir, au Metal Corner. C'était un grand moment, on s'est régalés. Mais cette année, c'est une vraie participation avec un slot sur une main stage, ce qui est quand même complètement différent.

Quels sont les groupes à l'affiche que vous attendez plus particulièrement ?
J.-B. : Je n'arrive pas à regarder l'affiche sans trembler (sourire)… Il y a NOFX, que j'ai déjà vu plusieurs fois mais que je ne veux pas louper. J'adore.
Tom : ALICE COOPER, que j'ai vu plusieurs fois et que j'adore aussi.
J.-B. : NUCLEAR ASSAULT…
Tom : Ouais, NUCLEAR ASSAULT, du bon thrash metal.

Que pensez-vous d'un groupe comme SLIPKNOT qui fera partie des têtes d'affiche ?
Tom : Moi, je suis passé complètement à côté de SLIPKNOT. Comme de toute la scène neo metal, d'ailleurs. A l'époque, quand j'écoutais IRON MAIDEN et les premiers albums de METALLICA, je trouvais que « … And Justice For All », c'était trop moderne. Alors le neo metal (rires)… J'ai découvert KORN et DEFTONES assez récemment et je trouve ça bien.

Et l'étranger, ça raconte quoi ?
J.-B. : On joue en Suisse, en Allemagne, on a aussi pas mal de contacts avec les USA parce qu'on a joué avec plusieurs groupes américains (NDJ : THE DONNAS, NASHVILLE PUSSY, POPEVIL). On travaille aussi pour aller en Angleterre mais il y a un gros boulot de développement.
Tom : En France, on commence à creuser notre trou, à jouer un peu partout. A l'étranger, c'est difficile mais on travaille avec quelqu'un qui nous trouve des dates. On va voir ce que ça donne.

Ce soir, à Luynes, c'est la dernière date de la première série de concerts du “Make Art Tour”. C'est quoi votre prochain live ?
J.-B. : Le 13 décembre à Nantes au Stereolux, pour les Rockeurs ont du Cœur. On demande à tous ceux qui viendront d'apporter un jouet neuf pour les enfants.
Tom : On va repartir en tournée en France dès le début de l'année. Pendant l'été, à part le Hellfest, on va participer à pas mal de festivals français et on devrait aussi en faire quelques-uns à l'étranger.
 

« MOTÖRHEAD, pour moi, c'est « Ace Of Spades ». Aujourd'hui, ils suivent toujours exactement la même ligne directrice, ils ont juste davantage de moyens. Alors autant prendre l'original. » - J.-B. Chesnot

 


Pour terminer, j'aimerais savoir ce que vous pensez de quelques groupes majeurs qui ont écrit au moins un titre avec “rock'n'roll” dedans. On commence avec LED ZEEPELIN et “Rock'n'Roll”…
J.-B. : C'est mon adolescence. J'en ai beaucoup écouté, maintenant un peu moins, mais c'est un peu ma madeleine de Proust.
Tom : A chaque fois que j'entends LED ZEP, ça me replonge dans mon adolescence. Mais pour nous, les patrons, c’est AC/DC : c'est droit, simple, alors que LED ZEP, il y avait un côté foufou qu'il n'y a pas dans notre univers.

TWISTED SISTER : “You Can't Stop Rock'n'Roll”…
Ça c'est la famille, par contre ! On connaît par cœur.

OZZY : “Rock'n'Roll Rebel”, le titre d'ouverture de « Bark A The Moon »…
Tom : C'est un album incroyable.
J.-B. : Moi, j'ai une préférence pour Ozzy période BLACK SABBATH. J’aime mieux le côté plus 70's.

En parlant des chanteurs de BLACK SABBATH : que pensez-vous de Ronnie James DIO et de son “Rock'n'Roll Children” ?
Tom :
On s'éloigne un peu du génie des deux premiers albums de DIO, mais ça reste un très bon titre, et puis cette voix ! J'aime bien de toute façon les chansons qui parlent aux enfants et les invitent à rejoindre l'univers du rock. Notre chanson “The Future In Your Hands” est exactement dans cet esprit, c'est important pour nous.

Si je vous dit : “Long Live Rock'n'Roll” de RAINBOW…
J.-B. : Quand on réécoute tous ces groupes, RAINBOW, DEEP PURPLE, WHITESNAKE, on a les larmes aux yeux.
Tom : Ça n'a pas vieilli. Alors qu'il y a des albums qui sont vieux au bout de deux ans…

Evidemment, il y a aussi AC/DC et son “Let There Be Rock”…
J.-B. : “Let There Be Rock” est vraiment un excellent titre. Mais je crois que ce que je préfère dans cette chanson, c'est son clip. Il est vraiment incroyable avec Bon Scott en prêtre et Angus avec son auréole. On ressent le fun, il y a une énergie extraordinaire. Ça c'est du rock !

Et KISS et son hymne “Rock'n'Roll All Nite” ?
KISS, pour le spectacle, c'est fabuleux.
J.-B. : J'aime bien quelques morceaux mais ce n'est pas trop ce que j'écoute régulièrement. Je les ai vus au Hellfest et c'était vraiment un show à l'américaine.

Et “It's Only Rock'n'Roll” des indéboulonnables ROLLING STONES ? Qui n'en finissent pas de venir, revenir et rerevenir…
Tom : C'est bon à chaque fois.
J.-B. : Ouais, mais elles sont chères leurs places de concert !
Tom : Quand je les vois en concert, je ne me dis jamais à un moment : « Oh, je m'ennuie, ils sont vieux, ils n'ont plus la moëlle… » A chaque fois, c'est le sourire jusqu'aux oreilles, l'ambiance folle. Moi, tant que je prends du plaisir en tant que spectateur, ça me va.

MOTÖRHEAD, à qui on vous compare parfois pour votre énergie, et l'album « Rock'n'Roll » ?
J.-B. : MOTÖRHEAD, pour moi, c'est « Ace Of Spades ». Aujourd'hui, ils suivent toujours exactement la même ligne directrice, ils ont juste davantage de moyens. Alors autant prendre l'original.
Tom : Quand tu vois des vidéos du début des années 80, il y avait une espèce de folie qui se dégageait du groupe.

Oui, MOTÖRHEAD avait une image de groupe dangereux qui faisait un peu peur. Et MARILYN MANSON, qui sera justement au Hellfest, avec son "Rock Is Dead” ?
J.-B. : Je n'ai aucun album de MANSON.
Tom : Je connais juste sa reprise de “Sweet Dreams (Are Made Of This)”, c'est tout. MANSON aussi il faisait un peu peur au début. Mais dans le genre malsain. Quand on l'a vu sur scène au Hellfest, ça ne faisait plus très peur. Ou alors dans un autre sens (rires).

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
Ses autres publications

2 commentaires

User
Christophe Z. Darras
le 08 déc. 2014 à 23:08
Belle interview !<br />
User
Christophe Z. Darras
le 08 déc. 2014 à 23:08
Belle interview !<br />
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