30 avril 2015, 17:23

DALLAS FRASCA

Lève-toi et marche !

Depuis la sortie de l'album "Sound Painter" en 2012 il est devenu bien difficile de passer à côté de DALLAS FRASCA, trio australien de blues rock (très) pêchu, qui a su apprivoiser le public français au cours de nombreuses tournées dans notre pays. C'est pour la sortie de son nouvel album "Love Army" (Verycords) que nous avons rencontré la pulpeuse et incendiaire Dallas, accompagnée de son partenaire guitariste de longue date Jeff Curran, ainsi que le batteur tout juste arrivé dans le groupe Josh Eales. Entretien matinal autour d'un café en plein Pigalle...


Comment s’est passée cette petite tournée avec TRIGGERFINGER ?
Dallas Frasca : C’était incroyable. Crevant, mais très positif. A la fin de la tournée on était très heureux de ce qu’on avait accompli, mais aussi tristes de quitter tout le monde… c’était génial. Un peu court cette fois-ci, on a passé une semaine en Angleterre, puis on a donné 7 concerts en France dont 1 à Canal+, c’était super !

Ces dernières années on a l’impression que DALLAS FRASCA a tissé un lien très particulier avec la France, non ?
D : Ouais, je pense que les français aiment le rock’n’roll ! (rires) De toute façon, j’ai l’impression que beaucoup de groupe de rock australiens rencontrent du succès en Europe en ce moment. Ça vient aussi de l’équipe avec laquelle on travaille, puisqu’on a été pris sous l’aile du label français Verycords qui nous a beaucoup aidés, c’est une chance pour nous. On est venus pour la première fois en 2008, alors que Jeff (Curran, guitare) et moi jouions encore simplement en duo. On a tout de suite senti que quelque chose passait avec ce public, c’est incroyable, c’est notre 5ème tournée ici en 2 ans !

Vous sortez donc ce nouvel album « Love Army », quand on s’était rencontré pour la sortie de « Sound Painter » en 2012 vous aviez dit avoir initialement écrit près de 100 chansons avant de rentrer en studio ! Le même phénomène s’est-il produit ici ?
D : Oui on avait une centaine d’idées, mais 80 étaient merdiques ! (rires) Non mais on avait compilé plein de petites idées de façon à pouvoir piocher dedans quand on en avait besoin, parce qu’on enregistre plus ou moins tout ce qu’on fait… Ce nouveau disque a pris du temps. D’ailleurs je dois dire que la chanson « Love Army » a été écrite ici à Pigalle ! Nous avons écrit à Londres aussi… Pour l’album d’avant, on avait attendu la fin de la tournée pour se mettre à écrire, mais cette fois-ci on a fait ça sur la route. Ça te permet de t’exercer et de rester productif, au lieu d’aller te bourrer la gueule dans un bar ! (rires)

Cette chanson « Love Army » fait 10 minutes, ça change de l’ordinaire pour vous !
D : Absolument !
Jeff Curran : On voulait écrire une chanson épique. Dallas raconte une histoire très élaborée dessus, il ne fallait pas faire ça à moitié ! Personnellement, toutes mes chansons préférées font entre 7 et 10 minutes. Donc ouais c’était une bonne occasion pour raconter cette histoire. J’ai dû créer plusieurs mouvements à la guitare : énervés, puis plus calmes… on ne s’est pas rendu compte de la durée qu’elle faisait avant de l’avoir enregistrée ! 10 minutes pile, on n’a pas fait exprès !
D : Oui elle est intense cette chanson et le break au milieu est d’une importance cruciale par rapport aux paroles car il est très graphique, et peint cette image de la Déesse de l’Amour s’adressant à l’armée… et qui provoque un orgasme à tous les soldats ! Ça ne s’explique pas, il fallait que ça se passe comme ça !
JC : On la joue en live et le public réagit bien, il s’accroche pendant tout le morceau. Je suis content qu’on l’ait gardé !
D : C’est une vraie œuvre d’art. Comme Jeff l’a dit, le public reste à l’écoute quand on la joue, et on ne s’attendait pas à recevoir de si bons retours. C’est dur de captiver l’attention des gens pendant 10 minutes ! Mais après les concerts les gens viennent nous voir et nous disent : « C’était quoi cette chanson ? ». C’est réconfortant de voir que les gens aiment l’art qui sort un peu de l’ordinaire comme cette chanson qui est si longue…
 


 
 « On a été beaucoup plus critique envers nous-mêmes sur ce disque » 


