16 octobre 2015, 17:52

AEROSMITH : "Rocks Donington 2014"

Album : Rocks Donington 2014

Ce DVD tombe à pic : on ne se lasse pas de se remémorer leur excellent concert au Hellfest, tête d'affiche royale du samedi soir en 2014. Oh, il ne s'agissait pourtant pas des meilleures conditions : butinant de scènes en scènes et d'apéros en apéros, on n'avait pas vraiment pris soin de se positionner le plus près possible de l'immense avancée réservée aux pas de danse chaloupés de Monsieur Steven Tyler. Non, au lieu de ça, nous avions dû nous contenter d'un écran géant au fond de la fosse et, heureusement, d'une sono généreuse. Mais même dans ces conditions, impossible de ne pas avoir été séduit par la classe et la fougue rigoureusement intactes des Bostoniens. Ce n'était pas une première fois, le dépucelage scénique avec AEROSMITH avait eu lieu en novembre 1993 au Velodromo de San Sebastian, alors que le groupe défendait son dernier album, le multiplatine « Get A Grip ».

A 18 balais à peine, tout juste vêtus d’un T-shirt à leur effigie, nous avions bravé le froid, le crachin et, pire, l’impatience durant toute l'après-midi, nous garantissant toutefois de pouvoir nous a-grip-per les premiers aux barrières devant la scène après un sprint de dératé dans les coursives une fois les portes de la salle ouvertes. Et sous nos yeux ébahis, pour ne rien manquer du spectacle pendant deux heures, Steven Tyler ayant même passé un bon couplet entier agenouillé pile devant moi, les yeux dans les yeux, en pleine grâce, mains tendues façon plafond de chapelle Sixtine, à chanter "What It Takes". Oui, un moment 100 % groupie assumé. Mais la puissance sexuelle, le charisme et la performance légendaire de Tyler étant ce qu'ils sont, un tel souvenir ne s'efface jamais ô grand jamais, tant on a la (si) rare sensation d'être transporté par un mythe.

Et 21 ans plus tard, rien n'a changé. A quoi carbure-t-il, on ne le sait pas trop trop (une vague idée), mais le temps n'a par contre aucune emprise sur le chanteur. Si quelques autres performers à la magie similaire marquent parfois quelques signes de faiblesse, Tyler est un monstre, un fringuant jeune homme de 66 ans toujours prêt à avaler de la groupie et à affronter tous les stadiums de la planète en faisant son show. Une allure de jeune homme svelte, athlétique, flash, extraverti, joueur, mégalo et doté d'une confiance totale en son talent et en sa capacité absolue à électriser un public forcément fasciné.

Si, derrière, Joey Kramer, Tom Hamilton et Brad Whitford assurent une assise rythmique aussi implacable que leur présence reste toutefois assez statique et à l'économie, seul le guitariste star Joe Perry peut prétendre assurer l'équilibre avec son frère ennemi en éclaboussant les fans de son jeu mais aussi de sa présence. S’ils peuvent difficilement se blairer aujourd’hui, façon Jagger/Richards, l’alchimie des toxic twins est inaltérable, et la cohésion du groupe tout aussi inoxydable à en juger par des concerts-marathons toujours aussi excitants.

Capté une petite semaine avant le show du Hellfest, ce concert donné en tant qu'headliners au Download Festival en grande banlieue londonienne est bien sûr en tout point similaire à celui offert à Clisson, ce qui fait de ce DVD un souvenir impérissable, d'autant que la scénographie, les lumières et la réalisation, confiée au brillant réalisateur Dick Carruthers (oh, juste Celebration Day de LED ZEPPELIN, entre autres…), magnifient cette prestation et permet de savourer chaque plan, chaque détail qui nous auraient – forcément – échappé. L'objet existe également en combi DVD + double CD, nous permettant de jouir d'une simple bande-son irréprochable, si l'on excepte forcément le cheesy "I Don't Want To Miss A Thing", ballade à grosses ficelles plutôt horripilante, hollywoodienne et bidon – rappelons que ses compositeurs avaient Céline Dion en tête lorsqu'ils planchèrent sur leur tube pour les besoins de la production du film Armaggedon…

Mais hormis ce faux-pas cependant incontournable et définitif de leurs set-lists, rien à dire, il n'y a bien QUE des tubes hard-rock'n'roll, fussent-ils parfois quelque peu radiophoniques et donc téléphonés, comme ces “Cryin’” mille fois entendu ou le plus faible “Jaded”, ainsi que “Living On The Edge” entre autres. Mais hormis ces incontournables tubes FM drainant un très large public depuis la première moitié des années 90, AEROSMITH déploie bien sûr les hits habituels, immuables standards de ses set-lists (années 70 avec "Walk This Way”, “Dream On "« Sweet Emotion » ou « Mama Kin”, mais aussi retour en grâce 80’s avec “Dude (Looks Like A Lady)”, “Janie’s Got A Gun” et “Love In An Elevator”. Mais ce qui ravira bien davantage le puriste, outre le plaisir de danser et chanter à gorge déployée, c’est bien ce voyage dans le temps à l’époque bénie de la triplette d’albums « Get Your Wings », « Toys In The Attic » et « Rocks » dans les années 74-75-76, avec ici de nombreux extraits vraiment old school : l’irrésistible et sexy “Last Child” comme cheval de bataille, mais surtout les plus rares “Same Old Song And Dance”, “No More No More”, la ballade “Home Tonight”, la reprise des Beatles de 1978, “Come Together” ou ce “Train Kept A-Rollin’” immortalisé par leurs idoles des YARDBIRDS dans les Sixties.

Un superbe package faisant suite au dernier DVD, « Rock For The Rising Sun », du concert à Tokyo en 2011… On attend cependant un premier jet d’archives de la part de ce groupe né l’aube des années 70 particulièrement avare en documents vidéo : si quelques-unes de ses dernières tournées ont été enregistrées depuis une quinzaine d’années, on n'a pas grand-chose à se mettre sous la dent sur leurs trente premières années, les 70’s particulièrement nous intéressant au plus haut point, surtout lorsque des groupes comme KISS ou LED ZEPPELIN ont déjà copieusement montré l’exemple…

Blogger : Jean-Charles Desgroux
Au sujet de l'auteur
Jean-Charles Desgroux
Jean-Charles Desgroux est né en 1975 et a découvert le hard rock début 1989 : son destin a alors pris une tangente radicale. Méprisant le monde adulte depuis, il conserve précieusement son enthousiasme et sa passion en restant un fan, et surtout en en faisant son vrai métier : en 2002, il intègre la rédaction de Rock Sound, devient pigiste, et ne s’arrêtera plus jamais. X-Rock, Rock One, Crossroads, Plugged, Myrock, Rolling Stone ou encore Rock&Folk recueillent tous les mois ses chroniques, interviews ou reportages. Mais la presse ne suffit pas : il publie la seule biographie française consacrée à Ozzy Osbourne en 2007, enchaîne ensuite celles sur Alice Cooper, Iggy Pop, et dresse de copieuses anthologies sur le Hair Metal et le Stoner aux éditions Le Mot et le Reste. Depuis 2014, il est un collaborateur régulier à HARD FORCE, son journal d’enfance (!), et élargit sa collaboration à sa petite soeur radiophonique, HEAVY1, où il reste journaliste, animateur, et programmateur sous le nom de Jesse.
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