12 juin 2016, 11:04

DOWNLOAD - Jour 3

@ Paris (Hippodrome de Longchamp)

C’est le dernier jour, il faut en profiter ! Alors on démarre direct à 14 h avec THE SHRINE, trio proposant un rock qui rappelle vaguement MOTÖRHEAD par moment mais en plus mélodique. Le groupe ne s’est vu allouer qu’un temps restreint, alors il enchaîne. Les morceaux sont courts et aident dans cette démarche. Le seul hic (et il est de taille) se situe dans la mise en son. L’ingénieur a-t-il un problème d’audition ou bien le batteur l’a-t-il soudoyé discrètement avant le concert ? Toujours est-il qu’on entend quasiment QUE la grosse caisse, et celle-ci écrase trop douloureusement le plexus à chaque kick. Au bout d’un quart d’heure, je m’avoue vaincu et quitte la Stage 3 sans regrets. Dommage. Mais j’ai d’autres choses à voir et tiens à rester debout jusqu’à la fin de la soirée.



SKILLET. Ce nom ne me dit rien. D’où la bonne surprise qui m’est réservée. Quatuor mixte avec deux musiciennes à la guitare et à la batterie (batteuse qui assure aussi les chœurs et un titre en lead également pendant ce show). Le groupe a notamment fait la première partie de NICKELBACK dans notre beau pays. Les titres sont convaincants, punchy et mélodiques. La frappe de batterie est colossale bien qu’assurée par ce petit bout de femme blond. SKILLET a beau être catalogué comme "christian rock" (rock chrétien), on est loin de STRYPER et de Bible lancées au public. Une découverte et donc un très bon moment passé avec ce groupe qui gagnerait à venir tourner plus souvent en France.

La veille, à 15 h et sur la Stage 3, a joué MASS HYSTERIA. Même scène, même horaire mais ce dimanche, c’est LOFOFORA qui s’y colle. La bande à Reuno investit la scène et va glavioter (en bon langage punk) ses morceaux revendicateurs à la foule présente. Le temps est maussade, gris mais dégagé. Et cela permet d’avoir pour le chanteur une belle vue sur le quartier d’affaires et les tours de bureaux de La Défense, lui faisant s’exclamer qu’il y a là-bas « tous ces enculés » (sic). Indiquant qu’il ne faut pas dire trop de gros mots, il précise néanmoins qu’il « s’en branle » (re sic). Ça me rappelle un entretien récent avec Kemar de NO ONE IS INNOCENT qui me disait que la vulgarité est éphémère et pas indispensable. Je confirme et trouve donc l’attitude médiocre. Tout comme le set qui peine à faire bouger les personnes présentes, excepté les fans en devant de scène. La veille, la bande à Mouss a atomisé le public. LOFOFORA ne lui donne qu’une pichenette. Et encore, « Même pas mal ! » comme on dit dans les cours d’école. Un bon groupe de club mais qui n’a pas le niveau et le répertoire pour assurer une performance en festival, qui plus est de cette taille. Désolé les gars mais j’ai un bien meilleur souvenir du premier concert que j’ai vu dans une toute petite salle en 1994.



Valeur sûre en concert dans l’Hexagone, TRIVIUM embraye à 16 h sur la Main Stage. La scène est parée des crânes que l’on retrouve sur la pochette de leur dernier album « Silence In The Snow » et un semblant de fortifications habille le reste. Matt Heafy est devenu au fil des années un frontman expérimenté et sait gérer une foule même aussi conséquente que celle devant laquelle il se trouve. Une liste de morceaux au cordeau (et piochée dans les meilleurs titres de leurs albums, forcément), une attitude professionnelle au possible et un son très correct sont autant d’atouts pour que la prestation des p’tits gars de Floride soit efficace. L’heure file à toute vitesse sous les quelques timides rayons de soleil mais qui malheureusement vont vite faire place à une toute autre configuration…

Direction la Stage 2 pour CHILDREN OF BODOM et c’est vers la fin de leur convaincant concert que se mettent à tomber des trombes d’eau sur le site et les spectateurs présents. Si certains se mettent à l’abri où ils le peuvent, d’autres bravent les éléments et vont au bout du set. Il faut dire que le combo sait y faire et que la maîtrise d’Alexi Laiho sur son instrument est toujours un plaisir pour les oreilles.



Il me faudra ensuite une bonne heure de séchage afin d’être fin prêt pour aller voir ce qui est pour moi l’une des sensations de ce festival et un vrai bon choix de programmation à part sur un point que je vais évoquer plus bas. SKINDRED et son ragga-metal imparable montent sur la scène de la Stage 3 qui affiche plus que complet. C’est blindé au possible et il est difficile de se frayer un chemin pour accéder à la partie abritée (le fait qu’il pleuve encore n’arrange rien à l’affaire). Benji Webb, toutes dreadlocks dehors, et le groupe vont annihiler toute résistance en 45 minutes. Pas de temps morts, des titres tous plus puissants les uns que les autres. Bref, un moment excellent et surtout bien trop court. Le point négatif que j’évoquais plus haut est le fait qu’ils jouent sur la plus petite scène du festival quand ailleurs, ils se produisent sur les Main Stages et volent la vedette à bon nombre de valeurs sûres. On espère donc les revoir sur un festival à la place qu’ils méritent, c’est-à-dire devant un public nombreux. « Sound The Siren ! Boom shaka lick-y pam pam ! » .



