Encore tout chamboulé par cette soirée, je ne sais trop par où commencer. Essayons par le début. Arrivé en fin d’après-midi avec Christian "Boss" Lamet & Son pour un tournage METAL XS, l’occasion nous est alors donnée de passer un moment avant le concert avec Mario Duplantier, le tentaculaire batteur des Landais GOJIRA et nous avons la chance de pouvoir l’écouter parler matériel, concentration d’avant-concert, technique, astuces et famille mais aussi de jeter un œil sur la set-list du soir. Le programme qui nous attend est dantesque mais j’y reviendrai en temps voulu. En tout cas, cela met bien dans l’ambiance avant le début du concert.
Pendant l’entrevue, CAR BOMB finit ses balances et lance les hostilités à 19 h. Si vous tapez "car bomb" dans un moteur de recherche, vous aboutirez à des résultats qui sont éloignés de la musique du groupe mais pas trop au final. Essayez pour voir. Les New-Yorkais délivrent un mathcore complètement halluciné. On aime ou on déteste, pas de demi-mesure. Moi, je n’ai jamais été une flèche en maths à l’école et je ne vais pas commencer à aimer cela ce soir du coup. La mise en son est une bouillie indigeste dont peine à ressortir la structure des titres (ah bon, il y en a ?). Chanteur inaudible dans le propos, gimmicks de guitare immuables de morceau en morceau (ah, c’est un autre titre qu’ils ont lancé là ?) et jeu de lumière inexistant. Ah si, des stroboscopes tout le long et tout le temps. Epileptiques, vous n’êtes pas les bienvenus. Le retour du public est poli et une partie même semble apprécier le concert, j’ai bien dit semble. Pour les autres, à les observer, ils ne comprennent pas plus que cela ce qui arrive dans leurs conduits auditifs et le doute se lit même sur de nombreux visages. En première partie de MESHUGGAH je veux bien, mais avec GOJIRA... Voyons, ce n’est pas sérieux ! Pas de jaloux ce soir, car tout le monde y a eu droit sur la tournée. Bref, je lutte et me fait un devoir d’assister à l’intégralité de leur prestation soit 40 loooooongues minutes et en cela, je me félicite. Il faut parfois savoir se poser (s’imposer) des challenges dans la vie et en ressortir vainqueur et grandi. VIVE MOI !
La salle est remplie à présent, le public commence à donner de la voix et à 20h20, les lumières s’éteignent et l’intro résonne. Mario est le premier à monter sur scène, suivi de près par le reste du groupe qui entame direct le monstrueux "Only Pain", premier de nombreux extraits qui seront interprétés ce soir de leur dernier et excellent album en date, « Magma ». D’emblée, le son est parfait et cristallin. On distingue chaque guitare et mélodie, la voix de Joe Duplantier parfaitement équilibrée et les lignes de basse de Jean-Michel Labadie perforent chaque plexus présent aidé en cela par la frappe et le jeu impressionnants de Mario. Cinq autres morceaux de « Magma » sont de la partie et le dyptique "Silvera" et "Stranded" est d’une efficacité infernale. On aimerait d’ailleurs que ces chansons ne soient plus jamais dissociées tant elles s’accordent à merveille.
Joe salue les fans et précise, comme à l’accoutumée, qu’il n’en revient pas. Cela pourrait être calculé, mais la sincérité dans le ton qu’il emploie ne laisse pas de place au doute. C’est un pote, presque un frangin qui s’adresse à nous. Et ça fait du bien. GOJIRA excelle en musique, ne se perd pas en long discours et "Flying Whales" nous est alors asséné sans concession.

L’écran placé derrière le groupe passe des images et de très beaux petits films à chaque titre et il est un complément indissociable de la réussite de leurs concerts. Les lumières, quant à elles, sont juste sublimes, toutes en nuance de bleu et vert d’eau. Mario nous confie d’ailleurs avant le concert que des rajouts de rampes ont été faits spécialement pour ces dates. Si l'on ajoute que des micros d’ambiance sont présents de part et d’autre de la scène, l’espoir est donné d’avoir un live par la suite, qui sait ? Le dernier en date remonte à 2012 et la tournée «Magma», couronnée de succès comme elle l’est, mériterait bien ce traitement. Par la suite, le groupe pioche dans la liste des morceaux incontournables dont il dispose désormais, tel l’enchaînement de "Backbone”/”Remembrance", "Terra Incognita", "L’Enfant Sauvage" ou "Toxic Garbage Island". L’avantage, c'est que la dérouillée est permanente avec une set-list best of, mais l’inconvénient, c'est que d’autres très bons titres passent à la trappe. Le set prend fin au bout d'une courte heure et demie mais les membres du groupe ne jouent pas à l’économie (Mario en particulier). GOJIRA, s’il veut aller encore plus de l’avant et ne pas se reposer sur certains acquis, devra prendre quelques risques à l’avenir et renouveler les morceaux qu’il propose. Voilà bien le seul reproche - si tant est que cela en soit vraiment un - à lui faire.

Lors du rappel, Joe indique qu’ils vont « jouer un vieux titre que beaucoup ce soir ne doivent pas connaître » et joue le riff principal au ralenti, indiquant juste que la chanson est beaucoup plus rapide. Et c’est "Clone" qui pointe le bout de son nez. Pas le temps de reprendre ses esprits, c’est le douzième round et GOJIRA veut mettre la salle K.O. Pour cela, il enchaîne deux énormes droites avec "Oroborus" et "Vacuity" qui nous font définitivement mordre la poussière. Match remporté haut la main ! Le groupe salue chacun son tour l’audience avec un humour bon enfant, lancer de baguettes et de médiators à la ronde. Le groupe assoit ainsi encore un peu plus sa position de leader et nul doute qu’il mérite cette place.
On ne se lassera simplement pas de le voir grandir encore et encore.
Set-list / Photos © Leonor Ananké / HARD FORCE - Portfolio
