13 juin 2016, 20:12

DEVILDRIVER

"Trust No One"

Album : Trust No One

Après un hiatus de deux ans DEVILDRIVER revient avec « Trust No One » son septième album. Line-up remanié suite aux départs de John Boecklin et Jeff Kendrick, les créateurs du groupe, Dez Fafara qui reprend le micro après deux ans consacrés à COAL CHAMBER et puis surtout plus longue période séparant deux albums pour les Californiens férus de groove et de blast. Alors quoi penser de ce disque ?
« Trust No One », après une première écoute, laisse la même impression de déjà-vu que les écoutes de « Pray For Villains », « Beast » ou « Winter Kills ». Bon ou mauvais point ? Tachons d’y voir plus clair.
Pour commencer « Trust No One » n’est pas un mauvais album mais comme cela peut être pressenti en introduction, il semble fait avec les mêmes ingrédients et la même recette que ces trois prédécesseurs. D’aucun dirait que DEVILDRIVER est en roue libre, pas inspiré, fait du réchauffé etc. Pourtant, sans que l’ensemble de cet album ne dégage une aura particulière (de part une production ou des chansons sortant du lot) « Trust No One » propose des petits plus : des soli de guitares auxquels le groupe ne nous avait pas trop habitués ("This Deception"), des grooves toujours plus efficaces ("Daybreak"), une forte aura metal extrême plus présente que sur n’importe quel autre album des Américains ("Testimony Of Truth" ou encore le très puissant "Feeling un-god-ly") et le retour d’ambiances qui rappellent l’excellent deuxième album de DEVILDRIVER « The Fury Of Our Maker’s Hand » ("Trust No One" en tête mais cela transparait sur l’album).

Un aparté musicologiquo/philosophique de comptoir s’impose :
Rendre compte de l’écoute d’un album, pour un groupe avec un aussi long passif, n’est pas chose aisée. Faut-il étudier l’album en prenant en compte ses prédécesseurs ? Faut-il faire abstraction de ce passif ? Dans le premier cas on serait vite tenté de succomber aux remarques du type « ouai c’est du DEVIL qui fait du DRIVER » et dans le deuxième cas on pourrait se sentir poussé l’envie d’une étude musicologique qui ferait sans doute fuir le lecteur juste venue en quête d’un avis. De même, il serait dommage, voir malhonnête, de se passer de la carrière entière d’un groupe/d’un artiste pour donner un avis sur sa nouvel création, alors que cette dernière n’aurait sans doute pas vue le jour sans le passif des œuvres qui la précède, sans le passif de ses créateurs.

Le processus créatif pousse, a priori, à vouloir se dépasser, dépasser le stade atteint par l’oeuvre précédente sans pour autant la nier, bien au contraire*. Créer, renverrai donc aux idées de Nietzsche sur la Volonté de Puissance (qui vise à dépasser ce que l’on est) , de l’éternel retour (ne pas nier le chemin parcouru et vouloir même le revivre) et donc du surhomme (se fixer un absolu à atteindre) ?
Pour paraphraser Nietzsche lorsqu’il explique sa théorie du surhomme : « en cherchant à être un meilleur groupe, un groupe se surpasse et c’est ce qui fait de lui un groupe ».
Fin de l’aparté**.

En prenant en compte le passif récent de DEVILDRIVER et notamment ses mouvements de line-up, et son passif créatif (avec en tête les 3 albums précédents) on aurait pu s’attendre à une volonté de puissance un peu plus poussée qu’avant mais sur « Trust No One » la démarche reste timide comme si le groupe se contentait d’une recette qui fonctionne, comme s'il se contentait d’opérer un éternel retour sans trop chercher à se dépasser. Le fait est qu’on prend du plaisir à écouter cet album, mais la démarche semble clairement tailler au service d’un groupe qui semble vouloir créer dans le but de faire des tournées et non pas créer pour la création elle-même. Preuve en est cette quasi omniprésence du chant qui laisse peu de place au reste du groupe et qui va même jusqu’à scander des gimmicks pendant des solos (!!!). Le groupe gagnerait vraiment a laissé plus de places à la musique comme il sait si bien le faire sur ses intro ("For What It’s Worth"). Ca ne mettrait pas pour autant sur la touche son côté "fun" et "taillé pour le live" propre à la formation.
Oui le groupe, malgré les changements, malgré les années, continue avec les même ingrédients, les mêmes recettes pour autant les créations ne sont pas mauvaises et le groupe persévère ainsi dans son univers. Cette persévérance de ce que l’on est , un autre érudit du nom de Spinoza appel ça le "conatus" mais sinon vous pouvez vous contenter d’un « c’est quand même du DEVIL qui fait du DRIVER. ».

sauf pour Alan Théo qui à nier « emmène-moi, pour se mettre au rock-metal... », et oui vous pouvez vérifier en écoutant "Je Dérive".
** merci au blog unphilosophe.com pour les réminiscences de révisions du BAC.

Blogger : Pierre Lbllf
Au sujet de l'auteur
Pierre Lbllf
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK