21 juin 2014, 10:50

Hellfest - jour 2 @ Clisson

Nous aurons l'honneur de débuter cette lumineuse et chaude journée par un des meilleurs groupes actuels en termes de brutal death : BENIGHTED. Au menu, growl, pig squeal, notes de basse délégatrices, blasts saccageurs et double qui n'en finit pas. Pour ceux qui ne sont pas encore bien réveillés, il n'y a rien de mieux. Démonstration plus qu'impressionnante et nombreux seront ceux qui en resteront presque bouche bée. Un morceau dédicacé au frère d'arme LOUDBLAST, ce qui permettra de nous rappeler leur set génialissime de la veille.
Le boucher Julien Truchan n’aura aucun mal à captiver l'attention de tous et déjà beaucoup de Clissonnais en goguette, ça promet pour la suite...
 


L’organisation avait communiqué début juin sur les quelques annulations de dernière minute dont a été victime le running order (ainsi que son coup de gueule par rapport aux réactions négatives qu’elles ont engendré). Les Polonais MGŁA remplacés par un certain BORGNE faisaient partie du lot, une première pour ces Suisses... Tous recouvert de "suie", inquiétants et d’une froideur à nous faire oublier la chaleur grimpante, ils resteront immobiles de longs instants face au mince auditoire que nous formons. Quand la machine se mettra en place, le blast beat produit par la claviste fera tout trembler dans un large périmètre, tellement qu'il est pénible de rester trop prêt des enceintes. Mis à part l'absence de batterie, ce black torturé alliant modernisme et tradition sera ponctué par des passages atmosphériques souvent lancinants et un marteau pilon synthétique un peu répétitif, l’ensemble est assez monotone et il est un peu difficile de rentrer dedans.


La politique de la maison a toujours été : tous les styles sont les bienvenues. Exemple concret avec le bon vieux skatecore de BURNING HEADS. Dans une atmosphère bruni par la poussière (et oui encore elle), les french-riders que l'on ne présente plus nous livrent un punk-rock mouvementé et concis. Avant-première avec un extrait du prochain opus prévu pour septembre prochain. Cela n'arrive que très rarement mais nous avons droit à un reggae, l’accalmie n’est que provisoire et l'énergie de nos amis du Loiret reprendra toute sa force avec le titre "Hurray". C'est reparti pour une tornade de fumée, tel un feu en plein pit. Groupe remonté sur pas mal de plan avec pêle-mêle un morceau anti cyber-activiste ou une dédicace à "la coupe du monde de football de merde". Pour ce dernier l'accueil sera mitigé, d’autres approuveront la démarche.

A la Valley, on se lève pour SUBROSA. Peu banal, le violon sera utilisé en guise d'introduction, accompagné par la voix de sirène de la chanteuse, puis celle de la bassiste. Elles nous berceront toutes deux tranquillement, un groupe effectivement très féminin ce qui change. Lorsque la guitare et batterie feront leurs apparitions, cela aura l'effet d'une bombe, forçant les récalcitrants à se repositionner debout, il faut croire que le désordre vient de remplacer la torpeur attisant ainsi la curiosité. Puis, vitesse de croisière, un son stoner sans équivalant de par sa touche féminine, la lourdeur est parfois apocalyptique, parfois plus soutenu mais autodestructrice, toujours accentué par un instrument à archet, l'intérêt va croître doucement mais sûrement.

Salle comble pendant TROLLFEST, une fois leur set terminé je profiterai du chassé-croisé pour me faufiler vers les redoutables INCANTATION (où l’on retrouvera largement moins de volontaires).
Le quatuor démarrera d'un seul coup, ils opèreront un death intense et leur statut de pionnier leur confèrera un minimum de respect de notre part. Lenteur méchante en apparence, le compteur bpm s'affolera par moment et John McEntee le guitariste, tenant aussi le poste de chanteur, possède un savoir-faire gutturalement dark dans une veine classique et ne cessera de le prouver. A défaut de rentrer pleinement dans le show, il est possible d'apprécier l'ombre et donc de s'accorder un moment de répit solaire, et ça, ce n'est pas trop demandé.

 


Les plus superstitieux se demanderont peut-être si le fait d’avoir WITCH MOUNTAIN un jour de solstice d'été est un hasard ? Groupe en provenance des Etats-Unis comprenant une chanteuse, sonorités à la fois rock, à la fois doom, certains passages seront ostensiblement blues, mid-tempo, voix élancée qui équilibre le son grave des autres musiciens (tout comme les choeurs, masculins cette fois), beaucoup de solos, riffs entraînants, quelque chose de mystique se dégage dans ce flot entêtant (les mauvaises langues diront que c'est soporifique), la Valley étant spécialisée dans ce type d'expérience.


