30 décembre 2015, 15:43

LEMMY, LIBE...

Les chiens aboient, la caravane passe...

Pourtant, il partait d'une bonne intention, ce post nocturne, hier soir.


Souligner le caractère exceptionnel d'une "une" sur Lemmy au lendemain de sa disparition par un quotidien national français.
Et simplement rappeler qu'il serait tellement mieux de célébrer les grands de la culture rock de leur vivant qu'honorer leur mémoire, une fois morts.
Sous entendu, en leur consacrant des couvertures tant qu'ils peuvent en profiter.
Bah oui, l'Histoire a suffisamment été nourrie de poètes maudits et de peintres ruinés, qui ont fait la fortune de leurs ayants-droits et des salles de ventes, une fois reconnus post-mortem.
Sur ce, je suis allé me coucher.

Ce matin, déferlante sur la page Facebook de HARD FORCE et nous voici pris entre le marteau et l'enclume, ce qui, pour une entreprise métallurgique ne devrait logiquement pas nous jeter dans le malaise qui a suivi.
Et pourtant.
Excès de Jack D., hier, ou problème plus profond qui rend certains d'entre vous agressifs, aigris et même haineux ?
Quelle mouche a piqué tous ceux qui ont commencé à dégueuler (excusez-moi, il n'y a pas d'autre terme) sur notre page Facebook tout leur fiel sur la presse en général, Libé en particulier, ses lecteurs n'en parlons pas (et vas-y que je te serve du "bobo gaucho" comme si le lectorat de ce quotidien se limitait à une caricature).
Et puis, c'est comme les lasagnes, on superpose les couches, et toute idée sensée devient inaudible entre deux remarques crasses, de celui qui aura la posture la plus rebelle à cracher sur le système, à parler au nom de Lemmy ("il n'aurait pas fait ci, il n'aurait pas dit ça"), à dénigrer jusqu'à l'absurde la démarche étonnante et courageuse, un 30 décembre, d'un média national qui assume un choix éditorial de "une" et quatre pages sur le plus mythique bassiste du heavy metal.
C'est formidable la façon qu'ont certains d'adorer détester et vice-versa. (im)Posture !

Alors, comme ça, Lemmy glorifié, c'est bien, mais non, c'est pas bien parce que c'est Libé.
Ou alors, Libé veut se faire du pognon par opportunisme (vu l'état de la presse écrite française, on s'étonne qu'elle ne mette pas MOTÖRHEAD tous les jours à l'honneur, puisque c'est une manne financière ?)
Ou encore : Lemmy détestait le star-system. Et il n'aurait jamais supporté d'être récupéré par un canard de gauchistes...
Personnellement, je ne le connaissais pas suffisamment pour oser le prétendre. Et vous ?
Je vous fais grâce - si vous avez tenu jusque-là - des dizaines d'autres commentaires déversés comme dans une fosse à purin.
Tout est de la même teneur et les rares qui savent apprécier un verre à moitié plein, plutôt qu'à moitié vide, ont eu bien du courage et toute mon admiration d'avoir tenté d'élever le débat.

Alors, pour ma part, parce que rien ne remplace, parfois, quelques données objectives, parce que ça va arracher la gueule à certains comme un coup de manche de Rickenbacker décoché dans la mâchoire, j'ai voulu voir comment la disparition de celui que vous nommez "icône universelle" avait été couverte en "une" dans le monde entier, par tous les confrères de Libé, français et étrangers, par tous les médias de la presse quotidienne (gauchos et non gauchos, ah bah oui, sinon c'est tricher), et même régionaux (ça, ça a pris du temps)... 

J'ai bien dit dans le monde, ce qui inclut aussi la Grande-Bretagne d'où Lemmy était originaire et les Etats-Unis, pays où il avait élu domicile et où il est décédé.
On en reparle après cette galerie de "unes"...

En Allemagne (presse nationale)


  


En Allemagne (presse régionale)
 

  

  

 


En Argentine
 


En Belgique (presse flamande)



Au Brésil
 

  


Au Canada



En Chine



En Colombie



En Ecosse



En Estonie



En Finlande



En Irlande



En Lituanie



Au Mexique



Aux Pays-Bas



Au Pérou
 

  


En Pologne



Au Portugal
 


 

Au Salvador
 


En Suède
 

  



En Suisse
 


En Turquie
 


Au Vénézuéla
 



En Grande-Bretagne
 
 

  

  


Enfin, aux Etats-Unis (éditions nationales et régionales)



Et la France ?

Même la presse quotidienne régionale est au diapason...


  

 


Nul n'est prophète en son pays, mais il ne vous aura pas échappé qu'en Grande-Bretagne, si enviée pour le rock, seuls deux tabloïds lui auront consacré sa "une" en grand.
Le reste est anecdotique. Quel hommage !

Aux Etats-Unis, pas la moindre mention de sa disparition dans les titres principaux des journaux nationaux et encore moins dans les publications locales (même à Los Angeles), état par état (je les ai toutes vérifiées par acquis de conscience), en dehors du San Jose Mercury News.