Le Danemark n’est pas seulement célèbre pour être la patrie du batteur de METALLICA. C’est aussi de là qu’est originaire VOLBEAT. Michael Poulsen, digne fils spirituel d’un croisement entre James Hetfield et Johnny Cash, est venu avec son groupe en support de la sortie de son nouvel album « Seal The Deal & Let’s Boogie ». Et c’est avec le premier titre de ce disque, "The Devil’s Bleeding Crown", que démarre le set. Au programme, menu de luxe : du hit, du hit et encore du hit ! Ça défile sans s’arrêter. Tant et si bien qu’on ne voit pas passer l’heure et quart qui leur est impartie.

Encore une fois, charge au pas de course vers l’autre scène principale (au bout de 3 jours et avec la pluie qui est tombée, ça relève presque du sport extrême) afin d’accueillir MEGADETH. Oui, le groupe est un habitué des festivals (notamment du Hellfest en France où il se produira à nouveau sur cette édition 2016) et tourne intensément. Alors, va-t-on avoir un concert en pilotage automatique ? Que nenni ! Quatre morceaux du nouvel album « Dystopia », c’est bien plus que ce qu’ils ont joué lors des tournées de promotion des albums précédents. Ainsi, nous avons droit à des interprétations de "Post American World", "Dystopia", "The Threat Is Real" (excellent titre qui ravage le public) et "Fatal illusion". S’ajoutent les incontournables tels que "Hangar 18" en ouverture et "Holy Wars… The Punishment Due" en clôture. Pour le reste, si vous avez déjà assisté à un concert de Dave Mustaine & Co., cela ne devrait pas être trop compliqué à deviner. Une scène décorée (cela faisait un bail que cela n’était plus arrivé) et un chanteur en forme couplés à un son de fort bonne facture font de ce concert un grand moment, qui permet également d’applaudir Kiko Loureiro, nouveau bretteur engagé et plus qu’efficace. Un goût de trop peu et de reviens-y.

Arrive le dernier concert de cette première édition française d’un festival devenu institutionnel outre-Manche. Et c’est à RAMMSTEIN que revient la tâche de marquer les esprits et de fermer la marche (militaire). Et c’est peu de dire que les Allemands vont s’employer à laminer le public. D’entrée, le groupe frappe un grand coup avec "Ramm 4". Les lance-flammes arrivent sur "Feuer Frei" et "Ich Tu Dir Weh" voit à nouveau le malheureux claviériste Flake se faire martyriser par l’affreux chanteur Till Lindemann. Les classiques sont de la partie ce soir pour contenter le plus grand nombre ("Mein Herz Brennt", "Ich Will" ou "Du Hast"). Les feux d’artifice (eh ouais !), effets pyrotechniques et autres fusées sont sur le devant de la scène comme à la console en milieu de fosse. Bref, on n’est pas sur un concert à l’économie et à côté, la prestation d’IRON MAIDEN le vendredi fait pâle figure et pire, prête même à rire. Le groupe quitte la scène après 1h15 de jeu mais c’est pour simplement mieux y revenir et jouer quatre titres supplémentaires dont un "Frühling in Paris" plus joué depuis 2012. Il dépassera ainsi un peu le temps de jeu accordé mais comment lui en vouloir ? La pluie s’est notamment arrêtée peu de temps avant le début du concert, permettant ainsi au public de profiter en toute quiétude de la performance millimétrée du sextet germanique.

Quel bilan alors peut-on faire de cette première édition ? Mis à part les quelques couacs dus à une première, on a eu affaire à un festival concluant. L’esprit de famille du Hellfest en moins mais comme on dit, « Rome ne s’est pas faite en un jour »… Les deux seuls points à revoir absolument pour l’an prochain sont les scènes principales opposées qui OBLIGENT, quoi qu’il en soit, à louper la fin d’une prestation ou le début d’une autre, au choix. Et si une pause s’impose, ce sera les deux mon capitaine ! La logique de programmation également (même si des contraintes contractuelles ont dû infléchir sur les choix et décisions). Car par exemple, un TREMONTI en Stage 3 à 22h30 relève d’une erreur pure et simple, tout comme MASS HYSTERIA à 15 h. Bref, quelques points de la copie à revoir mais dans l’ensemble, une belle réussite pour un pari à Paris (ha ha !) difficile à tenir pour Live Nation, le géant américain en charge de ce festival, que beaucoup attendaient au tournant. Selon son Directeur Général, Angelo Gopee, près de 100 000 personnes ont foulé le sol de l’Hippodrome de Longchamp. On est donc loin de la catastrophe annoncée au départ par les pisse-vinaigre et rageux de la toile. A l’année prochaine donc !


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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