On reste dans nos premières amours avec ce pur death puant en provenance des temps immémoriaux, PUNGENT STENCH, modestement annoncé en tant que SCHIRENC PLAYS PUNGENT STRENCH sur nos dépliants. Apres plusieurs séparations et reformations alternativement commencées dès 1995, cette fois c’est la bonne, alors il faut en profiter avant qu’ils splittent à nouveau (en plus il y a de la place). Quoi de mieux que de présenter leur œuvre obscène avec ce morceau éponyme ? Les 3 rois du mauvais goût ont une réputation un peu sulfureuse, ils le seront uniquement dans les paroles, car aucun écarts sur scène, un show plutôt fixe, au son tout de même bien cru et acerbe. Leurs titres ont fermentés pendants toutes ces années donnant un résultat plutôt convaincant. Les notes sont crachés sans vergogne, Martin Schirenc est assez détendu mais au final rien de fabuleux mis à part pour les nombreux nostalgiques et curieux.

SHINING n'en n'est pas à son premier méfait au festival de l'enfer et y adhère pour la troisième fois. Le talentueux et tourmenté Niklas s'imposera très vite en chef d'orchestre aux tics perturbés, sa voix sature par moment ce qui est dommage. Au fur et à mesure que le concert se déroule, on ne peut qu'apprécier ces longues tirades, son frontman au penchant autoritaire jouera constamment de sa voix, allant du cri étouffé aux hurlements de douleur et tout ça avec de grands gestes.
Toujours en mouvement, il déambulera sans cesse de droite à gauche, se mettant accroupi, nous tournant le dos, buvant de bonne rasade de Jack dont il imposera une gorgé à son bassiste. Attitude troublante et troublée tout en gardant une certaine mesure due à l’inertie de ses actions. Fait maintenant établi, tous les titres sont bons et cela sans distinction, la mélancolie s'écoule par moment via les solos et les samples exprimant des gémissements et la tristesse apportant à leur prestation la subversion qu'il leur est propre. Le chapiteau est rempli, set-list impeccable, tout le monde est satisfait.

Pour le plaisir on se rend à la Valley, ACID KING est en train de balancer ses riffs ultra fuzz. Un chant encore une fois pour ce lieu féminin avec une gente dame, de son nom Lori S, qui officie également à l'unique guitare. Les compositions du trio sont planantes, assurément psychédéliques, répétitifs, une quasi initiation à la drogue. Le show se finira un peu en avance, c’est ballot pour ceux qui sont arrivés un peu tard…

Avec STATUS QUO, on commence à titiller les grands noms pour ce samedi. Les papys du rock ayant fêté leurs 50 ans de carrière il y a peu, les faisant ainsi passer au rang de doyens du fest. Ils sont en formes et ont sorti leur belle chemise pour l'occasion. Calme et non rebel dans l’âme, les mélodies de piano et d’harmonica, sans oublier les solos radieux, auront leurs petits effets sur l'humeur des auditeurs formant une vaste mer face à eux, jusqu’à provoquer quelques petits pas de danse disséminés ici et là. Ils iront droit au but avec des succès tels que "Caroline", "Paper Plane" ou "Hold You Back", évidement ils maîtrisent leur sujet et permettent surtout au festival, n’ayant déjà plus rien à envier aux autres, d’ajouter un trophée supplémentaire à son brillant palmarès.

Et pendant ce temps aux antipodes musicales et géographiques, le cousin Québécois GORGUTS se trouve à l'Altar et c'est un événement car c’est une reformation. Pour ceux qui ne connaissent pas, voilà un autre nom qui n'est pas venu pour blaguer. Death dans toute sa splendeur, rapide et technique. Son leader francophone Luc Lemay est d'un tempérament affable, sa reconnaissance envers notre engouement fera plaisir. La musique est violente et passe super bien, leur discographie s'étalant sur une période conséquente, le choix des titres sera hétérogène et ira (quasiment) au tréfonds de leur historique, à savoir en 1993. Merci messieurs.

Le mal se prépare à surgir pas loin, sur la Temple, les trois membres démoniaques de TSJUDER avaient déjà été présents auparavant et réitèrent une nouvelle offensive. Un black primaire et corrosif, les blasts prennent une grande place, corspe paint outrageux et attitude pas franchement commode, des textes explicitement orientés satanisme, un light show conséquent et adapté. Le guitariste et le bassiste vomiront leur haine à tour de rôle donnant ainsi plus de relief à une musique brut de brut, ils trouveront leurs brebis prêtent à les suivre.
 


