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Il vient d’une autre planète. On le supposait au premier album de par son titre, « Not Of This Earth » puis avec le deuxième, « Surfing With The Alien ». Le troisième achève de nous en persuader. Joseph Satriani, né le 15 juillet 1956 (selon nos sources terrestres) est un extra-terrestre. Comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on manie, que l’on maîtrise la guitare comme lui ? Et si ces deux premiers disques font surtout preuve d’une maestria époustouflante mais un poil clinique (surtout le premier), ce « Flying in A Blue Dream » sorti le 30 octobre 1989 sur le label Relativity Records est un savant équilibre entre mélodie et démonstration technique parfaite. « J.S. téléphone maison ! », OK, on prend l’appel.
Entouré par une section rythmique en béton armé, à savoir Stuart Hamm et Jeff Campitelli, respectivement à la basse et à la batterie, “Satch” (le surnom de Joe) dévoile en 18 plages sur un peu plus d’une heure ses meilleurs tours de magie sur six-cordes. L’album s’ouvre sur la magnifique et éponyme "Flying in A Blue Dream", une chanson indéboulonnable des set-lists actuelles pour enchaîner avec "The Mystical Potato Head Groove Thing". Un trick énorme pour les guitaristes, les 18 notes du gimmick principal jouées à une main en 3 secondes laissant perplexe (euphémisme…) les prétendants et aspirants gratteux. Nouveauté sur ce disque, on découvre que Monsieur Satriani chante bien. Très bien même. Inaugurant cet aspect sur "Can’t Slow Down", il récidive avec "Strange", sur la balade "I Believe" puis un peu plus loin sur "Big Bad Moon", autre incontournable – et dont le solo sera en tête de liste des référendums des magazines spécialisés – "The Phone Call", titre humoristique et légèrement “countrysant” avec son banjo rigolo, et enfin sur "Ride". Pas moins de 6 titres chantés, Joe ne fait pas les choses à moitié. Et on ne s’en plaindra pas, cela amenant un peu de fraîcheur et de clarté dans cette avalanche de notes.
De ce côté, "One Big Rush" avec son titre évocateur se pose là tout comme "Back to Shalla-Bal" (ce dernier titre sera même intégré en 1996 dans la bande-son du jeu vidéo "Formula 1"). L’Alien nous pond encore quelques morceaux étranges ("Day At The Beach (New Rays From An Ancient Sun)" ou les deux parties de "The Bells Of Lal » et "Into The Light" qui auraient pu voir le jour sur le premier album. Incongrues (et encore, pas sûr), on aurait pu s’en passer sans grand manque et cela aurait même permis de raccourcir un peu ce disque et de lui donner peut-être une meilleure homogénéité. Gardant le meilleur pour la fin, impossible de passer à côté de "The Forgotten (Part 2)". Les superlatifs me manquent pour parler de ce morceau et de son solo en plein milieu, qui arrive à me faire frissonner 27 ans plus tard comme au premier jour d’écoute.
Pour les références et informations diverses, le court morceau "Headless" est une relecture plus rock du titre "The Headless Horseman" sur l’album « Not Of This Earth » et la chanson "Back To Shalla-Bal" est une référence à Shalla-Bal, impératrice de Zenn-La, que l’on retrouve dans l’univers Marvel, ce qui en fait la seconde allusion avec Le Surfeur d’Argent présent sur l’album précédent. « Flying in A Blue Dream » sera certifié disque d’or peu de temps après sa sortie et se classera 23e au Billboard 200 US, une performance assez remarquable pour un disque presque exclusivement instrumental.
"Big Bad Moon"