Alors, on peut critiquer la France, se persuader du rejet du metal, du rejet du rock en général, du mépris de certains grands médias, Libération est à notre connaissance le seul quotidien au monde à avoir assumé, au lendemain de la mort de Lemmy, ce qu'aucune autre publication n'a jugé bon de faire : Lemmy, et lui seul, trônant, impérial, en première page.
​Démonstration fastidieuse de documentaliste, s'il en est - mais ça tombait bien, j'étais en "congés" - pour prouver que la presse n'est pas encore totalement lisse et muselée éditorialement chez nous, qu'il ne fait pas si mauvais vivre culturellement en France, que Lemmy aura été honoré, même symboliquement, jusque dans nos journaux régionaux.
Peut-être ne vous était-il finalement insupportable que la notion de donner 2 euros à un organe "pour bobos gauchos". 
Dans ce cas, privez-vous d'un vrai dossier sur votre idole et lisez un article plus succinct d'une page (intérieure) sorti dans Le Figaro.
C'est bien de droite, le Figaro ?
Mais qu'en aurait pensé Lemmy ?

(Christian Lamet)

​P.S. : Et, non, je n'oublie pas l'infâme supplément que Libération avait consacré en 1982 au hard rock, pas plus que les inepties que des rock-critics généralistes ont pu dérouler pendant des décennies. Il faut juste savoir reconnaître quand le travail est bien fait.
 

Blogger : Christian Lamet
Au sujet de l'auteur
Christian Lamet
Christian Lamet est réalisateur, journaliste et producteur pour la télévision et le multimédia...entre autre. Fondateur en 1985 du magazine HARD FORCE, il en a été le rédacteur en chef durant ses quinze années de parution en kiosques. Depuis, l'aventure HARD FORCE a repris en 2008 sur le web, devenant ainsi le plus ancien média metal en France toujours en activité encore mené par son fondateur. Christian est également producteur et réalisateur de l'émission METALXS et créateur du media digital HEAVY1 en partenariat avec LIVE NATION FRANCE.
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8 commentaires

User
Patrick Louvrier
le 30 déc. 2015 à 19:57
comme tous ces medias francais qui "parade" a longueur d'années avec leurs T shirt metallica ou ACDC ou autres ,et qui ne font rien pour le hard ou metal en france ? tout en reconnaissant que cet musique existe depuis 40 ans et a des fans fideles....j'y comprend rien...<br />
User
KillMunster
le 30 déc. 2015 à 20:58
Oui, Christian. Quand je vois cette une, je ne peux m'empêcher de penser que le geste est beau. Forcément. Et oui, Christian, elle émane pourtant d'un journal qui a toujours considéré un certain genre de rock comme un aimant à abrutis. Alors, qu'en aurait pensé Lemmy, comme vous vous le demandez à raison ? Je ne le connaissais pas, malheureusement, mais je suis prêt à parier qu'il aurait pris cette une par-dessus la santiag, qu'elle eût été publiée par Libération ou le Figaro. Parce que si la presse n'était muselée qu'au niveau musical, ça ne serait pas si grave. Et de cela, je suis persuadé que Lemmy, dont la culture dépassait le simple fait de savoir qui était Jack Daniel's, était conscient. Quant à moi, qui préfère largement l'hommage peut-être moins tapageur mais bien plus sincère de votre collègue Rama, je ne m'amuse que d'une chose : voir une une aussi "destroy" paraître sur un canard qui était tenu jusqu'il y a encore mois par... Édouard de Rothschild ! ;-)
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KillMunster
le 30 déc. 2015 à 21:01
*quelques mois. Beau temps pour môa !
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Céline Vionnet
le 31 déc. 2015 à 06:28
tout à fait d'accord avec cette article et d'ailleurs "just for the record", je l'ai acheté et lu ce numéro alors que je n'achète jamais Libé au quotidien et voila ce que l'on peut lire en page 3 "Et puis il faut être mort pour se rendre bien compte à quel point Motörhead, vers qui les hommages pleuvent, fut considéré il y a encore peu comme un trio de vrai ploucs, y compris d'ailleurs dans ce journal." comme quoi, même l'auteur de l'article est conscient, qu'ils n'ont pas toujours accordé à Lemmy la valeur qu'il a aux yeux des "true" fans... cela n'enlève rien à la beauté du geste et à l'existence des 4 pages d'hommage derrière la une.
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Toto El Baxxozorus
le 31 déc. 2015 à 08:44
Christian, en tant qu'(excellent) journaliste, vous devriez savoir qu'internet est à la portée de tou(te)s .... Et que n'importe quel idiot décérébré et dénué de réflexion (même passagère) peut venir vomir ses lignes sur les réseaux sociaux (qui sont pour beaucoup, le seul exutoire à leurs existences intersidéralement vide) A titre perso, j'étais même "ravi" que le JT de TF1 en parle ..... Même l'espace de quelques secondes. Enfin bref, bel article quand même Monsieur Lamet.
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fuelformax
le 31 déc. 2015 à 14:02
Eh oui malgré l'année écoulée, on retrouve toujours autant de haine. Tous ça pour une Une. Ben moi je l'ai acheté le Libé d'hier du haut de mes 44 printemps, putain Lemmy en première page d'un cannard national ça m'a troué le cul, jusque dans sa mort il aura emmerdé le monde. Alors à tous ceux que ça fait chier, je vous laisse je vais m'écouter "BASTARDS" et bonne fin d'année à tous.
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priestjanko
le 31 déc. 2015 à 14:47
C'est un bel hommage ! Point barre .
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Lorenzo FILTH
le 01 janv. 2016 à 12:57
Christian a vu juste , excellent article , merci pour ce tour d'horizon planétaire , la seule une sur Lemmy est française ! , de ça on peut être fier , non ?<br />
Keep rockin' \m/
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