A l’Altar, BRUTAL TRUTH est fidèle à lui-même. Toujours aussi politiquement incorrecte, chaque titre est une vraie agression sous forme d’attaques éclaires. La basse de Dan Lilker mitraille sec, la caisse claire de Rick Hoaks prend cher, le chanteur Kevin Sharp, vêtu de son éternel chapeau de cow-boy, est tel un surhomme tellement son exercice vocal paraît ardu. D'un point de vue qualité, le son est un peu brouillon mais bon, on va leur pardonner. Tout semble rouler comme sur des roulettes quand le groupe annonce que ce concert marquera la fin de leur carrière. C’est donc le dernier pour le Hellfest et aussi pour une immense majorité de fans présents. Son frontman fera un court monologue marquant inexorablement une page qui se tourne après 24 ans de bons et loyaux services dans l’extrême. Pour notre soutien tout au long de ces années, nous avons leurs remerciements. Au finale, une petite dernière ? Elle durera 2 sec, ils n’ont pas perdu leur sens de l’humour malgré la situation suscitant un petit pincement au cœur. Le frontman descendra au niveau des crashs barrières pour serrer le plus de paluches possible... et sous une garnde ovation. Brutal death pour la vie.

Le très attendu MONSTER MAGNET débutera dans une atmosphère "enfumée" et directement avec le titre "Superjudge", faisant ainsi faux bond à son habitude de longue introduction réjouissante, festival oblige. Une trinité de guitaristes rien que ça, dont le génial Dave Wyndorf pour un enchaînement remarquables et sans transitions. Tout colle, le son, le standing et le public. Son chanteur émérite, toujours accompagné de son perfecto noir, est d'une grande diversité vocale et assure une présence continue. "Nod Scene", "Dopes To Infinity", les compositions sont d’un rock puissants, un poil hallucinogènes et donnant un sérieux coup aux cervicales. Il y aura un gros emballement du public sur "Powertrip" et "Space Lord" juste après, ils tiendront en haleine bon nombre de festivaliers lors de ce voyage magnifique, un must ultime pour ce samedi.
 


Pendant que AEROSMITH chante langoureusement "Cryin’", un autre groupe fait beaucoup de bruit à l'Altar dans un tout autre registre. Contrairement aux prestations d'aujourd'hui, le son de NILE est très bon, il est même aux petits oignons. Quelques samples typés orientaux nous feront faire la danse du ventre mais à chaque fois cela débouchera sur une boucherie, le growl profond de Karl Sanders est impressionnant, les titres tels que "Sarcophagus" ou "Black Seeds Of Vengeance" sont ultra-rapides et redoubles de complexités. Derrière les fûts, l’illustre batteur George Kollias est un monstre de technicité et un sacré paquet de gens se sont déplacés pour eux. Conseil du frontman, allez donc voir CARCASS.

AVENGED SEVENFOLD fait partie des "sensations" du moment et profite d’une grande notoriété. Fraichement intronisé dans le cercle restreint des poids lourd, il était intéressant de les découvrir en live. La mainstage 2 leur est réservée juste après le mastodonte de tête d'affiche. Décorations scénique bien léchées avec backdrop géant représentant leur fameuse tête de mort ailée, kit de batterie surélevée, une ligne de flammes et petits feux d'artifice, bref un show à l'américaine.
Les 5 garçons dans le vent (ou la poussière), très à l'aise, commenceront par "
Shepherd Of Fire" qui est également le premier titre de "Hail To The King", le son est cool, agrémenté de quelques explosions par-ci, par-là et des lumières dignes d'un stade. Le chanteur M. Shadows aux épais bras et la gueule d’ange arrivera avec ses acolytes à rallier les festivaliers à leur cause, sans trop de peine et ce avec de nombreuses mélodies mielleuses mélangées à des riffs accrocheurs et un soupçon de double, sans oublier le quart d'heure slow... En tout cas, ils ne se moquent pas de leurs nombreux fans qui reprendront volontiers leurs refrains.

Un dernier pour la route, punk-rock quand tu nous tiens ! MILLENCOLLIN est en train de clôturer le second acte du week-end. Le bastion Warzone est plutôt bondé et honore grandement les Suédois qui débordent d'énergie, tout comme leur musique. L’auditoire est à l'affût mais ne se lâche pas trop (sauf naturellement devant où c'est la guerre). Finish sur une note sympa, à demain pour un certain sabbat noir…
 

Blogger : Jérôme Graëffly
Au sujet de l'auteur
Jérôme Graëffly
Nourri dès son plus jeune âge de presse musicale, dont l’incontournable HARD FORCE, le fabuleux destin de Jérôme a voulu qu’un jour son chemin croise celui de l'équipe du célèbre magazine. Après une expérience dans un précédent webzine, et toujours plus avide de nouveautés, lorsqu’on lui propose d’intégrer l’équipe en 2011, sa réponse ne se fait pas attendre. Depuis, le monde impitoyable des bloggers n’a plus aucun secret pour lui, ni les 50 nuances de metal.
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