Paris, Le Trianon. Une salle magnifique et deux soirs consécutifs pour AIRBOURNE venu poser ses fligh cases et envoyer le bouzin. « Dis tonton, c’était comment ? » Eh bien, lis la suite pour le savoir mon petit…
Problème : comment chroniquer un concert d’AIRBOURNE ? Vu la musique proposée par le quartet australien, deux options possibles. L’une qui va dans le bon sens et l’autre un peu moins. « Pourquoi tonton ? ». Peu de personnes doivent l’ignorer dorénavant mais la formation propose une musique fortement similaire – euphémisme – à celle de ses illustres congénères d’AC/DC. Et donc, qu’en est-il des compositions siglées AIRBOURNE, copyright et tout le toutim ? C’est bien pour cela que j’ai décidé de croiser les genres et de proposer un reportage à double tranchant, “good vs. evil”. Et j’ai d’autant plus de facilité et de marge de manœuvre à le faire car c’est la première fois que je les voyais en concert. Oui je sais, nul n’est parfait… Récit.
La salle s’éteint à 20h46 (oui, c’est très précis mais j’ai regardé ma montre) et l’intro se fait alors entendre, laquelle est empruntée au thème du film Terminator. Pour mémoire, AC/DC avait participé à une B.O. d’un film avec Schwarzenegger, Last Action Hero en l’occurrence. Et Terminator a pour acteur principal… Schwarzenegger. Coïncidence ? Mouais, admettons… En tout cas, le thème post-apocalyptique sied bien à la suite des événements bien qu’un peu (touch) too much. Démarrage avec "Ready To Rock" qui fait irrémédiablement penser au « Are You Ready ? » des frères Young. OK, c’est juste le titre qui y fait penser mais tout de même. Quoi qu’il en soit, la déflagration sonore met tout le monde d’accord et la fosse explose d’entrée, faisant trembler le sol ainsi que l’espace réservé aux ingénieurs son et lumière. On voit clairement toute l’installation bouger, le parterre tressauter et le compteur de décibels afficher de suite un 103 sympathique. D’où je suis, le son est correct, bien dosé sans être trop fort mais il semble qu’en front de scène et devant les multiples amplis, ça crache sévère (amplis qui sont, eux, bien réels quand certaines formations en utilisent de faux qui sont juste des caisses en bois vides, sans haut-parleurs à l’intérieur). Rock n’ roll attitude mon bon Johnny !
On poursuit avec "Too Much, Too (ndr : Angus ?) Young, Too Fast" et « Chewin’ The Fat », toutes deux enchaînées avant que Joël O’Keefe ne salue l’assistance extatique et lui présente un morceau du dernier album en date, "Rivalry". Très bon titre et grosse torgnole. C’est sur cette chanson que le premier backdrop flanqué uniquement du logo du groupe tombe et fait place à un second représentant la pochette dudit album. Effet ! On se croirait chez IRON MAIDEN, tiens. En tout cas, c’est sympa comme tout et, en contraste avec le minimalisme de la production, fait plaisir à voir. Alors ne boudons pas notre plaisir. Sur "Girls In Black", le joyeux jojo Joël descend faire un tour dans la fosse juché sur les épaules de Bon Scott. Ah non, merde ! Ce n’est qu’un roadie. Désolé mais comme j’ai déjà vu ce gimmick chez AC/DC, mon clavier s’est emballé. Mes excuses aux familles tout ça… Et en prime, première explosion de canette sur le crâne et offrande aux soiffards présents. "It’s All For Rock 'n' Roll" est l’occasion de rendre hommage à l’icône qu’est devenue le regretté chanteur de MOTÖRHEAD, Lemmy, lui qui n’était « qu’une légende » de son vivant. Il doit bien se marrer là-haut, lui qui se considérait juste comme un musicien. Qu’importe, il le mérite bien. Et le chanteur torse nu de rappeler que l’ami Lemmy a bien œuvré pour l’essor d’AIRBOURNE. Rendons à (Hail) Caesar ce qui appartient à Lemmy.

