L’année 2023 touche à sa fin et avec elle, arrive mon "Top Albums", le mien, à moi, mon précieux... mes précieux même ! Comme à chaque fois, un classement par ordre alphabétique sans considération de place sur un podium ou de date de sortie. Et puis, du ressenti, rien que du ressenti, le mien à moi tout seul ! "Likez" ou pas, débattez, faites le vôtre, partagez vos impressions car "du choc des idées jaillit la lumière" selon l’expression consacrée par Nicolas Boileau, homme de lettres ayant headbangué ou pas (bis repetita) au XVIIIe siècle. Une seule règle : la joie et la bonne humeur. Et selon la formule consacrée par l’aristocrate sujet de Sa Majesté Brett Sinclair et le self-made man américain Danny Wilde dans la série britannique du même nom : « Amicalement vôtre... »
(Accédez aux chroniques des albums concernés en cliquant sur les titres en hypertexte.)
PHIL CAMPBELL AND THE BASTARD SONS - « Kings Of The Asylum »
1-0, 0-1... On est ici dans le binaire total, pas chez AC/DC non plus ok, mais dans une dynamique et une démarche similaires suffisamment rock pour que l’on tape furieusement du pied et que l’on headbangue sans se poser plus de questions. L’ancien guitariste de MOTÖRHEAD, ses trois rejetons (à ce propos, Dane, le batteur, ressemble de plus en plus à Andreas Kisser et c’en est à se demander si... enfin, bref !) et le chanteur Joel Peters tirent onze cartouches qui font mouche. Et si l’ombre du bombardier plane parfois sur certains brûlots ("The Hunt", "Maniac"), on se plait à constater que la recette a bien plus d’identité propre que celle d’AIRBOURNE (auquel le groupe emprunte d’ailleurs le titre d’un album pour l’un de ses morceaux, "No Guts! No Glory! "). Couplé à un « Live In The North » également sorti cette année, le clan Campbell porte fièrement l’étendard du rock'n'roll. Ça c’est dit ! « Wesh, bande de bâtards... » ©Tuche Daddy
A écouter en priorité : "Strike The Match", "The Hunt", "No Guts! No Glory! "
CANNIBAL CORPSE - « Chaos Horrific »
A L’instar de leurs compatriotes floridiens d’OBITUARY, George "Corpsegrinder" Fisher et les acolytes officiant à ses (larges) côtés au sein de CANNIBAL CORPSE, se sont fendus à la rentrée d’un disque auquel on ne s’attendait presque pas. Twin guitars bien heavy, de la mélodie (terme relatif ok), on est donc loin d’un pilonnage martial et death en règle dénué de sentiments. Mais rassurez-vous, il n’est toujours pas question ici de balades bucoliques pâquerette à la bouche mais plutôt de déferlantes dignes d’Attila et ses Huns à leur lointaine époque et où le poil ne repousse plus dans les oreilles des auditeurs ("Drain You Empty"). Et comme pour le « Road » du sieur Cooper, on est tranquille, peinard, on ne demande rien et v’là qu’on se fait copieusement arroser ! Royal au bar ! « Singin’ in the rain(ing blood)... »
A écouter en priorité : "Overlords Of Violence", "Chaos Horrific", "Fracture And Refracture", "Drain You Empty"
CAVALERA - « Bestial Devastation » / « Morbid Visions »
La moitié du "vieux" SEPULTURA, à savoir les frangins Cavalera, Max au chant/guitare et Iggor à la batterie et percussions, se sont attelés à revisiter et réenregistrer les deux premiers forfaits de leur groupe de jeunesse (des méfaits plutôt vu leur agressivité), l’EP « Bestial Devastation » et le premier album « Morbid Visions ». Côté basse, ils ne sont pas allés chercher bien loin en s’adjoignant les services d’Igor (avec un seul g) Cavalera, fils de Max et, pour la deuxième guitare, de Daniel Gonzalez, qui n’a malheureusement pas hérité du surnom "Speedy" malgré sa vitesse d’exécution lors des soli. Si le capital nostalgie et le côté brut de décoffrage restent ancrés sur les versions originales, on ne peut nier l’indéniable double mandale ressentie à l’écoute de ces réenregistrements dotés d’une production dont n’a pu bénéficier SEPULTURA à l’époque. Bien que le groupe ait acquis avec ses différents référentiels (pour moi jusqu’en 1991, d’autres pousseront jusqu'en 1995) le statut qui est le sien aujourd’hui, nul doute que s’ils avaient pu bénéficier d’un telle mise en son à l’époque, le BIG 4 actuel tel qu’il est considéré (et qui ne fait pas la majorité en plus) aurait été tout autre. Bref, vous l’aurez compris, tout bon amateur de thrash/death se doit d’avoir, et les originaux, et ces rééditions. Indispensable on vous a dit.
