21 janvier 2015, 20:38

S.O.S. : une tournée "au secours"

Nous sommes en 1990, au lendemain de Thanksgiving (NDJ : fête américaine célébrée fin novembre où l’on mange les dindes qui n’ont pas été graciées par le Président).
Je viens tout juste de monter une tournée SEPULTURA, OBITUARY et SADUS, le SOS Tour. J’ai dû me montrer très persuasive pour que la tournée ait lieu. La précédente de SEPULTURA avec FAITH OR FEAR ayant été un flop, la plupart des clubs américains ne veulent plus d’eux. La tournée de SACRED REICH que j’ai précédemment organisée et qui vient à peine de s’achever ayant été en revanche un gros succès, je décide de téléphoner aux clubs en leur assurant que j’organise une tournée digne de ce nom pour les SEPs et que les salles seront pleines.
Dans ces conditions, ils acceptent. 

SEPULTURA est en plein enregistrement d’« Arise ». Il terminent aux petites heures du matin du premier concert et nous voilà partis sur la première date.

Dans la salle, j’ai rendez-vous avec OBITUARY et SADUS. Roadrunner m’a engagée pour manager les deux groupes vu que personne ne s’occupe d’eux. La tournée marche à mort et, comme je l’ai promis, les salles sont bondées.




Quand nous arrivons chez moi avec les groupes, à Phoenix, c’est l’avant-veille de Noël. Christina nous a fait une surprise en accrochant plus de trente bas de Noël sur le mur de notre salle à manger ! Un pour chaque musicien, chaque roadie et chaque membre de notre famille. On éclate de rire en les voyant parce qu’ils couvrent un pan de mur entier. 

Le 23 décembre, nous jouons à Oakland (en Californie). C’est la dernière date de la tournée. C’est aussi la ville natale de SADUS. A l’époque, on fait la fête comme des dingues tous les jours et cela promet d'être la teuf ultime !

Je peux sincèrement dire que ce show de SEPULTURA sera le plus dingue des sept années que j’ai passées avec eux. SADUS jette de la boue dans les vestiaires et quand on arrive sur scène, il y a des tas d’impacts de boue sur les amplis.


Le chaos éclate pendant le concert. Il y a une bagarre sur le côté de la scène, l’ensemble tête et ampli de Max finit par terre et le membre d’un autre groupe qui est monté sur scène se fait éjecter d’une des rampes qui mène à la scène. Quand Max joue deux fois BLACK SABBATH, Andreas en a marre et quitte la scène. Je le persuade d’y retourner au moment même où Max trébuche.

Le concert parvient quand même à son terme et je vais discuter avec le promoteur pour récupérer le cachet. Max arrive, saisit Iggor et dit : «Viens, ce mec est en train de faire chier Gloria.» Ils s'approchent de nous, mais c’est à ce moment-là, Max nous fait un remake de L’Exorciste. Il vomit par terre puis se jette à plat ventre dedans. J’en profite pour entraîner Monsieur Dollars dans un autre coin de la pièce.

Mais ce n’est pas tout. Le conducteur du bus nous a lâchés à l’aéroport d’Oakland, mais nos billets d’avion sont au départ de San Francisco, à vingt bornes de là ! Quand nous parvenons enfin à prendre place dans l’avion pour Phoenix, nous nous écroulons dans nos sièges, morts de fatigue.
 



Le jour de Noël, à Phoenix, Iggor répond au téléphone pendant que je prépare à manger.
C’est un manager que vous connaissez tous qui appelle chez moi pour me voler le groupe ! 
Iggor éclate de rire et lui dit : "Non !!!".
Quelle rigolade !

Bonne année à tous ! La classe est terminée.

(traduction : Laurence Faure)
Photos et documents © Collection privée Gloria Cavalera - droits réservés

Blogger : Gloria Cavalera
Au sujet de l'auteur
Gloria Cavalera
Gloria Cavalera est, avec Sharon Osbourne, probablement l'une des rares femmes-managers du metal à avoir atteint une telle notoriété. Sa vie est évidemment liée à la carrière de son époux, Max Cavalera. Ce fut le cas autrefois dans SEPULTURA et désormais dans SOULFLY depuis 1997. Elle s'occupe également de la carrière de ses enfants, aujourd'hui musiciens (LODY KONG, INCITE). A partir d'octobre 2012, elle a décidé de raconter son histoire dans un blog : "Voici mon histoire...mon histoire metal, une sorte de salade mélangée où l'on trouverait mes origines, ma vie actuelle, celle de mes enfants et de mes petits-enfants. L'histoire ne doit et ne peut-être écrite que par ceux qui l'ont vécue". HARD FORCE a le privilège de publier chaque semaine un épisode, en langue française, de cette vie hors du commun.
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