22 février 2016, 13:00

KAMELOT

"Haven"

Blogger : Sedastian
par Sedastian
Album : Haven

Un changement de chanteur est une grosse prise de risque pour un groupe, et son intégration ou non s'observe dans le temps. Le premier album est celui de la découverte, le deuxième celui de la fidélisation du public. Pour KAMELOT, le changement de Roy Khan pour Tommy Karevik n'a pas été à ce point frappant que toute sa communauté ait pu s'en détourner. De plus, le groupe jouit d'une composition solide menée par le leader et guitariste Thomas Youngblood. Alors qu'on aurait pu s'attendre à une introduction entièrement orchestrale – comme cela a été le cas sur « Silverthorn », « Haven » démarre par un piano-voix surprenant (“Fallen Star”). L'orchestre arrive seulement en deuxième position, puis laisse place au groupe. Cette partie transitoire entre la douceur du piano et la force du groupe donne envie d'entendre la version orchestrale du morceau.

Rien à dire sur “Insomnia”, qui propose des sonorités orientales et une vidéo futuriste tournée sur fond vert. Sur “Citizen Zero”, je soupçonne Youngblood de s'être directement inspiré du générique d'Inspecteur Gadget pour composer son refrain ! Le morceau rappelle “March Of Mephisto” mais accroche difficilement l'oreille avec cette introduction en arpèges à la guitare trop recherchée : comme si le but ici avait été de trouver un thème très complexe. Parfois, KAMELOT devrait faire dans la simplicité. “Veil Of Elysium” est LE single de l'album, avec son rythme reconnaissable à la "Ghost Opera”. Bien qu'il ait des airs de “Forever”, ce thème épique fait son effet.

“Under Grey Skies” est une ballade peu convaincante. Le groupe a pourtant misé sur deux guests : Troy Donockley (nouvel arrivant chez NIGHTWISH) et Charlotte Wessels (DELAIN). C'est là qu'on ne comprend pas pourquoi il n'a pas refait appel à Elize Ryd (AMARANTHE), qui avait été parfaite sur “Silverthorn” – entre la voix geignarde de Charlotte et la voix pure d'Elize, le choix est vite fait. Le morceau se termine avec un chœur qui devient presque gospel. Une piste qu'on avancera donc. On retrouvera malheureusement Charlotte Wessels une seconde fois sur “Beautiful Apocalypse”.

Parfois, c'est comme si le groupe se sentait obligé d'aller chercher des notes auxquelles on ne s'attend pas et qui cassent la mélodie. Cette impression d'une composition aléatoire se ressent sur les couplets de “My Therapy” et gâche le texte. “Ecclesia” nous invite dans les bancs de l'église pour une nouvelle complainte (“Dei Gratia”). Et c'est bien la première fois qu'un orchestre chez KAMELOT semble contrefait. Avec “End Of Innocence”, on reconnaît le KAMELOT qu'on aime. Voilà un morceau qu'on garde à l'esprit ! Egalement à écouter : la version piano-voix sur le disque bonus. “Liar Liar (Wasteland Monarchy)”, c'est le “Center Of The Universe” 2.0. Alissa White-Gluz (ARCH ENEMY) nous fait cadeau de son scream sur la majeure partie du morceau, avant de basculer vers un chant clair étonnant – je n'avais encore jamais entendu sa voix chantée.

“Here's To The Fall” est un deuxième essai de ballade sous la forme d'une valse. Mais là encore, la douceur ne fait pas effet. Il faut attendre la toute fin de l'album pour entendre la pièce la plus réussie : “Revolution”. D'entrée, le rythme plaît, et Alissa White-Gluz est simplement exceptionnelle. Sur le refrain, la voix en fond rappelle “Abandoned” et “Ghost Opera”. Puis le groupe s'embarque dans une frénésie rythmique avec ce marteau-piqueur très efficace. Un morceau qui clôt l'album magistralement.

Youngblood s'improvise ensuite compositeur de musiques de bandes-annonces pour la conclusion de « Haven ». Un titre qui manque d'originalité et dont on aurait pu se passer. Un album de KAMELOT, c'est toujours beaucoup d'informations d'un coup. Une musique riche et dense qui requiert une préparation psychologique préalable. Même si « Haven » manque franchement de chœurs et que l'orchestre fait parfois dans le pathos, l'énergie est là et Karevik confirme qu'il a bien sa place au sein du groupe.

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