A écouter en priorité : « Bestial Devastation » / "Antichrist", "Warriors Of Death" – « Morbid Visions » / "Troops Of Doom", "Show Me The Wrath"
Alice Cooper - « Road »
Déçu des précédentes sorties de Mr. Furnier, du moins de son alter-ego musical, je n’attendais rien de ce nouveau disque. Est-ce pour cela que j’ai été plus que surpris en découvrant ce "concept-album" à la gloire des kilomètres d’asphalte avalés en plus de cinquante ans de carrière ? Et Dieu sait qu’il en a bouffé... En tout cas, il serait bien bête pour les refroidis dont je faisais partie, de passer à côté d’un disque solide enregistré – et c’est une première – par le groupe qui l’accompagne sur scène depuis quelques années déjà. Du hard bien ficelé et à l’identité marquée, la gouaille d’Alice, de l’humour ("Rules Of The Road") et en sus et pour le même prix, un Tom Morello (RAGE AGAINST THE MACHINE, PROPHETS OF RAGE) qui se fend d’un solo sur "White Line Frankenstein". Allez, en route Simone, c’est toi qui pilote et Alice qui klaxonne !
A écouter en priorité : "Big Boots", "Rules Of The Road", "The Big Goodbye", "100 More Miles"
ELYSION - « Bring Out Your Dead »
La Grèce a déjà été bien généreuse et nous a gratifié du sirtaki, de la feta et, pour certains, d’une île où il fait bon aller se reposer. Côté musique, nous avons eu droit cette année au nouvel album d’ELYSION, « Bring Out Your Dead », formation originaire d’Athènes menée de front par la chanteuse Christiana Hatzimihali. Un metal qui se veut ici une formidable petite usine à hits rehaussé du plaisant grain de voix et du coffre de la chanteuse (qui va lorgner parfois du côté du metal symphonique sur "Buried Alive") ainsi que de parties de guitare typiquement heavy et mélodiques. Certaines chansons entrent dans le crâne dès le premier refrain pour ne plus le quitter ensuite, ne donnant qu’une envie lorsque le disque finit, celle d’appuyer à nouveau sur la touche "lecture". Vous ne pourrez plus dire qu’on ne vous en a pas parlé dans HARD FORCE.
A écouter en priorité : "Blink Of An Eye", "Buried Alive", "Raid The Universe", "Eternity"
HEADCAT - « Live In Berlin! »
On pourra râler que les labels fassent les fonds de tiroir pour capitaliser sur le passé, ce qui est plus que le cas pour BMG avec MOTÖRHEAD mais aussi pour d’autres formations estampillées "Lemmy" à l’image de HEADCAT et ce « Live In Berlin! » enregistré en octobre 2011 et qui ne sort que cette année. On mettra un bémol sur ce constat par le fait que l’on ait eu que peu de matière à se mettre entre les oreilles les concernant et que, il faut bien se l’avouer, une bonne dose de rockabilly/rock'n'roll/country de la part du tiercé gagnant (avec Danny B. Harvey à la guitare et Slim Jim Phantom à la batterie/percussions) ne peut nuire à la santé. On ne fait donc pas la fine bouche et on profite de ce très sympathique concert d’une heure donné au club Huxley’s alors que Lemmy était encore en forme et qu’il ne boudait pas son plaisir en donnant des concerts avec HEADCAT.
A écouter en priorité : Tout. Et à fond. Car le rock c’est tout à fond !
