3 novembre 2016, 20:36

AVENGED SEVENFOLD

"The Stage"

Album : The Stage

Trois ans d’attente. C’est le temps qu’il aura fallu avant de découvrir le nouvel album des Californiens AVENGED SEVENFOLD. Et là, surprise, alors que les spéculations allaient bon train sur la date de sortie, sur une possible séparation, etc... voilà que déboule sans prévenir le 28 octobre 2016 « The Stage » qui surprend et secoue tout le monde.

Que donne « The Stage » après « Hail To The King » qui avait été dans le meilleur des cas qualifié de copieur respectueux de ses aînés (souvenons-nous des références assumées aux quatre cavaliers de la thrash bay area, ou aux amoureux des fleurs et des flingues…), dans le pire des cas rejeté après la magnifique trilogie l’ayant précédé ?

Le premier constat est que cet album à un rapport avec le temps et sa relativité. Dans sa longueur des morceaux déjà, mais aussi dans les expérimentations musicales osées au sein de chaque titre. Ce disque prend le temps de nous transporter dans de multiples dimensions. Le titre d’une des compositions, "Fermi Paradox" est assez explicite sur ce qui nous attend.

Deuxième constat : vous vouliez retrouver le A7X que vous connaissiez ? Oubliez de suite.
On démarre avec "The Stage" qui porte la patte du groupe concernant la partie rythmique qui lui est propre, mais aussi avec plusieurs changements de rythme, des brèves accélérations heavy suivies par des ruptures atmosphériques. Il y a un solo qui n'aurait pas dénoté dans les tubes planants des seventies. En parallèle se glissent des synthétiseurs rappelant une époque musicale et filmique de cette période psychédélique. La thématique de l’album porte justement sur l’intelligence artificielle et les grands auteurs de science-fiction de la deuxième moitié du vingtième siècle.

"Paradigm" nous ramène à l’époque de « City Of Evil », c’est un tempo rapide, des riffs motivés et motivants. La surprise arrive vraiment avec "Sunny Disposition", on a droit à des sonorités nouvelles, avec la redondance de cuivres et une ambiance freak show. On peut vivre ce titre comme une couverture atypique de "A Little Piece Of Heaven". Le côté déjanté est si poussé qu’on songe à FAITH NO MORE. Même la voix de M. Shadows se fait crooner. Ce morceau est un régal.
On retrouve le même canevas de fusion expérimentale sur les deux morceaux suivants. Le rendu est exceptionnel sur "Creating God", où l’on se met à groover à la façon du début des nineties avant de s’interrompre avec des refrains Pattonesque !

Arrive un nouveau changement, une succession de morceaux plus calmes. On revient en plein dans le concept de l’album. "Angels" et ses deux sœurs, … AVENGED SEVENFOLD s'interroge beaucoup sur les grandes questions existentielles : on parle intelligence artificielle, on cherche le divin et des réponses à l’ordre des choses, etc. Ce n'est vraiment pas l'album pour aller faire un footing ! Mais pour peu que l'on ait envie de réfléchir, ces ballades sont de réelles "virées" introspectives. C’est beau et parfaitement arrangé.

"Roman Sky" est un effeuillage tout en douceur, une guitare sèche qui vous balade sur des routes revisitées, tout bonnement attachant.
"Fermi Paradox", véritable voyage intersidéral, s’avère être aussi introspectif. D’où le paradoxe. A nouveau notre M. Shadows se mue en Mr loyal, poussant sa voix dans un show où les sons rock classiques accueillent très bien des ajouts expérimentaux. On s'envole à la manière d'un flamand rose...

La conclusion "Exist" poursuit dans cette trame sur un appui des claviers. On assiste à une sorte de synthèse des morceaux ayant précédé, avec 15 minutes d’instrumental psychédélique, de l'atmosphérique que Kubrick aurait pu emprunter pour son Odyssée, avec un retour inattendu sur certains passages du AVENGED SEVENFOLD que l’on connaît. Le morceau, complexe à appréhender à la première écoute mêle tour à tour toutes les influences du groupe, mais également tout leur savoir-faire. Bien prendre le temps de l'écouter c'est l'adopter. Oui toujours une "brève" histoire du temps.

Alors comment je suis lorsque j’écoute cet album ? Littéralement transporté. AVENGED SEVENFOLD a fait fort en explorant la théorique quantique. Ici tout est relatif : les sons du passé sont l’écho de l’existentialisme de l’homme moderne. Le passé présente l’avenir.
En m’imprégnant de ces sons et de cette pochette cosmiques je songe : « Au temps en emporte le vengé sept fois. ».

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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