2 février 2016, 20:54

WITCHCRAFT

"Nucleus"

Album : Nucleus

« Nucleus ». Le noyau. Ou comment WITCHCRAFT s’attelle à la quintessence de son style sur ce quatrième album. Succédant à « The Legend », coup de maître sorti en 2012, cette galette vient enfoncer à grands coups de heavy/doom le clou planté précédemment. Entouré d’une section rythmique renouvelée et personnifiée par Tobias Anger à la basse et Rage Widerberg à la batterie, Magnus Pelander (voix et guitares) a dès lors toute latitude pour commettre un nouveau méfait.
Débutant par une très longue introduction dans un style médiéval où l’on s’attend presque à voir débarquer Ritchie Blackmore et Candice Night (BLACKMORE’S NIGHT), c’est doucement mais insidieusement que les guitares électriques s’immiscent, pour finir par rugir et entamer ainsi la longue procession – 8 mn 30 au compteur – qu’est "Malstroem", premier titre de cette nouvelle offrande. Changement de rythme avec "Theory Of Consequence" qui, ramassée sur 2'30, rentre dans le vif du sujet. La voix est toujours habitée, j’allais dire hantée et ne pas être totalement dans le faux, car on imagine aisément Magnus Pelander en transe lors de ses prises de voix en studio. Premier single tiré de « Nucleus », "The Outcast" nous prend à contrepied car il débute sur un riff à la limite de la pop. Très entraînant et dans la veine des chansons de « The Legend », il offre également un break à sa moitié que ne renieraient pas les compatriotes suédois de GHOST. Les soli à la wah sont énormes et l’on a là affaire à un hit en puissance (qui aura, on l’espère, sa place sur scène). Le morceau-titre, "Nucleus", s’étire sur près d'un quart d'heure et installe doucement le décor par une lente intro acoustique. C’est un titre à tiroirs qui nous donne l’impression d’une oeuvre en plusieurs mouvements dont chacun nous fait explorer l’identité du groupe. Une très belle réussite, ce qui n’est pas une évidence quand on tape dans des compositions aussi longues. Néanmoins, il aurait tout de même gagné en efficacité avec quelques coups de rabot. "An Exorcism Of Doubts" ou la rencontre entre Tony Iommi pour ces riffs plombés, Chris Isaak pour les guitares en douceur et Nick Cave pour le côté malsain. On décèlerait presque une légère influence "pinkfloydienne" par moments (pour son côté 70s) et même IRON MAIDEN (oui oui) pour ses reprises de breaks. Une (autre) très bonne chanson.
On poursuit ce périple par "The Obsessed" et "To Transcend Bitterness", titres allant à l’essentiel et dont les guitares dégoulinent dans nos enceintes. La batterie n’est pas sans rappeler le son de John Bonham sur les premiers albums du ZEP (en particulier l’intro de "To Transcend Bitterness"). Certainement le titre le plus mélancolique, "Helpless", aidé par des flûtes discrètes, inviterait presque des nuages gris à ternir un beau ciel bleu. Le son des guitares est surprenant et différent des autres titres, leurs couches se superposant pour apporter une teinte lourde et heavy au décor ambiant. Clôturant l’album, "Breakdown" s’étire lascivement sur 16 mn. De l’ouverture qui siérait à merveille à un film de Tarantino (en incluant les bruitages d’un vent qu’on imaginerait glacé et soufflant sur le visage d’un égaré), le développement illustre bien le titre, breakdown signifiant dépression. Plus torturé et tortueux... tu meurs. C’est un soulagement lorsque ce dernier morceau s’achève, signe qui indique que Magnus Pelander a atteint sa cible en délivrant une ode à la sinistrose mentale.
Deux titres supplémentaires sont disponibles. L’un, "Chasing Rainbows", est présent uniquement sur la version deluxe. L’autre, "Even In His Youth" est une bonne reprise de NIRVANA et s’écoute en face B du single "The Outcast".

Les titres sont majoritairement longs mais justifiés : l’écoute de cette somme est éprouvante, mais en adéquation avec le concept global. La production est assurée par Philip Gabriel Saxin et Anton Sundell et si l’on retrouve un son similaire à celui de « The Legend », on remarque que le vernis qui y était présent a été soigneusement décapé pour ne laisser que le son brut. Choix judicieux, car « Nucleus » plonge au cœur du sujet et une production trop léchée aurait gâché l’ensemble. WITCHCRAFT nous surprend là et frappe un grand coup.

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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