LEGION OF THE DAMNED - « The Poison Chalice »
18 ans au compteur (sous ce nom) et huitième album pour les Bataves revenus cette année avec un album de death/thrash toujours aussi béton et plaisant à découvrir. « The Poison Chalice » prouve encore la solidité de cette formation que l’on aimerait voir plus souvent en nos contrées et qui avait loupé la possibilité de marquer les esprits en annulant sa venue au Hellfest en 2022. Elle se rattrapera l’an prochain d’ailleurs et c’est tant mieux. La paire de guitaristes, dont le p’tit nouveau Fabian Verweij arrivé en 2020 et dont c’est la première participation sur disque, tricote méchamment et les mélodies n’enlèvent rien à l’agressivité du propos. Quant à Maurice Swinkels au chant depuis les débuts, c’est un sans-faute et son timbre empreint de black se veut, au fil des ans, de plus en plus reconnaissable. Un thrash mode BTP, du béton armé solide.
A écouter en priorité : "Contamination", "Behold The Beyond", "Savage Intent", "Beheading Of The Godhead"
OBITUARY - « Dying Of Everything »
Groove, lourdeur, death ? Au jeu du Qui Est-Ce ?™, chaque amateur répondra d’une seule voix : « OBITUARY ! » Eh oui, le groupe des frères Tardy (John au chant et Donald à la batterie) a fait paraître cette année un manifeste des années post-COVID venant de s’écouler (du moins les premières parce qu’on n’est pas sorti de l’auberge...) et le moins que l’on puisse dire, c’est que « Dying Of Everything » se pose là en tant que témoignage sonique de ce que l’on a vécu. Alors oui, on reste chez OBITUARY mais qui mieux qu’eux peuvent faire ce qu’ils font, hein ? Voire qui d’autre qu’eux pourrait composer de tels titres avec une identité pareille ? Eh ouais, on est d’accord, personne ! Bref, vous l’aurez compris, longue vie à OBITUARY !
A écouter en priorité : "Barely Alive", "The Wrong Time", "Dying Of Everything", "My Will To Live"
ORBIT CULTURE - « Descent »
Groupe suédois injustement méconnu mais qui ne doit pas pour autant être sous-estimé, ORBIT CULTURE a été adoubé par le monstre à neuf têtes-qui-tombent-plus-vite-les-unes-que-les-autres, SLIPKNOT, qui les avait embarqués dans sa caravane Knotfest. La formation nous a proposé cette année un « Descent » aux enfers où l’on brûle d’envie de les accompagner. Allons-y gaiement donc, coincés entre mélodies et accès de rage au gré de l’album, à l’image de "From The Inside", mixage parfait entre violence death à gros coups de blastbeats, groove, passages atmosphériques en voix claire et mélodies heavy avec un furieux solo, titre qui n’est pas sans nous rappeler l’univers d’un certain... PARKWAY DRIVE (sur "Through Time" aussi). Avis aux amateurs, allez-y de ma part, vous ne serez pas déçus.
A écouter en priorité : "Black Mountain", "From The Inside", "Undercity"
OVERKILL - « Scorched »
Constant et presque métronomique dans ses sorties, OVERKILL et sa vingtaine d’albums au compteur n’a pas toujours lâché que des perles bien que les moins bons en aient recelé tout de même un peu (vous me suivez ? Mouais, j’ai un doute...). Mais depuis 2010, on ne peut pas dire que le groupe du New Jersey s’est économisé et il a su remonter la pente du thrash old-school de fort belle manière et se réaffirmer en vrai daron du genre. « Scorched » ne faillit pas à la règle et je dirais même qu’il s’agit là de l’un des meilleurs albums de la bande, toujours emmenée par l’homme à la voix de rasoir, Bobby "Blitz" Ellsworth qui se voit fidèlement secondé vaille que vaille par son lieutenant-bassiste D.D. Verni. Un disque enfanté dans la douleur par le chanteur (divorce, crise de la COVID et isolement personnel) mais dont il peut s’enorgueillir d’avoir réussi là un coup de maître.
A écouter en priorité : "Scorched", "The Surgeon", "Won’t Be Coming Back", "Harder They Fall"
