Je ne sais pas si c’est le climat frisquet qui pousse les habitants des pays nordiques à faire chauffer les lampes de leurs amplis pour réchauffer l’atmosphère mais le nombre de formations rock au km² dans ces contrées est bien supérieur à celui de la majorité d’autres pays. C’est de Finlande, et plus précisément de Vantaa pour les amateurs de géographie, que nous vient SHIRAZ LANE, groupe estampillé sleaze rock fondé en 2011. Retour sur ce début de carrière en quelques mots : 2014, sortie digitale de deux titres bien reçus par le marché et qui débouche donc sur la réalisation d’un EP 5 titres en 2015, « Be The Slave Or Be The Change » accueilli également de bonne manière par l’industrie locale et le public. Coup d’accélérateur : d’autres EP, des vidéos et des dates importantes (Canada, Japon et même le Wacken Open Air en Allemagne). L’étape suivante était bien entendu de sortir un premier album. Ce qui est désormais chose faite.
Ce qui interpelle de prime abord est le (très) jeune âge de la formation. La vingtaine à peine. Un peu comme chez ENFORCER. La voix haut perchée de leur chanteur Hannes Kett, va chercher les mélodies et recycle des intonations entendues auparavant dans le genre. Un peu comme chez ENFORCER. La musique, elle, puise dans l’influence de valeurs sûres : AEROSMITH, GUNS N’ ROSES, WARRANT ou encore SKID ROW, pas des tocards. Et recrée l’ambiance que ces groupes nous distillaient dans les années 80 et 90. Un peu comme chez ENFORCER. Mais dites-moi, cela fait trois fois que je cite ENFORCER ? Sans parler du timbre de voix étonnamment proche de celui d’Olof Wikstrand, chanteur… d’ENFORCER. Eh bien oui, je ne peux faire autrement tant SHIRAZ LANE s’est employé à reprendre tous les codes et clichés du hard rock mélodique et du glam US de l’époque quand ENFORCER lui, l’a fait pour le heavy metal. La seule différence est que ces derniers sont rares sur ce créneau (voire même les seuls – valables en tout cas) et qu’ils le font au troisième degré mais de façon exquise. SHIRAZ LANE se prend peut être un peu trop au sérieux pour une musique qui se doit d’être, tout comme l’image qu’elle renvoie, légère. Car côté sleaze, on a quand même pas mal de formations en activité et qui sont plus que convaincantes. Au hasard, HARDCORE SUPERSTAR, SANTA CRUZ ou bien THE LAST VEGAS. Même un des guitaristes de SHIRAZ LANE s’appelle Jani Laine !!! A une lettre près, le même nom que feu Jani Lane qui officiait au micro chez WARRANT. Un comble, presque une faute de (mauvais) goût. En tout cas, le mimétisme laisse dubitatif…
Et la musique alors ? C’est bien beau de parler de l’emballage mais le contenu, que vaut-il ? L’album débute par "Wake Up" au refrain direct et qui se retient facilement. Le single par définition. Une recette déjà trop entendue bien qu’efficace forcément. Mais nous n’en sommes qu’au premier titre. Voyons la suite. "Momma’s Boys". J’éclate de rire à la lecture du titre, l’analogie avec un groupe culte étant trop flagrante : les MAMA’S BOYS pour mémoire. Le titre lui, est comme un miroir dans lequel se refléterait GUNS N’ ROSES et l’intro rappelle étrangement "Mr. Brownstone". Le titre suivant, "House Of Cards", est anecdotique et n’aurait pas manqué si le groupe ne l’avait pas inclus sur cet album. On peut faire le même constat pour les morceaux "Behind The 8-Ball" et "Mental Slavery" (qui semble pourtant avoir été considéré comme un hymne underground en leurs contrées dès lors que le groupe l’a joué live. Va comprendre Charles…). On en arrive à "Begging For Mercy" et non, je ne demande pas pitié (traduction du titre) pour qu’ils arrêtent, pour la simple et bonne raison que ce morceau est bon et s’écoute tout seul.
"Same Ol’ Blues" est un peu le "Paradise City" de SHIRAZ LANE et le nom de cette chanson semble même faire un clin d’œil au "Same Ol’ Situation" de MÖTLEY CRÜE. Les deux compositions suivantes, l’éponyme "For Crying Out Loud" et "Bleeding" sont pour moi les meilleurs titres de l’album. Les deux sont longs (plus de 6 mn) mais permettent d’étoffer le propos, la fin de "For Crying Out Loud" étant particulièrement réussie car atypique par rapport au reste de l’album. A leur place, j’irais creuser un peu plus de ce côté. Pour l’ensemble, on retiendra une belle exécution de la part des musiciens, de beaux solis (bien qu’en général, cela soit souvent le cas dans le genre). On finit le recyclage – la jeune génération a bien intégré le concept de développement durable – avec un petit titre évident, "M.L.N.W.", acronyme de… Make Love Not War, LE slogan pacifiste des années 70. Jusqu’au bout qu’ils nous l’auront fait à l’ancienne, les p’tits jeunes !
Alors, au final ? Disons que ceux qui apprécient à fond le genre trouveront que SHIRAZ LANE leur apporte du neuf. Et tant mieux, car c’est ce public-là qui est visé. Les autres trouveront leur bonheur chez les autres groupes contemporains du genre et les anciens continueront de faire tourner leurs albums des GUNS, SKID ROW et autres WARRANT. Cependant, il est tout de même recommandé de garder un œil sur le groupe car ce n’est qu’un premier album et la suite pourrait augurer de bien meilleures choses si toutefois il arrive à faire mûrir son style et à trouver sa vraie voie.