Certains artistes ont le don de transformer tout ce qu’ils touchent en joyaux éternels. C’est le cas de Jerry Cantrell, le maître à penser et à créer d’ALICE IN CHAINS, qui sort son troisième album solo, « Brighten ». Et comme son nom l’indique, cet album voit la lumière percer à travers les brumes grises et mélancoliques habituelles de l’artiste. Accompagné, selon les titres, de Greg Puciato aux chœurs et harmonies vocales (DILLINGER ESCAPE PLAN), Duff McKagan à la basse (GUNS N' ROSES), Gil Sharone et Abe Laboriel Jr à la batterie, Jordan Lewis au piano, et d’une tripotée d’autres intervenants, Jerry Cantrell délivre un disque à la beauté tourmentée et lumineuse, coproduit avec Tyler Bates et Paul Fig et mixé par Joe Barresi, « Brighten » a été enregistré pendant la pandémie, après la fin de la tournée d’ALICE IN CHAINS pour son dernier album, « Rainier Fog ».
On retrouve l’inimitable patte du maître dans ces compos, mais avec toutefois des touches country et americana (c’est notamment flagrant sur "Black Hearts And Evil Done", "Had To Know" et "Nobody Breaks You") qui sont absentes du répertoire de son groupe principal. Cela ajoute des nuances teintées sable clair et soleil poussiéreux fort bienvenues, au registre habituel de l’artiste. L’album débute par le premier single, "Atone", un morceau au refrain immédiatement addictif, qui donne d’emblée le ton de ce nouveau disque, insufflant une brise légère venue tout droit des terres arides du fin fond des Etats-Unis. "Brighten" apporte une fraîcheur et une couleur plus stellaire, quand "Prism Of Doubt" nous ramène aux racines de la country et du folk, ainsi que "Black Hearts And Evil Done". La superbe et sombre "Siren Song", quant à elle, n’aurait pas dépareillé sur un album d’ALICE IN CHAINS. L’un des très beaux moments de cet album, intense et émouvant, où les harmonies vocales dont Jerry Cantrell a le secret prennent toute leur ampleur. Les voix de Greg Puciato et Jerry se marient sublimement, donnant un éclat supplémentaire à ce diamant.
Mid-tempo pour les deux chansons suivantes : "Had To Know" et "Nobody Breaks You", mais elles possèdent toutefois un charme indéniable. L’un des titres les plus entraînants, même si on ne risque pas de danser la gigue, est "Dismembered", que l’on écouterait volontiers en regardant défiler les paysages immenses et la nature somptueuse qui nous entourent, lors d’un road-trip improvisé. Un morceau qui laisse l’esprit rêver. L’album s’achève sur la magnifique reprise de "Goodbye" d’Elton John, l’un des héros de Jerry Cantrell, qui avait également participé à la chanson "Black Gives Way To Blue" sur l’album du même nom, qui signait le grand retour d’ALICE IN CHAINS après des années d’absence. Erection capillaire garantie à l’écoute de cette interprétation magistrale, où toute l’émotion contenue de Jerry Cantrell nous asperge de sa beauté. Car non contant d’être un grand compositeur et musicien, l’artiste s’avère être aussi un vocaliste hors-pair.
« Brighten » fait partie de ces albums qui s’écoutent à l’infini, sans jamais aucune lassitude, tant la beauté des compositions est empreinte de justesse. Pas une note de trop, pas d’esbroufe, uniquement la sincérité d’un musicien entier, mature et accompli.
