J’étais en pleine rage de dents quand ce vieux briscard de Jeff Henry m’a contacté pour me dire que son groupe DISSIDENT débarquait avec un nouveau disque. DISSIDENT avait bien marqué les esprits avec son style thrashcore bien saignant. Ce nouvel album, « Shred », était très attendu, après toutes ces années, Jeff s’est baladé dans l’hexagone, cherchant son inspiration dans les bras de jolies filles tout en sirotant des cocktails, puis le confinement fût l’occasion de retourner en studio. Toujours accompagné de Rémi Serafino à la batterie, avec le petit nouveau Manu Neyssenas à la guitare bien huileuse, voici donc le retour des fils de la "Nice thrash Bay Area".
"FFR" ne calmera pas mes douleurs dentaires. On rentre direct dans le lourd de chez lourd. La batterie et la basse qui s’emballent, les riffs qui s’accélèrent sans concession. Pas de doute c’est du DISSIDENT. Balançant des paroles très "Chaos Poetry", à savoir de nombreux « Motherfucker », nous en prenons plein... les dents. Introduction et soli hennissant façon SLAYER, les jeunots rendent un bel hommage aux maîtres du thrash. C’est maîtrisé, des cavalcades "sang pour sang" metal hurlant. Jeff et ses companeros ont bien travaillé.
"Daddy's Creampie", encore un bel hommage mais cette fois à un metal lourd et rythmé comme invasion bestiale brésilienne, sans doute l’un de mes morceaux préférés avec sa structure travaillée aux petits oignons. Manu fait des merveilles sonores, pour exemple "Watching You Die", on ne peut pas dire de lui "Kisser" à rien. "Shred" envoie son pesant de riffs martelés et sans retenue, tout l’album s’enchaîne tel un concept mis en "thrash" musique. Puissance du son.
Le dernier tiers de l’album s’éloigne du thrash pur, et pour mon plus grand bonheur cisèle un hardcore new-yorkais pur grain. "Drop The Bomb" et "Sewer" ne sont pas le fruit du (bio) hasard, n’est-ce pas Jeff ? Deux vagues de lourdeur punk-metal immédiatement assimilées avec un plaisir que l’on ne saurait cacher. DISSIDENT offre une conclusion classieuse. "Bloodshed Ballad" est un morceau à tiroirs. Les tempos sont multiples, les riffs se succèdent en une somme des expérimentations des titres ayant précédés, toujours empreints de puissance maîtrisée. On n’espère pas que ce soit un morceau "testament"...
DISSIDENT a une nouvelle fois assuré. Je n’en doutais pas un instant. Une brochette de compositions que l’on aime se prendre dans les gencives, j’en ai oublié un instant ma rage, tiens. Vous pouvez l'acheter les yeux fermés, mais les oreilles ouvertes, ce « Shred » généreux en thrash. DISSIDENT, une formation qui peut réclamer le trône et se proclamer être un véritable "Kerry" King... du ring !