10 novembre 2015, 4:50

UFO + SABOTAGE @ Toulouse (Le Métronome)

C'était l'automne, un automne où il faisait beau. Une saison qui n'existe pas que dans le Nord de l'Amérique. Celui qu’on appelle l’été indien est aussi toulousain cette année. Il flotte encore un air de nostalgie ce soir. Après Michael Schenker et avant SCORPIONS, UFO atterrit à Toulouse. Le groupe britannique, formé par le père Mogg à la fin des années 1960, est en tournée. Visiblement, il y a du monde qui s’en souvient vu le peuple qui fait la queue devant l’excellente salle toulousaine qui s’est bien remise de la venue de KVERLERTAK il y a quelques semaines.



Pour faire baisser la moyenne d’âge, c’est SABOTAGE qui ouvre le bal. Les Toulousains existent depuis quelques années et ils ont déjà beaucoup de potentiel. Côté musique, avec un nom comme celui-ci, on pouvait s’attendre à un truc bien lourd, proche de BLACK SABBATH. En fait, c’est plus vers THE BLACK CROWES qu’il faut regarder. Il y a même un morceau que l’on croit tiré d’un album des frères Robinson. Et avec six musiciens, la formation est la même. Bien en place, SABOTAGE envoie au milieu de ses compos deux reprises, ce coup-ci, c’est Lennon et LED ZEPPELIN.
Côté show, Loup, le chanteur, attire déjà tous les regards. Les cinq autres sont encore un peu timides, mais on est sûrs que ça ne va pas durer. Il est évident qu’on reparlera d’eux.
 

Les aînés ont à peine le temps de s’asseoir sur leur fauteuil pliant qu’il faut déjà tout remballer, UFO débarque. D’abord les très anciens, Andy Parker à la batterie, blanche comme les cheveux d’une partie du public et le formidable Phil Mogg, qui, à 67 ans, chante toujours très bien et n’a pas mal aux genoux, il le prouvera en s’accroupissant plusieurs fois. Les deux fondateurs sont venus avec Paul Raymond, le guitariste qui a rejoint le groupe en 1976, avant l’enregistrement de Lights Out, puis quitté, et revenu en 2003. Paul Raymond le gaucher avec ses cordes montées à l’envers, la plus grosse en bas, comme le bluesman Albert King avant lui. On avait beau se droguer comme des furieux et baiser sans vergogne dans la joie et la bonne humeur, n’empêche que les guitares de gaucher n’étaient pas si fréquentes dans les années 1960. Avant de prétendre que c’était mieux avant, il faudrait penser à cette partie de l’humanité.

Si on ne connaît pas forcément Rob de Luca qui tient la basse, le guitariste soliste qui ne lance pas ses médiators mais les pose dans les mains des fans, à croire qu’il leur laisse son numéro de turlu, n’est pas un perdreau de l’année. On ne savait pas avant de venir, mais la Foire à la Guitare continue ce soir. Ayant rejoint les Brits depuis 2003, Vinnie Moore est un ancien de chez Shrapnel Records, découvert par Mike Varney du magazine Guitar Player, celui qui a lancé Malmsteen, Tony MacAlpine, Paul Gilbert, Jason Becker, Richie Kotzen, Marty Friedman et d’autres tricoteurs de manche du même acabit. Le monsieur a mis de l’eau dans son vin et ne fait pas dans la démonstration, même si la technique est évidemment là, le feeling aussi. On peut même comparer le long solo de "Rock Bottom" avec celui, tout aussi long, de Schenker deux jours avant.

Une fois encore, on remonte le temps avec une set-list faisant la part belle aux anciens morceaux de ce grand groupe auquel il n’a pas manqué grand-chose pour être vraiment énorme. Si les quadras se souviennent des patchs ou des badges de l’OVNI qu’ils avaient sur leur veste en jean, ce n’était jamais le gros au milieu du dos. Mais ce soir, on comprend qu’en se reformant il y a plus de vingt ans, Phil Mogg a encore des choses à dire, même s’il n’a plus rien à prouver. Sa voix fait même penser de temps en temps à celle d’un Ian Gillan qui n’aurait rien perdu. Le chanteur parle, plaisante avec un flegme tout britannique, normal que le public lui mange dans la main.
Pour le rappel, ce dernier se manifeste bruyamment dès les premiers arpèges de "Doctor Doctor", sautille, mais pas trop fort, quand le morceau démarre. Pas essoufflé, il reprend même le refrain de "Shoot Shoot" avec plaisir.
Ce soir, plus de 400 personnes ont bel et bien vu un OVNI se poser au Metronum, loin de l’illusion collective.


Photos : © Hard Force / Ludovic Fabre - Portfolio


Blogger : Philippe Dynamo
Au sujet de l'auteur
Philippe Dynamo
C'est rapidement que Phil rencontre la musique... Un album de POLICE pour son dixième anniversaire, un paquet de 45 tours, beaucoup de daube, le début des radios libres. Premier disque acheté : THE CLASH. L'énergie ! C'est le début des années 80, un grand frère qui écoute Gary Moore, JUDAS PRIEST, DEEP PURPLE et LED ZEPPELIN et ses potes AC/DC et TRUST... Ses propres amis naviguent sur les Stray Cats, VAN HALNE et IRON MAIDEN... Sa prof' de musique au collège s'arrache les cheveux quand il lui amène BLACKFOOT, SCORPIONS, JOURNEY ou NAZARETH pour écouter en cours... 1983, « Wango Tango » tous les vendredis, premier concert avec DEF LEPPARD, grosse baffe ! Une veste de treillis avec DIO dans le dos, un tee-shirt d'IRON MAIDEN, une veste en jean avec le logo de MOTÖRHEAD en garniture. Tous les mois, la presse : Rock & Folk, Best, puis Enfer Magazine, Metal Attack et Hard Force... Depuis, un tas de concerts, des festivals, d'abord de hard rock, puis de plein d'autres genres. Les cheveux tombent, le bide pousse, mais la flamme brille encore et toujours. Devenu journaliste pour dire autre chose que "j'adore ce que vous faites" aux artistes qu'il aime rencontrer. Partager avec eux des moments privilégiés, et d'essayer d'en rendre compte.
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