« Love Army » aux cotés de « Success Is The Best Revenge », « You Are Beautiful » ou « Lizard Boy » sont des chansons qui renferment de vrais messages… Ça devient de plus en plus courant pour vous, non ?
D : Absolument ! On a été beaucoup plus critique envers nous-mêmes sur ce disque. Je pense qu’au fil du temps en tant que compositeurs, on a appris à tout de suite cerner les idées qui ne fonctionnaient pas ! (rires) J’ai passé beaucoup de temps sur les paroles de cet album, j’y ai passé des mois et des mois ! On jouait, on écrivait, on laissait un peu de temps passer… Je dirais que l’écriture s’est étalée sur 1 an en prenant en compte tous les concerts qu’on a pu faire. L’année dernière on a récolté 22 000$ grâce à une campagne de crowdfunding, ce qui est incroyable, suite à quoi on est entré en studio pour enregistrer les ¾ de l’album, mais en sortant on a eu le sentiment de ne pas en avoir fait assez… Grâce à ça, on a eu le temps de prendre du recul et de voir ce qui allait et ce qui n’allait pas. C’était un vrai luxe d’ailleurs, car tu ne peux jamais faire ça en temps normal quand tu dois sortir un disque !

Le titre de l’album « Love Army » est très imagé et pourrait très bien donner son nom à un mouvement par exemple…
D : L’idée nous est venue à partir du travail d’un artiste espagnol que nous connaissons et qui vit à Londres. Elle a fabriqué une centaine de petits soldats à partir de sacs en carton qu’elle a récoltés dans des poubelles, elle les a remplis avec des déchets recyclables et elle les a disposés partout dans Brixton. Avec des petits messages comme « Love Your Mother », ce genre de choses… Des trucs simples et humains ! J’ai trouvé ça super que quelqu’un puisse passer des mois sur un tel projet pour ne rien recevoir en échange, si ce n’est suggérer des pensées positives auprès des gens. C’était ça cette « Love Army ».

Un nouvel album, et donc un nouveau batteur comme d’habitude !  
D : Oui ! (rires) Josh n’a pas travaillé sur l’album, mais on l’a trouvé à la fin de nos sessions d’enregistrement… Tu sais, c’est difficile d’organiser sa vie en fonction de notre planning de tournées. Tu passes tellement de temps loin de chez toi… C’est une tannée d’avoir une vie de famille quand tu joues du rock’n’roll !

Tu étais fan du groupe, Josh ?
Josh Eales : J’avais tourné avec eux en Australie, mais j’étais dans le groupe de première partie. J’adorais leur musique ! En fait un jour Dallas m’a appelé et elle m’a dit…
D : (commence à rire)
JE : « On a un concert demain, tu veux rejoindre le groupe ? »
D : (rires)
JE : Je me suis dit : « Et merde ! » (rires)

Tu as appris les chansons la nuit ? (rires)
JE : Ouais je me suis posé dans ma chambre avec un casque sur les oreilles et j’ai réveillé toute la baraque ! Je me suis fait haïr ! (rires)
D : Il était dingue ce concert, le courant est tout de suite passé entre nous. Je trouve que l’énergie de Josh colle bien au groupe, musicalement il est aussi de la même école que Jeff et moi… ça aide !
 


 

« Quand on s’est retrouvés à jouer sur des festivals, on a vraiment lutté pour réussir à remplir tout cet espace. »


En plus d’une énergie incroyable dégagée sur scène, DALLAS FRASCA c’est aussi un groupe qu’on reconnaît instantanément à l’écoute, avec une vraie identité sonore !
D : Tu sais, c’est comme quand tu trouves une marque de vêtements qui te plaît, ça devient ton identité ! Jeff et moi avons passé du temps à trouver notre son et nous sommes toujours en recherche de nouvelles choses pour le développer. Déjà, Jeff joue avec sa guitare à l’envers !
JC : Dallas a aussi voulu utiliser le matériel sur lequel on joue en live pour ce disque, ça ne fait pas tout, mais ça aide pour avoir un son digne de ce nom !
D : Et puis, quand Jeff et moi avons commencé en duo, au début on jouait simplement en acoustique. Quand on s’est retrouvés à jouer sur des festivals, on a vraiment lutté pour réussir à remplir tout cet espace. Il fallait qu’on devienne un vrai groupe de live pour jouer sur ces grandes scènes, avec un gros son… Enfin, ça c’est la spécialité de Jeff ! (rires)
JC : C’est d’autant plus compliqué sans bassiste quand tu n’es qu’un trio !
D : En studio aussi, car sans bassiste, les batteurs ont plus de boulot et doivent fonctionner comme une basse !