Sur la set-list arrive ensuite "Down On You" ou une sorte de "Go Down" revisité. "Go Down" ? Ben, c’est un titre d’AC/DC. Eh les aminches, faut suivre un peu ! En tout cas, ça pète bien niveau watts et on grimpe à 106 db par moment. Oui, c’est fort même si nous ne sommes pas à un concert de MANOWAR. Et le public d’entamer spontanément une Marseillaise à l’issue, respectée par les musiciens et entonnée par toute l’audience. Cela surprend un peu car nous ne sommes pas à un meeting politique mais bon, passons et vive la France ! "Breakin’ Outta Hell", titre éponyme du dernier CD, est lancé et remporte un franc succès. Et en plus, il le mérite. A ce moment, nous en sommes aux trois quarts du concert et tout le monde, groupe comme public, est lancé à vive allure sur l’autoroute pour l’Enfer. Le morceau "Diamond In the Rough", non joué la veille, est le moment d’apporter un petit côté salace à la soirée, les paroles traitant de sexe bien entendu et le père O’Keefe de mimer avec ses mains la forme d’un diamant. A moins que ce ne soit celle d’un vagin. On préférera Bon Scott et ses attitudes et poses lascives et suggestives plus qu’explicites et graveleuses le cas présent. Ce soir, c’est donc plus Hustler que Playboy pour les amateurs de presse spécialisée mais passons, ce titre étant une vraie bombe à l’instar, on l’imagine, de la demoiselle évoquée dans les paroles.

"No Way But The Hard Way" et "Stand Up For Rock 'n' Roll" s’enchaînent joyeusement et à ce moment du set, d’autres canettes ont été éclatées et jetées au public déchaîné qui saute et crie tout ce qu’il peut. Il n’y a pas à dire, une telle ferveur est rare et mérite qu’on la souligne. Le groupe salue rapidement tandis qu’une sirène DCA est amenée sur scène pour sonner l’heure du rappel.
Apparaît alors Angus en haut des amplis. Ah mince ! Zut, flute et re-flute, c’est toujours ce diable de Tasmanie de Joël ! Décidément, les événements qui se déroulent sous mes yeux en ce 2 décembre 2016 se mêlent à ceux d’images que j’ai du vilain écolier filmées quarante ans plus tôt. C’est une version débridée de "Live It Up" jouée sous haute tension (oui oui, en anglais on traduit bien par high voltage) à laquelle nous avons droit et le final a lieu sur "Running Wild" qui voit le guitariste à la chevelure bouclée y insérer le riff de « Let There Be Rock ». Si, j’vous jure, il a osé ! En même temps, ce n’est pas comme si AIRBOURNE faisait penser à du AC/DC. Hin hin hin… (rire sardonique).
La dernière note retentit à 22h11 (oui, c’est très précis mais j’ai – encore – regardé ma montre) et un rapide calcul mental m’indique que le groupe a joué, rappel compris, 1h25. C’est court et le public était chaud pour un peu de rab. Mais l’énergie dispensée sans compter de son chanteur ne permet pas beaucoup plus à mon avis et je soupçonne que le public situé en fosse devait être bien rincé (après avoir reçu notamment quelques douches de bière) et apprécier la relâche. Les autres musiciens n’auront pas démérité non plus, eux qui ont tissé derrière l’omniprésent frontman une toile furieusement efficace mais qui ont – et c’est bien dommage – été invisibles à l’instar de ceux… d’AC/DC.
« On en conclut quoi alors, tonton ? » Eh bien,que ceux qui n’ont jamais vu ni entendu AIRBOURNE en concert se sont fait tartiner correctement (et c’est mon cas) mais que cela ne révolutionne en rien le genre et que le nombre de similarités avec AC/DC est énorme, bien plus flagrants sur scène que sur disque (du moins, plus les albums passent moins cela se ressent). Alors oui, c’est assumé et revendiqué par le groupe et heureusement d’ailleurs ! Mais pourtant, on y va, on plonge dedans et au final on se laisse avoir. Et l’on a qu’une seule envie à la sortie, les revoir une prochaine fois. AC/DC est mort ? (Quoi que, il ne faut pas enterrer la bête trop vite…) Vive AIRBOURNE !
Galerie photos par CelEye Kopp dans le portfolio & set-list