Ça vous tiendra toujours à cœur de rester un trio ?
D : Au fond, on fait ce qu’il y a de mieux pour les chansons. Il y en a une qui s’appelle « The Day That We Were Done » sur l’album et qui a une section de cordes, je pense d’ailleurs qu’on pourra peut-être la jouer en Australie avec des violonistes, mais on est un trio. C’est comme ça !

Le clip de « You Are Beautiful » est plutôt unique, un message fort illustré explicitement avec des acteurs… dans leur plus simple appareil !
D : Quand on a commencé à y réfléchir, on voulait que cette vidéo soit aussi forte que le message de la chanson. On voulait sensibiliser les gens à ce problème qui est le dictat de la mode et de l’apparence. C’est du bon sens, vraiment ! C’est Jeff qui a eu cette idée de mettre des gens nus en scène et le résultat parle de lui-même. La vidéo récolte beaucoup de vues mais les commentaires sont partagés. Certaines personnes loupent complètement l’idée et ne s’arrêtent qu’à l’image, mais ça nous est égal. On a aussi reçu beaucoup de retours positifs, et ça c’est le plus important.
 


« On n’imaginait pas qu’autant de gens voulaient se mettre à nu pour nous ! (rires) »


Ça a été compliqué de trouver des acteurs pour y figurer ?
D : Oh non ! (rires) Quand on a posté notre petite annonce de recherche sur nos réseaux sociaux, on n’en croyait pas nos yeux ! On n’imaginait pas qu’autant de gens voulaient se mettre à nu pour nous ! (rires) Cette annonce a explosé notre record de réception d’e-mails en 1 jour, c’était dingue. On ne connaissait pas la majorité des gens qui nous écrivaient, et tu sais avant de faire un truc un peu fou comme celui-ci, tu as toujours ce petit moment où tu te demandes si tu as fait le bon choix… Mais c’était super ! Ça a été une expérience magnifique et ce tournage a été assez intense. Beaucoup de gens ont voulu figurer dans ce clip car ils avaient leur propre histoire à raconter. Par exemple, il y avait une femme dont la fille était anorexique, elle l’a fait pour lui montrer qu’on pouvait être heureux dans son corps ! On a eu un athlète des jeux paralympiques… Des filles qui s’étaient mutilées car elles ne se trouvaient pas assez belles, parce qu’elles s’étaient laissées influencer par les conneries que racontent la société ! Beaucoup de gens qui avaient surmonté ce genre d’épreuves et qui voulaient montrer l’exemple !

Et puis vous faîtes aussi partie de ces groupes qui parlent à beaucoup de gens, on vous voit aussi bien jouer dans des festivals blues, rock que metal…
D : Ouais, de toute façon notre musique est très roots, ça vient du blues ! Ça s’entend dans la manière dont je chante… Le public averti nous parle de Janis Joplin, de LED ZEPPELIN… On a aussi pas mal de riffs qui parlent aux jeunes ! C’est une musique universelle.

C'est souvent le cas quand un groupe vient d'Australie d'ailleurs...  ELECTRIC MARY par exemple, TRACER ou même AIRBOURNE !
D : C’est marrant que tu te dises ça car j’y ai beaucoup pensé avant de venir en Europe. Je pense que ça vient du fait qu’on bosse dur, tu sais, les gens sont un peu têtus en Australie ! (rires) Quand tu joues dans des bars et dans des pubs en Australie, il faut que tu bosses très très dur pour te faire un public. Il faut que tu joues, que tu donnes tout pour attirer l’attention ! Je pense que c’est ce qui réunit tous ces groupes.
JC : Il y a une vraie culture du concert de bar là-bas. Beaucoup des groupes que j’aime viennent de là. Un bar c’est bruyant, c’est agité… quand tu joues du rock’n’roll là-dedans il faut que tu te fasses respecter ! Tu joues à fond, tu chantes en donnant tout ce que tu as… c’est très puissant ! C’est une culture rock’n’roll, il faut que tu leur envoies tout ce que tu as ! (rires)
 

Blogger : Hugo Tessier
Au sujet de l'auteur
Hugo Tessier
Décidemment né trop tard, Hugo Tessier cultive sa passion pour le rock depuis son plus jeune âge. Avec U2 et THE POLICE dans le biberon, son cœur penchera finalement pour le hard rock des eighties qui à son tour lui fera découvrir de nouveaux horizons musicaux. Tantôt étudiant, musicien puis vendeur dans les festivals rockabilly, en septembre 2011 HARD FORCE le convainc de commencer à explorer les concerts de la région nantaise à peine avait-il déballé son unique carton dans sa chambre universitaire.
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